« Wild West » : un western classique comme on les aime !

Rare série de longue haleine lancée en 2020 par un éditeur, « Wild West » jongle entre fiction et réalité, comme au temps de la bande dessinée franco-belge classique. Un pari réussi par les éditions Dupuis, qui proposent le premier chapitre d’un troisième diptyque s’annonçant aussi percutant que les deux précédents. Éternelle peinture du mythe américain signée par deux auteurs dont le but premier est de divertir leurs lecteurs, tout en les invitant à la réflexion : décors grandioses et personnages fascinants en sont les garants.

Après avoir gagné leur rude combat (1) contre Smith, le tueur scalpeur déguisé en Indien, nos héros s’installent à Dolores City : une paisible bourgade située entre Californie et Nevada. Wild Bill Hickok, devenu shérif, malgré sa réputation sulfureuse, vit en couple avec Agnès et leur fille Ingrid. De son côté, Calamity Jane — ayant renoué avec l’alcool — mène une vie de pocharde, multipliant les provocations, malgré la réprobation de la population.

L’arrivée inattendue de la belle Catherine Ballou, de son frère Charles et de leur oncle Louis — désireux d’exploiter une ferme abandonnée — intrigue les habitants de Dolores City. À juste raison, puisque le trio faisait partie d’une troupe de pilleurs de trains en cavale qui compte se mettre au vert, le temps de se faire oublier pendant quelques mois.

Or, le visage de la jeune femme se décompose lorsqu’elle reconnaît Julius Cavill : un dangereux criminel, qui se dissimule sous l’identité de Jérémie Henderson (le pasteur de la petite ville). Catherine Ballou confie à Wild Bill que,sous la défroque de l’homme d’Église, se dissimule celui qui a attaqué la caravane en route vers la Californie alors qu’elle était encore enfant. Avec sa troupe, le futur pasteur a massacré sa famille et leurs compagnons de route… De son côté, le bon révérend dresse la population contre la famille Ballou qu’il souhaite voir pendue haut et court. Désormais au courant du secret de Catherine, Wild Bill et ses amis risquent d’être réduits au silence et Dolores City deplonger dans le chaos…

Aussi passionnante que les deux précédentes, cette troisième paire d’une série de diptyques initiés en 2020 propose aux lecteurs de vivre le quotidien d’une petite bourgade de l’Ouest, aux côtés de personnages mythiques, témoins de son histoire mouvementée. Le scénario de Thierry Gloris mêle — grâce à un savant dosage — fiction et réalité, au fil d’un récit riche en intrigues et en situations tour à tour savoureuses et dramatiques. De son trait classique inventif et détaillé,Jacques Lamontagne entraîne ses lecteurs dans un Far West crédible, soignant les décors et les costumes. Ses couleurs,dominées par les ocres, se marient agréablement avec l’intrigue dramatique. Ils forment un couple d’auteurs qui se complètent harmonieusement, au fil d’un album respectueux de la tradition des 46 pages et des belles pages de garde illustrées. Déjà un classique !

Thierry Gloris.Né en Franche-Comté le 29 mars 1974, Thierry Gloris obtient un DEA d’histoire. Après divers travaux dans le journalisme, à la suite de la naissance de sa fille, il décide de réaliser son rêve : écrire des histoires destinées à la bande dessinée. Notons : « Le Codex Angélique » à partir de 2006 pour Mickaël Bourgouin chez Delcourt, « Missi Dominici » à partir de 2009 pour Benoît Dellac aux éditions Vents d’ouest, « Buschido » à partir de 2017 pour Gorobei chez Dupuis, le collectif « Une génération française » chez Quadrants à partir de 2017… C’est en 2020 qu’il retrouve Jacques Lamontagne pour lequel il avait lancé la série « Aspic : détectives de l’étrange » en 2010 chez Quadrants.

Né au Québec le 12 juillet 1961, Jacques Lamontagne suit des cours de graphisme au collège Sainte-Foy. Il se lance dans l’illustration d’ouvrages divers et dans la publicité, avant de devenir directeur artistique. Il abandonne tout pour se lancer dans la bande dessinée, créant « Les Contes d’outre-tombe » dans la revue Safarir : des BD réunies dans un album publié en 2009 par les éditions Les 400 coups. Il commence sa carrière française chez Soleil avec « Les Druides » : une série de sept albums écrits par Jean-Luc Istin et Thierry Jigourel, à partir de 2005. Suivront, en 2010, « Aspic : Détectives de l’étrange » chez Quadrants, puis, en 2017, « Shelton et Feller » aux éditions Kennes. Depuis 2020, il se consacre à « Wild West ».

Notons un tirage de tête, enrichi d’un dossier de 16 pages et d’un frontispice signé et numéroté, au tirage limité de 700 exemplaires, destiné à la librairie Bulle ! du Mans (EAN : 9782808510141).

Henri FILIPPINI

(1) Voir sur BDzoom.com : « Wild West » : dans la boue et le sang !.

« Wild West T5 : Rédemption » par Jacques Lamontagne et Thierry Gloris 

Éditions Dupuis (15,95 €) — EAN 9782808506618

Parution 16 mai 2025

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