Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
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Le début : Maître Pinacle était surnommé « la lessiveuse de la République ». À l’affût du moindre vice de procédure, il avait fait enterrer les dossiers à charge les mieux ficelés d’une flopée d’hommes d’État et de hauts fonctionnaires. …
Le début : Maître Pinacle était surnommé « la lessiveuse de la République ». À l’affût du moindre vice de procédure, il avait fait enterrer les dossiers à charge les mieux ficelés d’une flopée d’hommes d’État et de hauts fonctionnaires. S’il avait bénéficié ainsi de la reconnaissance éternelle d’huiles de la Nation, il avait aussi drainé derrière lui un bataillon de laissés-pour-compte qui rêvaient de lui faire la peau. Exilé au Népal, Pinacle serait mort dans son lit, d’une apnée du sommeil. Difficile à croire… Si la « Préviglobe » parvenait à prouver qu’il y a eu meurtre, elle pourrait faire l’économie de la rondelette indemnité d’assurance vie due à la veuve. Si le Choucas ramenait cette preuve des montagnes népalaises, il en serait grassement récompensé. Et voilà notre détective globe-trotter en vol pour Katmandou, pour un trekking qu’il espère payant…
Notre avis : Après la parenthèse Aigle sans orteils, Lax retrouve son héros phare, son « Choucas », dont il a élaboré cette nouvelle aventure suivant les techniques graphiques et de mise en couleurs de son chef d’oeuvre humaniste paru en été dernier. A raison, car ce nouvel opus mettant en scène son détective privé gagne en lisibilité malgré son atmosphère sombre. Cette lisibilité permet au lecteur de s’attacher au dessin réaliste exemplaire et très détaillé de l’auteur et de s’attarder tranquillement dans les méandres de ce récit policier non dénué de spiritualité, ambiance tibétaine oblige ! Autre point positif renforçant la remarque précédente : le grand format, une première pour la collection Repérages. Gageons qu’avec toutes ces nouvelles qualités, cette excellente série de Lax trouvera un public encore plus nombreux, ce qu’elle mérite vraiment. LT