L’abandon par Gilles Formosa — après qu’il a signé sept albums fort honnêtes de la série culte créée par Georges Troisfontaines, Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon — ne nuit pas au rythme annuel de parution. Frédéric Zumbiehl, le scénariste adoubé depuis de longues années, est rejoint par Sébastien Philippe, jusqu’alors titulaire des « Aventures de Tanguy et Laverdure ». Début d’un nouveau cycle prometteur, qui commence au large de l’Australie…
Lire la suite...Zheng Shi : une femme pirate en mer de Chine !

Au XIXe siècle, loin de la mythique mer des Caraïbes, la piraterie s’est exportée en Extrême-Orient. Après « Black Crow » — le corsaire amérindien —, « Black Beard », puis « La Buse », Jean-Yves Delitte vogue vers l’empire du Milieu, afin d’évoquer l’histoire devenue légendaire de l’énigmatique Zheng Shi, laquelle, depuis le décès de son mari, dirigeait la puissante confédération des pirates. Mythe ou réalité ? Qu’importe ! l’histoire est belle !
En 1809, sur la rivière des Perles, après le décès de son vieux mari Zheng Yi, sa veuve — la belle Zheng Shi — règne sur la confédération de la piraterie. Aidée par son amant Cheung, le fils de son défunt époux, la jeune femme à la tête de milliers d’hommes et de centaines de bateaux organise de nombreux raids, pillages et autres exactions. Depuis son palais de Canton, le gouverneur de Macao Bai Ling déclare une guerre sanglante aux pirates qui s’attaquent aux navires marchands.
L’abordage,devenu légendaire, d’un navire appartenant au gouverneur portugais du Timor, conduit le gouverneur Bai Ling à s’unir aux colons. Ceci, malgré les réticences de l’empereur de Chine qui refuse que des barbares étrangers fassent la loi sur ses eaux. Celle qui, dans sa jeunesse, servait dans une maison de maître — avant de s’unir au puissant Zheng Yi — a régné plusieurs décennies sur les eaux méridionales de la mer de Chine… avant de finir misérablement, tenancière d’une fumerie d’opium à Macao.
Légende ou réalité ? Le scénario astucieusement construit laisse la porte ouverte au mystère qui entoure la vie mouvementée de cette femme pirate impitoyable et fascinante. On peut toutefois regretter que cette histoire soit scindée en deux volumes de 46 pages, en des temps où les albums à forte pagination ne sont plus des exceptions. D’autant plus, qu’à son habitude, Jean-Yves Delitte propose de superbes dessins double-page qui ne concourent pas à l’avancée de l’histoire. Les plus patients des lecteurs attendront la publication d’une édition intégrale.
L’auteur étant passé maître dans l’art de mettre en scène les combats navals en de somptueuses doubles-pages, on se régale avec les nombreuses séquences maritimes qui ponctuent ce récit documenté, au cœur de la Chine ancestrale. Un travail méticuleux qui fera le bonheur des lecteurs exigeants, amateurs d’aventures exotiques.
Né le 17 octobre 1963 à Bruxelles, Jean-Yves Delitte effectue des études d’architecte-designer avant d’aborder la bande dessinée dans les pages d’Ice Crim’s en 1984. Il entre à Tintin l’année suivante, proposant quelques récits authentiques, avant de créer « Donnington » avec Philippe Richelle. Avec le même scénariste, il dessine le thriller politique « Les Coulisses du pouvoir » aux éditions Casterman. En 2003, Jean-Yves Delitte commence une longue collaboration avec les éditions Glénat, proposant « Le Neptune », « Les Nouveaux Tsars », « Tanâtos »… Il devient un spécialiste des bandes dessinées maritimes avec « Belem », « Black Crow », « U-Boot », « Black Crow raconte La Bounty », « La Buse », « Black Beard », « U9 »… En 2017, Jean-Yves Delitte crée la collection « Les Grandes Batailles navales », qu’il scénarise, dessine ou confie à d’autres dessinateurs. La collection dépasse aujourd’hui les 25 albums. En 2020, il lance une série de beaux livres, sur la marine bien sûr, avec le concours de Jean-Benoît Héron, commençant avec l’ouvrage « À bord des frégates ». Jean-Yves Delitte est peintre officiel de la Marine belge, membre titulaire de l’Académie des arts et sciences de la mer. Il a reçu la croix de chevalier de la Couronne.
« Zheng Shi T1 : La Rivière des Perles » par Jean-Yves Delitte
Éditions Glénat (14,50 €) — EAN : 9 782 344 061 657
Jean-Yves Delitte, ou l’art de nous mener en bateau !
Rha la la !
Quand je pense que certains lecteurs français se moquent de la façon dont les Japonais représentent les Occidentaux !
Le portrait de couverture ressemble autant à une Asiatique que Mère Thérésa à Marylin Monroe. C’est pourtant pas compliqué d’observer attentivement comment sont faits les paupières des Asiatiques, la forme de leurs yeux, de leurs bouches et les proportions de leur visage. Cela s’appelle se documenter et c’est à la base du dessin réaliste. Là, c’est vraiment n’importe quoi.
Delitte est plus doué pour dessiner les bateaux et les décors que les personnages.