Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Une maison noire adossée à la colline…

En 1972, Maxime Le Forestier célébrait une maison bleue « adossée à la colline », là-bas, « Quand San Francisco s’embrume, Quand San Francisco s’allume ». C’est une maison noire qui sert de sous-titre à « American Parano », où l’on évoque dès le début les beatniks qui s’amusent à repeindre les maisons de toutes les couleurs. On est en mai 1967, dans le French District…
Avec le Golden Gate en arrière-plan, on découvre une scène de crime et une jeune inspectrice, Kim Tyler, près du corps salement amoché d’une jeune femme sur le ventre de laquelle le meurtrier a gravé au couteau un pentagramme, le signe de Satan. L’enquête ne fait que commencer au son d’une radio locale imprégnée de références religieuses. Et tout commence chez un certain Baron Yeval.
Yeval a, d’après le commissaire Ulysses Ford qui accompagne Kim, « trouvé le bon filon en créant la première église de Satan » à San Francisco. C’est un gourou escroc et manipulateur tout désigné, d’après lui. Kim, quant à elle, découvre la ville et le quartier Castro où son père logeait quand il y travaillait comme policier, un père disparu sans qu’on en connaisse encore les raisons.
Kim doit supporter les blagues lourdingues du commissaire – et ses collègues qui ont un peu de mal avec cette jeune femme dans leurs pattes – mais également ses états de santé : il boit beaucoup et finit par faire un infarctus ! Kim se voit donc chargée de l’enquête, notamment chez Yeval, un personnage aussi extravagant que pittoresque ; inquiétant, aussi. Ce premier volet du diptyque tourne autour de lui, de ses messes noires et autres cérémonies sataniques. Kim se fait un devoir d’assister à l’une d’entre elles… qui finit mal !
Hervé Bourhis a tenu à inscrire au maximum l’histoire dans son époque, tant par la mode vestimentaire que par les habitudes culinaires. Toutefois, alors que Jésus hante la radio locale, les hippies sont malheureusement peu exploités visuellement. Le dessinateur Luca Varela réalise, en tout cas, un travail très séduisant, sans pour autant travailler beaucoup la couleur où le rose et le bleu ciel dominent. Bien que l’ensemble soit finalement assez classique dans le déroulement, cela fonctionne très bien et on attend désormais la fin de ce récit dont le second volet est prévu pour fin aout 2024.
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« American parano T1 : Black House » par Lucas Varela et Hervé Bourhis
Éditions Dupuis (16,50 €) – EAN : 9791034765850
Parution 22 mars 2024
Une gestion de l’image assez minimaliste, des décors parfois détaillés, parfois absent, une focalisation sur les visages, des personnages finement caractérisés, le tout imprégné d’une palette de couleurs restreinte… Il y a de quoi avoir peur et passer à coté du sujet… et pourtant…
Et pourtant elle tourne très bien cette bande dessinée policière, comme une sirène enivrante, un gyrophare dans nos têtes où les images et les sensations restent imprégnées.
Un polard bien construit et prenant, une mise en scène très personnelle, typique du démiurge Varela, et nous avons le Tardi/Manchette des années 2020, dans la description d’une époque comme dans la mise en avant de figures inoubliables.
Une sorte de petit chef-d’œuvre !
Vivement la suite.