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« Virgile » : ou comment Zidrou réussit à nous faire rire avec l’euthanasie…

08/09/2025
Par Gilles Ratier

Inspiré par l’un des dessins de la talentueuse Lucy Mazel (le portrait d’un homme noir, au regard mélancolique), le prolifique scénaristique Zidrou, jamais à court d’excellentes idées, a déclaré à l’illustratrice de la série « Olive » : « Tu vas voir, ça va être beau et joyeux, ça va parler… d’euthanasie » ! Depuis un accident qui l’a rendu tétraplégique, Virgile, ne se remettant pas non plus de sa séparation avec la femme de sa vie qui l’a quitté lors d’une manif dix ans plus tôt, est fatigué d’être dépendant des autres. Aussi, a-t-il pris une décision radicale : en finir avec cet état et partir tranquillement, mais seulement après une mémorable fête d’adieu à tous ceux qu’il aime…

Tout ça, c’est la faute à un chat qui ne lui appartenait même pas ! En effet, deux ans après le départ de Solène, la mère de ces deux désormais grandes filles, cet ancien basketteur professionnel — qui n’a, aujourd’hui, toujours pas retrouvé l’âme sœur — monte sur une échelle pour libérer un chaton coincé dans l’arbre de son jardin, dans lequel le petit félin avait réussi à grimper : et c’est la chute… Paralysé des quatre membres, Virgile est ainsi cloué dans un lit d’hôpital depuis cinq ans, avec le même souvenir douloureux de l’annonce de sa femme le quittant pour un autre homme que lui balance régulièrement son cerveau. À part penser à ses tourments d’homme solitaire et se rappeler sa jeunesse, ou encore philosopher sur ses espoirs passés en regardant le plafond, le soixantenaire n’a plus grand-chose à faire de sa vie.

Pourtant très bien entouré par ses filles et ses petites filles qui adorent leur papy Virgule, ou par ses potes basketteurs qui ne parviennent pas toujours à prendre mesure de la gravité de son état, il décide donc d’aller en Belgique, là où l’euthanasie est légale, pour pouvoir mourir dignement… Mais ceci seulement après avoir organisé une grandiose dernière fête, afin de transformer cet au revoir en un moment de partage et de joie.

Alors qu’avec un tel sujet, le récit aurait pu tomber dans le pathos, cet album de 100 pages habillement dessinées et mises en valeur par des aquarelles colorées est tout, sauf déprimant : bien au contraire ! L’ingénieux scénariste Zidrou, que nous ne vous ferons pas l’injure de vous présenter (1), y alterne efficacement les flash-backs et les réflexions qui vont amener le protagoniste de cette BD — à la fois poignante et très drôle — à choisir sa mort en toute liberté et de nous convier ironiquement, avec un immense soulagement, à son « enterrement de vie de garçon ». En effet, l’auteur multiplie les bons mots, l’autodérision et l’usage de l’humour noir, pour bien nous faire comprendre la décision de Virgile, en étant fort bien secondé, pour ce faire, par Lucy Mazel : le trait délicat de cette dernière apportant, largement, sa part de légèreté et d’optimisme à cette histoire où le héros meurt à fin…