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« Palmer dans le rouge » : un désopilant bon cru dû à Larcenet et Pétillon…

01/09/2025
Par Gilles Ratier

Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !

Renouant pour l’occasion avec le style humoristique si particulier qu’il avait déjà adopté pour « Le Retour à la terre » ou « Bill Baroud », voire pour « Le Combat ordinaire », Larcenet s’empare avec gourmandise de ce héros mythique au gros nez, un peu bêta et à l’imperméable trop grand, créé dans le journal Pilote en 1974. S’il s’éloigne quelque peu des différents canons graphiques que Pétillon utilisa tout au long de sa carrière, il en respecte l’esprit, l’humour et l’absurdité des scénarios et des dialogues de celui qui fut Grand Prix de la ville d’Angoulême en 1989.

Cette fois-ci, le détective privé réputé pour sa « discrétion » enquête dans le Médoc, au milieu des grandes propriétés vinicoles, ayant été contacté par le viticulteur corse Ange Léoni, que notre privé hurluberlu avait rencontré dans la dernière partie de sa plus célèbre investigation. Ce cousin des Grolo-Laglotte l’engage pour retrouver l’héritière,qui a subitement disparu, de cette famille détentrice d’une maison bordelaise de vignoble.

Elle n’a laissé qu’une simple lettre où elle annule son mariage avec le fils de riches propriétaires d’un domaine californien : un assemblage, pas seulement de vins, qui arrangeait bien ses bourgeois de géniteurs qui sont au bord de la faillite, car le Château Grolo-Laglotte se vend de plus en plus mal ! Cette séparation est donc inconcevable pour les parents paniqués… et c’est là que Palmer entre en scène !

Publiée en avant-première dans le quotidien breton Le Télégramme, depuis le 1^er juin 2025, cette nouvelle quête du pire détective de l’histoire du 9^e art n’a absolument rien à envier à ses hilarants épisodes précédents que l’on pourra relire dans une intégrale en cinq volumes, dont le premier sort simultanément chez Glénat. Même si Larcenet a repris le dessin de façon magistrale en ayant le dernier bon mot, ça reste quand même du Pétillon pur jus… de raisins !

Gilles RATIER