« Inexistences » : le futur glaçant de Christophe Bec…

Parmi les dernières parutions de 2023, ne ratez pas ce très beau livre qui propose un récit post-atomique hybride à vous glacer le sang, mêlant bande dessinée et nouvelle littéraire dotée d’illustrations ou de peintures spectaculaires, dont d’étonnants panoramiques dépliables ! Christophe Bec (1) — scénariste bien connu pour ses excellentes BD de genre comme « Prométhée » (dont l’ultime tome paraît simultanément), « Abaddon », « Pandemonium », « Cathargo », « Zéro absolu » ou les reprises de « Bob Morane » et de « Tarzan » — prouve ici, une fois de plus, qu’il est également un graphiste remarquable, renouant avec l’esprit Métal hurlant des années soixante-dix où était publié Philippe Druillet, Moebius, Philippe Caza ou Enki Bilal, mais aussi des films d’anticipation de la même époque : « Soleil vert », « La Planète des singes », « L’Âge de cristal », « Zardoz », « Mad Max »…

À la suite d’une énième guerre mondiale, des survivants errent dans des montagnes perdues, plongés dans un univers où l’hiver est éternel et où tout n’est que désolation et ruines figées dans la glace.

Au fil des générations, ils ont oublié les causes de la chute des civilisations et les raisons de l’extinction massive de l’humanité.

Alors qu’ils ne savent rien des technologies ancestrales, certains clans peuvent toutefois profiter d’équipements militaires fonctionnels — et même de drones —, et essayent de récupérer nourritures et outils du passé.

Il existerait pourtant un sanctuaire où vivrait un enfant bleu, lequel aurait conservé la mémoire des temps anciens.

Le sniper Sol, être différent et incompris des autres qui, eux, tentent juste de survivre, décide de vérifier l’authenticité de cette légende…

À partir de cette trame ténue, mais efficace, Christophe Bec propose un récit captivant qui n’est pas aussi pessimiste que l’on pourrait croire au premier abord.

Ce qui ne l’empêche de préciser, dans son instructive préface qu’« Alors que j’en terminais les derniers dessins, la Russie envahissait l’Ukraine, et les premières images qui nous parvenaient faisaient tristement écho à certaines visions d’“Inexistences”. Souhaitons que l’escalade militaire menant à une troisième guerre mondiale ne se produise pas comme dans les pages que vous allez découvrir ! »

Enfin, signalons que la reprise de sa casquette de dessinateur, sept ans après son remarqué « Tourbières » (sans parler de son excellent travail sur le triptyque « Sanctuaire » — scénario de Xavier Dorison — qui fut un best-seller entre 2001 et 2004), est une véritable réussite.

Nul doute qu’« Inexistences », où sa démesure graphique est magistrale et sa narration tirée au cordeau, est à marquer d’une pierre blanche dans sa déjà longue carrière : il se pourrait, même, que ce soit son grand œuvre !

Gilles RATIER

(1)  Sur Christophe Bec, voir aussi entre autres sur BDzoom.com : « Carthago » : demain, le chaos…« Tarzan » par Stevan Subic et Christophe Bec : pour relire la loi de la jungle…« Bikini Atoll » : un régal de série Z…« Carthago » : Christophe Bec l’oublié…« Le Fulgur T3 : Les Terres brûlées » par Dejan Nenadov et Christophe Bec« Olympus Mons T2 : Opération Mainbrace » par Stefano Raffaele et Christophe Bec« Carthago T5 : La Cité de Platon » par Milan Jovanovic et Christophe Bec« Carthago Adventures T4 : Amarok » par Drazen Kovacevic, Christophe Bec et Giles DaoustFlesh & Bones : la collection terrifiante de Glénat Comics…« L’Aéropostale » T1 (« Guillaumet ») par Patrick A. Dumas, Diogo Saïto et Christophe Bec« Royal Aubrac » par Nicolas Sure et Christophe Bec« Carthago Adventures » T1 par C. Bec et J. Salaün

« Inexistences » par Christophe Bec

Éditions Soleil (29,95 €) — EAN : 9 782 302 099 678

Parution 6 décembre 2023

Galerie

Une réponse à « Inexistences » : le futur glaçant de Christophe Bec…

  1. fran6 dit :

    On a un peu oublié qu’avant d’être un scénariste très (trop ?) prolixe C. Bec a été un dessinateur accompli avec des séries comme Zéro absolu et Sanctuaire.
    A ma connaissance il n’est revenu au dessin qu’une seule fois en 2016 avec Les tourbières noires un ouvrage réaliste, loin de la SF et du fantastique, qui célèbre son Aveyron natal.
    C’est pourquoi on est content de le retrouver avec des pleines pages remarquables en attendant peut être une »vrai » BD.

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