Pour la première fois, la célèbre saga historique de Ken Follett aux millions de lecteurs est adaptée en bande dessinée. Adaptation rigoureuse de l’œuvre par Didier Alcante, d’après la traduction effectuée par Jean Rosenthal en 1990. Cette épopée médiévale est réalisée avec le concours de Steven Dupré : un talentueux dessinateur dont la carrière éclectique trouve ici son point d’orgue. Un voyage initiatique au temps des bâtisseurs de cathédrales, dont ce second opus confirme les promesses du premier (1). Une série annoncée en six albums, incontournables pour les amateurs de bandes dessinées historiques.
Lire la suite...Quand il n’invente pas un gag de « Titeuf », Zep dessine le monde !
Comme on approche de la fin de l’année, les éditeurs multiplient les beaux livres d’images destinés à être offerts pour les fêtes, sur des auteurs majeurs de la bande dessinée ; ouvrages qui sont, la plupart du temps, enrichis d’entretiens fort instructifs. (1) C’est le cas de ce « Zep, dessiner le monde » chez Rue de Sèvres : imposant et passionnant album en grand format de plus 160 pages. Il résulte de deux années de conversations entre le créateur de Titeuf et le journaliste Romain Brethes, lesquelles se sont axées principalement sur les autres pans explorés par cet artiste, en dehors de l’univers du célèbre petit garçon à la mèche blonde.
En effet, depuis une dizaine d’années, le Suisse Zep — né Philippe Chappuis, en 1967 — creuse, parallèlement à « Titeuf » (qui est quand même l’un des plus importants succès du 9e art depuis au moins 25 ans, sans parler de celui de son éducatif et tout aussi amusant « Guide du zizi sexuel ») (2), un sillon graphique plus réaliste et mature.
Le résultat de ce virage radical — et inattendu — est notamment publié chez Rue de Sèvres, dans des opus remarquables que le Grand Prix de la ville d’Angoulême 2004 scénarise et dessine également lui-même, avec un élégant trait nuancé, abordant ainsi des thématiques universelles (3).
À l’instar d’« Une histoire d’hommes » en 2013 (l’amateur de rock qu’est Zep y dresse l’inventaire des passions et des désirs enfouis d’un groupe d’ex-musiciens),
« Un bruit étrange et beau » en 2016 (ode à la liberté et à la simplicité, en filigrane du portrait d’un homme ayant intégré pendant 25 ans l’ordre religieux des Chartreux), « The End » en 2018 (récit d’apocalypse sous fond d’écologie, flirtant avec la science-fiction et l’ésotérisme)
ou « Ce que nous sommes » en 2022 (à la fois thriller transhumaniste et réflexion sur nos modes de vie, sur la manière dont notre monde évolue ou peut encore changer au gré des découvertes).
Sans oublier ses scénarios pour Vince (dont l’album érotique « Esmera » chez Glénat en 2015) ou pour Dominique Bertail (le futuriste et angoissant « Paris 2119 », toujours chez Rue de Sèvres, en 2019)… et ses humoristiques « Les Filles électriques » ou « L’Enfer des concerts » (chez Dupuis en 1997 et 1999), « Happy Sex » (chez Delcourt en 2009, suivi de « Happy Girls », « Happy Rock », « Happy Parents » et « Happy Sex 2 ») ou « What a Wonderful World ! » (strips hébergé sur le site internet du quotidien Le Monde et publiés en deux volumes chez Delcourt en 2015 et 2016).
Ses absorbantes conversations avec le diplômé journaliste multicarte Romain Brethes, habilement parsemées de nombreuses illustrations peu connues ou même exclusives, sont regroupées en trois grandes parties intitulées « Naissance d’un dessinateur », « Métamorphose d’un trait » et « Du monde et des corps ».
Zep s’attarde ainsi sur le pourquoi et le comment d’un tel changement artistique, sur son regard sur le monde, sur son rapport au dessin et à sa passion viscérale qu’est le 9e art, et aussi, bien entendu, sur l’évolution de son parcours d’auteur et de ses choix créatifs : « Je crois que ma main avait besoin de vacances. La bande dessinée a quelque chose de très répétitif. On doit dessiner certaines choses des centaines, des milliers de fois. Forcément, on développe une habileté, des maniérismes. Mais on finit par s’y enfermer. J’avais besoin d’en sortir, j’avais besoin que mon dessin respire… L’univers de Titeuf était assez restreint, mais je savais que la dimension imaginaire du personnage me permettrait de m’évader, de dessiner autre chose que sa rue et sa cour d’école. »
Gilles RATIER
(1) Voir notamment sur BDzoom.com : Les Cahiers de la bande dessinée reviennent, sous forme de collection, chez Glénat ! ou Dans son 29e album, Jérôme K. Jérôme Bloche enquête sur la disparition d’un doudou !.
(2) Voir aussi sur BDzoom.com : Titeuf : 30 ans, ça se fête !, Titeuf : nos belles colonies de vacances…, Entretien avec Zep, Dominique Bertail et Laurent Astier, Tchô ! revient… c’est Supertchô ! …, Titeuf : 25 ans et toujours à fond le slip !, « Titeuf T14 : Bienvenue en adolescence ! » par Zep, « Titeuf 20 ans… et toujours à l’école ! » par Zep, Zep signe le grand retour de Titeuf, Titeuf n’est pas un prénom pour un enfant !, La sortie du prochain « Titeuf » est prévue pour août 2012 !…
(3) Voir sur BDzoom.com : L’humain augmenté est devenu assisté avec Zep !, « The End » par Zep, « Un bruit étrange et beau » par Zep, Le nouveau Zep et Bertail va vous transporter !, « Esmera » par Vince et Zep, « Infinity 8 T1 : Romance et Macchabées » par Dominique Bertail, Lewis Trondheim et Zep, « Une Histoire d’hommes » par Zep, Zep, figure de proue de Rue de Sèvres, la nouvelle structure éditoriale BD de Louis Delas…
« Zep, dessiner le monde : conversations avec Romain Brethes » par Zep
Éditions Rue de Sèvres (39 €) — EAN : 9 782 81 020 629 2
« Ce virage radical — et inattendu — est notamment publié chez Rue de Sèvres, dans des opus remarquables que le Grand Prix de la ville d’Angoulême 2004 scénarise et dessine également lui-même, « .
Cette phrase n’est pas claire. Il doit manquer des mots, non ?
Et merci pour cet article. J’aime beaucoup le Zep réaliste. Il avait déjà publié un recueil de croquis réalisés sur le motif intitulé « Carnet intime » en 2011.
Le résultat de ce virage radical… serait, en effet, plus clair !
Merci d’avoir signalé cette bévue…
Gilles Ratier