Aviez-vous, jusque-là, entendu parler d’Eadweard Muybridge ? Certainement pas, ou si peu ! Grâce à Guy Delisle — auteur québécois célèbre pour ses bandes dessinées autobiographiques (dont « Pyongyang », « Chroniques birmanes », « Chroniques de Jérusalem » et « Le Guide du mauvais père ») —, vous allez pouvoir en savoir plus sur ce personnage, injustement oublié par l’histoire, qui fut le premier homme à dompter le mouvement et à projeter un film. À travers cette chronique d’une passion obsessionnelle, Guy Delisle va, avec beaucoup d’humour et avec son caricatural trait stylisé, reconnaissable au premier coup d’œil, vous expliquer comment un type complexe, au sale caractère, voire misanthrope dans l’âme, va réussir à d’arrêter le temps.
Lire la suite...Job : disparition du papa de plume de Yakari !
C’est avec tristesse que nous apprenons le décès — le 8 octobre —, à l’âge respectable de 96 ans, d’André Jobin, plus connu sous sa signature de scénariste : Job. Unique héros ou presque d’un journaliste venu à la bande dessinée par hasard, Yakari a été l’idole de plusieurs générations de jeunes lecteurs. Pionnier de l’écologie, défenseur du monde animal, ce scénariste discret a vendu plus d’albums que nombre d’auteurs célèbres.
André Jobin est né le 25 novembre 1927 à Delémont, dans le Jura suisse. Il effectue ses études à l’École supérieure de journalisme et à l’Institut des sciences sociales de Lille.
Journaliste à partir de 1953, il travaille pour Le Pays, Construire ou Le Journal de Montreux, et fonde en 1959 Samedi Jura.
En 1964, au sein de la fondation Pro Juventute, il devient le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Crapaud à lunettes, qui succède au mensuel L’Écolier romand.
Quelques bandes dessinées et des dessins d’humour sont proposés aux jeunes lecteurs de ce magazine imprimé sur papier journal : « Peanuts », « Séraphin »…
Il rencontre le jeune Derib (Claude de Ribaupierre) fraîchement de retour de Belgique en 1967. (1)
Les deux hommes se lancent dans la création — pour le journal — d’une bande dessinée inédite.
Leur collaboration commence avec la publication des aventures de « Pythagore et Cie », dont trois épisodes seront proposés jusqu’en 1972.
En 2009, les éditions du Lombard proposeront une intégrale de ces récits auparavant publiés en albums chez André Jobin lui-même (de 1969 à 1970 pour les deux premiers opus), puis chez Rossel (pour le troisième épisode en 1974).
Le hibou et ses jeunes amis s’effacent rapidement devant Yakari, un jeune Indien Sioux apparu dans le numéro du 19 décembre 1969 du Crapaud à Lunettes.
Des albums — dont les couleurs sont réalisées par Dominique, l’épouse de Derib — sont publiés à partir de 1973 par les éditions 24 heures (diffusion Dargaud en France), Rossel, puis — surtout — Casterman en 1977 et enfin les éditions du Lombard à partir de 1999.
Ils connaissent rapidement un succès phénoménal auprès des jeunes lecteurs.
En 1974, Job lance le mensuel Yakari, qu’il dirige jusqu’en 1995 et que reprend son fils jusqu’à sa disparition après 256 numéros, l’année suivante.
Des traductions en 20 langues, deux séries d’animation en 1983 et 2005, un long métrage en 2020 (« La Grande Aventure de Yakari »), un second annoncé pour 2026, une comédie musicale, un jeu vidéo, deux prix Jeunesse à Angoulême… confirment le succès d’une série dont les ventes figurent parmi les plus importantes de l’édition BD.
Après avoir écrit les scénarios des 38 premiers albums, Job se retire en 2014, cédant sa plume à Joris Chamblain en 2016, puis à Xavier Giacometti en 2020.
Son vieux complice Derib en demeure le dessinateur.
Yakari — le petit Sioux de la tribu des Lakota —, son totem Grand Aigle, son mustang Petit Tonnerre… n’ont pas fini d’enchanter les jeunes lecteurs. André Jobin — qui possédait la binationalité — était retiré à Nîmes depuis 1999.
La rédaction de BDzoom.com présente ses sincères condoléances à son épouse et à ses quatre enfants.
Henri FILIPPINI
(1) Voir sur BDzoom.com : Les débuts de Derib.