« Wild West » : dans la boue et le sang !

2023 a confirmé le retour en force du western amorcé depuis quelques années ; 2024 ne dément pas cette tendance, avec la publication du deuxième diptyque de « Wild West ». La grande histoire de l’Ouest américain sert une fois encore de toile de fond à ce récit où évoluent trois personnages légendaires de l’histoire de l’Ouest. En matière de réalisme, on ne peut guère aller plus loin, tant au niveau du scénario que du dessin.

La jeune orpheline Martha Cannary — la future Calamity Jane — retrouve Wild Bill Hickock, un vétéran de la guerre de Sécession dont il fut un héros, devenu chasseur de primes et qui vient du tuer son mari. La jeune femme, recueillie par Charlie Utter, un généreux colon, finit par se réconcilier avec Wild Bill. Ce trio improbable est sur la piste du Tueur scalpeur, un dangereux psychopathe — devenu journaliste — dont les parents ont été, selon ses écrits, assassinés par les Indiens, lui-même ayant été scalpé. Employés par Aristote Graham, patron de la compagnie Graham Railway, laquelle construit la ligne de chemin de fer en direction du Pacifique, ils retrouvent le lieutenant Bush et ses Buffalo Soldiers à Mud City. La petite bourgade est assiégée par des Indiens belliqueux, fédérés par Cheval fou, sur le sentier de la guerre : leur cimetière sacré a été dynamité par les ouvriers du rail. Les trois amis mettent au point un plan audacieux, afin que la marche du progrès puisse reprendre… L’étonnante conclusion surprendra plus d’un lecteur. 

Thierry Gloris signe un scénario diabolique, non dénué d’humanité, évoquant l’inégal combat pour survivre des Indiens — Natives — spoliés de leurs terres. Deuxième volet du second diptyque de ce western prévu en trois paires,« La Boue et le sang » permet de retrouver trois figures incontournables de l’histoire de l’Ouest, astucieusement misesen scène au fil d’une intrigue haletante. Ponctuée de dessins grand format, la mise en images riche en détails restitue avec justesse les fabuleux décors des vastes plaines de l’Ouest, les villes grouillantes d’activité, les combats sanglants entre Indiens et colons. Les personnages aux gueules parfois caricaturales s’intègrent parfaitement dans cette histoire riche en seconds rôles truculents. Si vous avez apprécié les albums précédents, cette nouvelle livraison ne vous décevra pas.

Né le 29 mars 1974, Thierry Gloris passe un bac scientifique, puis obtient un DEA d’histoire. Il réalise son rêve d’enfant en signant « Le Codex Angélique » en 2006 aux éditions Delcourt. Suivent de nombreux ouvrages, le plus souvent inspirés par l’histoire : « Malgré nous », « Une génération française », « Souvenirs d’un elficologue », « Champs d’honneur »… Il écrit des scénarios pour la série « Les Reines de sang », puis, en 2017, « Bushido » aux éditions Dupuis. C’est en 2020 qu’il signe le premier épisode de « Wild West ». 

Jacques Lamontagne est né en 1961, au Québec où il réside toujours. Il commence par travailler pour des agences de publicité avant de se lancer dans la bande dessinée. Il publie « Les Contes d’outre-tombe » dans le magazine canadien Safarir. À partir de 2005, il dessine « Les Druides », une série de sept albums chez Soleil, puis les quatre premiers volumes d’« Aspic, détectives de l’étrange » avec — déjà — Thierry Gloris. C’est après avoir réalisé le diptyque « Shelton et Felter » chez Kennes qu’il commence « Wild West », en 2020. Son travail à l’ancienne, riche en petits détails savoureux, en décors impressionnants, limite sa production à un album par an. 

Henri FILIPPINI

« Wild West T4 : La Boue et le sang » par Jacques Lamontagne et Thierry Gloris

Éditions Dupuis (15,50 €) — EAN : 9-791-0347-6870-7

Parution 5 janvier 2024

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