C’est en 1952 que le marsupilami apparait pour le première fois sous la plume d’André Franquin, dans « Spirou et les Héritiers ». Son nom est un amalgame de trois mots : marsupial – pilou-pilou (ou Jeep, un animal qui vient de la quatrième dimension dans les albums de « Popeye ») – ami. Il a vécu depuis de nombreuses aventures que ce soit avec Spirou et Fantasio ou dans sa propre série. Après Zidrou et Franck Pé, ainsi que l’auteur allemand Flix, c’est au tour de Lewis Trondheim et Alexis Nesme de partir à la recherche des aïeuls de l’animal créé par Franquin. Dans « El Diablo », les conquistadors découvrent, à leur dépens, ce remarquable grimpeur dans la forêt de Palombie
Lire la suite...Gus Bofa : un génie retrouvé !
Gus Bofa ! Ce surnom parle à tout bédéiste contemporain. C’est celui d’un magistral dessinateur de la première moitié du siècle dernier : Gustave Blanchot. Michel Lagarde et Jean-Baptiste Delzant présentent aujourd’hui une somme sur ce maître au trait reconnaissable entre tous : « À la recherche de Gus Bofa ». Bluffant !
« Quel beau bouquin ! » peut-on s’exclamer après avoir compulsé cet épais livre de 360 pages consacré à la vie et à l’œuvre de l’épatant Gus Bofa (1883–1968).
Et pour cause : l’origine de ce volume, aussi foisonnant qu’élégant et pertinent, remonte à la découverte — en 2022 — de cartons d’œuvres originales provenant du fonds d’atelier de l’artiste.
Aussi, l’essentiel de l’iconographie a fort peu circulé, voire est inédite !
Richement illustré, notamment d’une foule d’essais en couleurs non retenus, ce livre tire également son intérêt de l’appareil textuel qui le structure : œuvre d’une vingtaine de contributeurs passionnés parmi lesquels José-Louis Bocquet, Irène Le Roy Ladurie, Jean-Christophe Menu, Nicolas Tellop ou encore Yetchem avec son séduisant « Le Travail du trait ».
Amoureuse et kaléidoscopique, cette somme s’avère ainsi l’indispensable complément à la monumentale biographie « Gus Bofa : l’enchanteur désenchanté » d’Emmanuel Pollaud-Dulian (Cornélius, 2013) comme à une plus ancienne tentative biographique, « Gus Bofa : l’incendiaire » de Roger Bouillot (Futuropolis, 1980).
Le chapitre « Gus Bofa et moi » ouvre le bal.
Acquéreur du formidable fonds d’atelier de 2022 et maître de cérémonie du présent ouvrage, Michel Lagarde y évoque sa passion dévorante pour ce génie du dessin, dont il traque tout depuis trois décennies.
Première du cercle des amis — amateurs éclairés — convoqués pour ce vibrant hommage, Marie-Hélène Grosos dresse ensuite le portrait de son si cher oncle Bofa dans leur intimité familiale.
Avec poésie et sensibilité, Charles Berberian propose encore sa vision de l’acte créateur de Bofa dans « L’Atelier » : l’un des huit textes introductifs.
Puis huit autres chapitres scandent le livre, complétant chacun cette recherche par une approche complémentaire : « L’Avant-Guerre », « Les Traces de la guerre », « Le Salon de l’Araignée », « Gus Bofa et le livre illustré », « Pointes sèches », « Les Héritiers de Gus Bofa », « Ellipses », « Bibliographie sélective ».
Sens de l’évocation saisissante, humour caustique, fantaisie mélancolique, souplesse d’un trait toujours en mouvement, ondulation de la ligne, esthétique de myope, synthétisme de la caricature, jeu dramaturgique du clair-obscur, tout concourt à ce qu’un dessin de Bofa soit d’emblée identifiable entre tous.
Et mémorable, comme en témoigne un Philippe Gurn dans « Roll-Mops ».
L’intelligence surplombant ce livre a conduit à convoquer d’autres dessinateurs pour analyser l’acte même de création de Bofa par une série de brillantes digressions : tel David Prudhomme et son « L’Hypothèse du myope », tel François Ayroles, ailleurs.
Succédant au chapitre « Ellipses » — une jolie série d’illustrations d’Ayroles balayant la vie de Bofa —, la bibliographie sélective présente 66 livres illustrés par le maître : de Marcel Aymé à Mark Twain en passant par Conan Doyle, Courteline, La Fontaine, Poe, Villon et tant d’autres écrivains.
Et son dévoué ami Pierre Mac Orlan — évoqué par José-Louis Bocquet dans « L’Amitié en miroir » —, dont il n’illustre pas moins de 18 ouvrages.
Enfin, un chapitre regroupant les témoignages de 14 des héritiers de Bofa, d’Alfred à Tardi, conclut judicieusement cet exercice d’admiration.
« Son trait exprime une lourdeur et une mollesse que je trouve très sensuelles », affirme l’auteur d’Adèle Blanc-Sec dont la filiation éclate d’évidence.
Puisse-t-il en être ainsi pour de jeunes dessinateurs qui ignoreraient encore l’œuvre du dessinateur majeur qu’est Gus Bofa.
Bref, pour tout amateur de dessin, quel beau bouquin !
Et quel plus chouette cadeau pour les fêtes de fin d’année ?
Jean-François MINIAC
« À la recherche de Gus Bofa » sous la direction de Jean-Baptiste Delzant et Michel Lagarde
Éditions Michel Lagarde (35 €) — ISBN : 978-2-916421-96-4
Le merveilleux, et admirablement écrit, livre d’Emmanuel Pollaud Dulian était me semble-t-il déjà très complet (une version format roman du texte serait toujours la bienvenue)
Ne peut-on craindre le doublon?..
On rêverait d’une telle somme sur,par exemple, Georges Beuville dont l’œuvre demeure toujours autant négligée dans l’édition…