Motörhead : revenu d’entre les morts…

« We are Motörhead and we play rock’n’roll » : c’est ainsi que Lemmy Kilmister, le leader charismatique du groupe, commençait chaque concert. Et il tenait parole avec un rock brut sans concession. La formation de trois musiciens était réputé pour jouer (très) fort sur un rythme (très) rapide. Elle a inspiré de nombreux autres groupes comme Metallica, dont le leader était un fan absolu. Un Docu-BD rend hommage à ce groupe légendaire et son créateur au parcours captivant.

Les éditions Petit à Petit ont une collection attrayante, et vraiment bien faite, qui entremêle, sur un sujet précis, bandes dessinées et pages documentaires : la bien nommée Docu-BD.

Toutes les thématiques peuvent y trouver leur place : les villes, le théâtre, l’histoire, les arts, le sport, les métiers ou la musique pop-rock.

Ainsi après des ouvrages consacrés à « Rouen », « Molière », « Oradour-sur-Glane », « Le Caravage », « Alice Milliat », « Les Métiers de la police » ou « Bashung », le petit dernier traite de la carrière de Lemmy Kilmister et de son groupe de heavy métal Motörhead.

L’ouvrage suit un ordre chronologique en 17 chapitres encadrés par une introduction et, en guise de conclusion, une galerie d’illustrations et un entretien avec Ben Barbaud : le cofondateur du Hellfest. Ian Fraser Kilmister naît le 24 décembre 1945 à Burslem dans le Staffordshire. Son père quitte sa famille quand il a trois mois : il entretiendra toujours de mauvais rapports avec lui. Durant sa scolarité, ses camarades le rebaptisent pour une obscure raison Lemmy : surnom qui l’accompagnera toute sa vie. À 16 ans, il voit The Beatles au Cavern club de Liverpool. Sa vocation est née : jouer du rock’n’roll. Il intègre, à la fin des années 1960, différents groupes, puis devient le bassiste et chanteur du groupe de space-rock Hawkwind, dont il est licencié en 1975 pour son addiction à la drogue et son comportement erratique.

1975 : c’est la date de création du groupe Motörhead avec le guitariste Larry Wallis et la batteur Lucas Fox. Ce groupe, quel que soit sa composition autour de la basse et du chant de Lemmy, marque pendant 40 ans la scène rock. Ils jouent vite et fort, mais détendu, jamais mécanique. Ils rassemblent donc un vaste public : des punks en colère aux amateurs de hard rock. 35 millions d’albums vendus sur cette période, avec comme point d’orgue des titres comme « Ace of spades » ou « Overkill ». Comme il l’avait toujours promis Lemmy a joué du rock jusqu’à bout avec un dernier concert le 11 décembre 2015, 17 jours avant son décès d’un cancer de la prostate. Ses deux derniers compagnons de scène, Phil Campbell et Mikkey Dee, annoncent la dissolution définitive du groupe.

Si l’album résume parfaitement la vie de Lemmy et de son groupe culte, c’est que le travail de Fabrice Rinaudo pour scénariser les séquences bande dessinée et de Samuel Degasne pour les parties documentaires est excellent.

Ils connaissent leur sujet et l’album fourmille d’anecdotes connues ou méconnues : de ses nombreuses conquêtes féminines, plus de 1 000 selon ses dires, à sa forte consommation d’alcool ; avec une nette préférence pour le whisky, ou différentes autres drogues consommées depuis sa rencontre avec Hendrix à la fin des années 1960.

Est aussi racontée la création du Snaggletooth, la mascotte, incarnation vivante de l’esprit du groupe : rébellion, force et une approche pragmatique de la musique et de la vie.

18 dessinateurs ont participé à la création de la bande dessinée : un par chapitre de l’album. Les styles sont très différents, nous avons particulièrement appréciés le travail de Loïc Godart sur « Groupe recherche guitariste », de Grégory Lê sur « C’est qui ce connard » et de Sylvain Dorange sur « Motörhead » sur TF1 » ou l’improbable rencontre entre Lemmy Kilmister, Yves Mourousi et Marie-Laure Augry sur un plateau de la télévision française des années 1980.

En cette fin du mois de juin, se termine le festival du Hellfest à Clisson : c’est sur ce lieu emblématique qu’a été érigé un mémorial de 30 tonnes, un totem avec autel et allégories supportant une statue de Lemmy, haute de 15 m, qui contient une partie de ses cendres. En conclusion de l’ouvrage, Ben Barbaud, le directeur général du Hellfest, rappelle en quoi la figure de Lemmy est fédératrice : « Il y avait chez lui quelque chose d’immortel. Une Immuabilité rassurante… La preuve : on ne l’a pas vu partir ! Et puis même si le chanteur revendiquait le rock’n’roll, il reste le meilleur représentant des autres familles musicales, qu’importe les goûts… Pourquoi ? Parce que c’était un type plus respecté qu’adulé… Un totem, dont le mode de vie et la courtoisie étaient parfois même plus valorisés que sa propre musique. Bref : une figure quasi biblique des musiques amplifiées. »

Laurent LESSOUS (L@bd)

« Motörhead : Back from the Dead » par UN collectif de dessinateurs, Fabrice Rinaudo et Samuel Degasne.

Éditions Petit à Petit (21,90 €) — EAN : 9782380463774

Parution 4 juin 2025

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