Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...Variation féministe du mythe de l’amour éternel, « L’Amourante » est digne de tout votre intérêt…

Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Les amourantes sont des personnes qui peuvent rester éternelles, à condition qu’elles soient tout le temps aimées. Cependant, elles ne doivent pas tomber amoureuses à leur tour, sinon elles vieillissent inexorablement et très rapidement. C’est ce qu’explique Louise au jeune Zayn, dévasté parce qu’elle l’a quitté brutalement, alors qu’il commençait à avoir des sentiments pour elle.
La très jolie Louise étant donc l’une de ces créatures dont la jeunesse dépend de l’amour qu’on lui porte, elle est née il y a plus de 600 ans : en pleine guerre de Cent Ans, dont elle a pu juger des horreurs, étant en première ligne. Ensuite, elle raconte toute son histoire tumultueuse, avec ses continuels doutes sur ce don qui peut aussi être une malédiction, ainsi que son évolution au fil de ces époques où elle n’a jamais connu la maladie ni les blessures mortelles, et ceci jusqu’à nos jours : du Paris tortueux du Moyen Âge à la Russie du XVIIIe siècle, en passant par la Venise de la Renaissance ou l’Allemagne en proie à la chasse aux sorcières.
Elle s’attarde notamment sur sa rencontre avec Dame Eleanor : une mystérieuse et séduisante voyageuse, vieille d’un millier d’années, qui va lui apporter la révélation de son pouvoir et de sa terrible contrepartie… Elle se confie également sur Charles de Montaigu qu’elle a croisé à la cour de Catherine II de Russie, à Saint-Pétersbourg. Le parcours qu’elle effectuera avec cet amourant — lequel ne savait pas qu’il existait d’autres personnes comme lui avant de la découvrir — va lui donner quelques cheveux blancs : ah ! l’amour, toujours l’amour…
Autodidacte s’étant formé au dessin et aux spécificités de la BD en étudiant les œuvres de Moebius, d’Yves Chaland, de Daniel Clowes ou de Jirô Taniguchi, le journaliste parisien Pierre Alexandrine est né à Dijon, en 1985.
Avec son trait clair et affirmé, ainsi qu’avec sa narration bien huilée et teintée d’une certaine ironie, il nous propose, ici, un ambitieux ouvrage passionné — et passionnant — sur des sujets aussi éternels que son immortelle héroïne : l’amour et la mort.
« L’Amourante » par Pierre Alexandrine
Éditions Glénat (25 €) — EAN : 9782344059692