Avec « In Limbo », sortir des limbes de l’adolescence…

Pour paraphraser la célèbre citation de Paul Nizan : nous ne laisserons personne dire que l’adolescence est le plus bel âge de la vie. Différentes des autres et en conflit avec sa mère, la lycéenne d’origine coréenne Deborah se sent coincée dans les limbes. Pour elle, il est dur d’apprendre sa partie dans le monde ; mais, volontaire, elle triomphe de bien de difficultés. Devenue une jeune adulte, elle raconte avec talent ses années lycée dans une autobiographie sensible et émouvante : « In Limbo ».

La famille de Jung-Jin Lee a émigré de Corée-du-Sud aux États-Unis quand elle était petite fille. Elle grandit dans ce pays avec un sentiment de malaise permanent ; ses camarades lui renvoient sans cesse sa différence, notamment sur la forme de ses yeux. Solitaire et mal à l’aise parmi ses camarades états-uniens, la maintenant adolescente l’est aussi au sein de sa famille de classe moyenne. Si, petite, elle n’arrivait pas à parler anglais, maintenant c’est le coréen qui lui pose soucis, malgré des cours du soir. La pression de sa mère pour sa réussite scolaire se fait de plus en plus forte et les disputes s’enchainent jusqu’à dégénérer régulièrement.

« In Limbo » page 15.

Ce beau roman graphique de 350 pages commence quand la jeune fille entre dans un lycée du New-Jersey, près de New-York. Elle se fait désormais appeler Deborah : c’est plus simple pour elle et ses camarades d’origine européenne. Elle a une grande amie, Kate, avec qui elle partage ses envies et à qui elle confie ses petits bonheurs ou grands malheurs. Seulement, Kate a un petit copain.

Cette relation la détache peu à peu de Déborah qui se raccroche alors à Quinn : une jolie camarade, très populaire auprès des autres élèves. Son désir d’intégration est si fort qu’elle sur-investit cette relation ; laquelle devient presque exclusive. Perturbée par cette amitié trop intense pour elle, Quinn voit de moins en moins Deborah qui sombre alors dans une dépression. Entre l’angoisse suscitée par la pression maternelle et un harcèlement lancinant subi au lycée, la jeune fille perd pied, sa santé mentale s’effondre, elle tente de se suicider.

Ne pas ariver seule au lycée...

Ce que raconte « In Limbo », ce n’est pas seulement les affres de l’adolescence pour une jeune asiatique avec ses sommets émotionnels tant dans d’intenses amitiés souvent fragiles que de profonds moments de désespoir. Cette autobiographique émouvante détaille comment son autrice s’est sortie de son enfermement pathologique pour devenir elle-même : une artiste douée pour le dessin et la narration graphique.  Elle a mis cinq ans à écrire et dessiner cette œuvre cathartique, pour faire la paix avec sa famille coréenne, son pays d’accueil et surtout avec elle-même.

On lit d’une traite les 350 pages de ce roman graphique porté par un trait réaliste, baigné d’une ambiance bleutée avec de belles trouvailles graphiques, des lavis à l’encre de Chine : métaphoriques et poétiques.

À partir d’anecdotes signifiantes l’autrice raconte ses quatre années de lycée : ses doutes, ses fortes angoisses et surtout sa résilience pour s’affranchir des limbes de l’adolescence. « In Limbo » peut se découvrir dès la fin du collège et surtout à partir des années lycée. Un âge où l’on peut se confronter à des thématiques fortes : la santé mentale, les angoisses adolescentes, les questions d’identité, le harcèlement scolaire ou un racisme insidieux et destructeur.

Nous vous engageons à découvrir cette œuvre empathique et sensible, encensée par la critique outre-Atlantique.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« In Limbo » par Deb JJ Lee

Éditions Akileos (35,00 €) – EAN :  978-2-3557-4680-2

Parution 13 mars 2024

« In Limbo » page 181.

Galerie

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