Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Rébétissa » : au son des bouzoukis…

En 2009, déjà chez Futuropolis, David Prudhomme s’intéressait aux musiciens grecs avec « Rébétiko : la mauvaise herbe » : un album où l’on suivait une journée de la vie d’un artiste des années 1930. Des cafés enfumés de haschich aux terrasses où l’on se laisse assommer par l’alcool, les musiciens, les « rébètes », attendent la nuit où ils jouent le rébétiko, cette musique populaire contestataire évoquant la déchirure de l’exil, la dureté sociale et les amours amères…
Dans ce précédent album (primé à Angoulême), on respirait ainsi les odeurs des bas-fonds de la capitale hellène, on ressentait la douleur envoutante de la musique et l’atmosphère oppressante d’une dictature qui se met en place. Avec « Rébétissa », le contexte historique est le même : on est toujours à Athènes – octobre 1936 -, et la dictature de Metaxás s’est installée avec son contingent d’atteintes aux libertés qui touche aussi l’expression musicale.
Metaxas, on l’a oublié, est un dictateur qui, comme tous les dictateurs, cherche une certaine grandeur de son pays : fantasme idéologique, comme on en connait encore un peu partout sur la planète au grand dam des populations. Pour mesurer l’évolution des idées, il faut savoir que le rébétiko est entré en 2017 au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Par rapport à « Rébétiko », l’ambiance de « Rébétissa » est différente ! Prudhomme a décidé de prendre son temps pour mettre ce petit monde en images : il suit pas à pas ses personnages, les portraiture à l’envi, multiplie les regards, égraine les réparties, multiplie les silences. C’est la vie quotidienne avec une évidente nonchalance, entre farniente et musiques, entre drague de coucheries… avec cependant l’inquiétude ici et là des jours à venir. Et la question fondamentale : comment rester artiste et libre ? Le grand sujet, c’est bien de pouvoir continuer à jouer le rébétiko.
On retrouve ici les héros du premier livre : Stavros, Markos, Batis et Artémis (comme des mousquetaires !), tentant à leur façon de lutter contre la censure fasciste. Pas facile quand les policiers guettent les récalcitrants ! Et pas facile non plus de se priver de bouzouki, de baglama (petit instrument à cordes) ou de tambourin, sans oublier les voix de Béba et Marika : deux femmes de caractère au cœur des enjeux, deux femmes qui font de ce second titre un versant féminin du premier titre.
Didier QUELLA-GUYOT
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« Rébétissa » par David Prudhomme
Éditions Futuropolis (22 €) – EAN : 9782754835282
Parution 2 avril 2025
« Rébétissa » par David Prudhomme
Éditions Futuropolis (45 €) – EAN : 9782754845892
version noir et blanc : tirage: 2 500 ex.
Parution 20 novembre 2024