« Médecins de guerre » : après l’Afrique, le Vietnam…

Il est trop rare de découvrir une série de guerres, qui tente de renouer avec les grandes créations du genre, pour ne pas consacrer une chronique à « Médecins de guerre ». Alexandre Paringaux — animateur du label Zéphyr et à qui l’on doit les retours réguliers des aventures de « Michel Tanguy » et de « Buck Danny » — est à l’origine de cette nouvelle série qui n’a pas à rougir de ses illustres aînés.

Le hasard réunit, une fois de plus, la capitaine Virginie N’Guyen, femme médecin militaire, et son ami Paco, l’infirmier du commando Hubert : une unité d’élite de la marine nationale. Après leur aventure en Afrique de l’Ouest — entre Mali et Niger —, pendant l’opération Barkhane, les deux amis se retrouvent sur l’archipel vietnamien de Co To, car un jet français s’est écrasé sur l’une des trois îles qui le composent. Deux « huiles » figurent parmi les huit passagers : le secrétaire d’État chargé de l’Industrie et Pierre Margel, le numéro deux du grand groupe français Sarfaut. À bord de la Lorraine, qui navigue en Asie du Sud-Est, Virginie est envoyée à la recherche d’éventuels survivants, tandis que le commando Hubert — après 12 heures de vol — rejoint la jungle où s’est crashé l’appareil. De nouveau réunis, Virginie et Paco doivent assurer la survie des rescapés, mais aussi affronter une bande de pirates désireux d’obtenir une rançon. Après avoir soigné les blessés, Virginie part à la recherche de Paco, retenu lui aussi en otage…

Passionnant, nourri par une solide documentation, ce récit évoque avec réalisme le quotidien des médecins militaires au sein de l’armée française. Une riche intrigue aux multiples rebondissements, elle aussi crédible, sert de fil rouge à ce diptyque tout aussi original que le précédent. Nous ne sommes pas loin de l’esprit des séries militaires classiques imaginées par Jean-Michel Charlier. Au scénario signé Patrice Buendia — supervisé par l’armée nationale — s’ajoutent les dessins réalistes et précis de Gilles Laplagne, aussi à l’aise dans les scènes d’action que dans les séquences plus techniques.

Patrice Buendia (photo de Cécile Gabriel).

Né le 22 mai 1971 à Lyon, Patrice Buendia étudie les lettres modernes et le cinéma. Il commence par réaliser des courts métrages pour les entreprises et la publicité. C’est au début des années 2000 qu’il se tourne vers la bande dessinée. En 2003, il écrit « Docteur Wong » pour Olivier Ferra, puis « Spiritus & Sancti » pour Koriakine. En 2004, il commence chez Grand Angle « Thomas Silane » avec Philippe Chanoinat pour Yves Lécossois, puis Roberto Zaghi. À partir de 2010, il écrit pour les éditions Zéphyr « Adler, l’aigle à deux têtes », « Black Birds », « Section Trident »…

Il coécrit aussi « Les Oiseaux noirs », une aventure de Buck Danny, d’après un scénario inachevé de Jean-Michel Charlier, avec Frédéric Zumbiehl. En 2016, il lance la série « Tanguy et Laverdure “Classic” » en scénarisant un roman du même Charlier, puis reprend les chevaliers du ciel Tanguy et Laverdure en 2018 pour Sébastien Philippe. C’est à partir de 2021 qu’il signe « Médecins de guerre » pour Gilles Laplagne.

Gilles Laplagne.

Né en 1965 à Bellac, Gilles Laplagne étudie l’histoire de l’art au lycée de Limoges. Il aborde la bande dessinée en parfait autodidacte, publiant ses premières histoires dans les fanzines, dont Contre-Jour. De sa rencontre avec J. Aiffvé (Jean-François Vuillermoz) et Alexandre Paringaux naissent les éditions Zéphyr, où il commence en 2001 « La Stratégie des sentinelles », devenue « Réseau Sentinelles » en 2006. Pour le même éditeur, il dessine « Unité Félin » avec Frédéric Zumbiehl, puis « Flics du rail » avec Frédéric Marniquet… et c’est donc en 2021 qu’il crée « Médecins de guerre » avec Patrice Buendia.

Henri FILIPPINI

« Médecins de guerre T3 : Rédemption » par Gilles Laplagne et Patrice Buendia

Éditions Dargaud (17,95 €) — EAN : 97821205208177

Parution 6 juin 2025

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