Frida Kahlo, l’indomptée !

En jouant sur le titre de la pièce de Tennessee Williams « Un tramway nommé Désir », Dominique Osuch s’attache à nous construire un portrait haut en couleurs de l’artiste mexicaine Frida Kahlo. Haut en couleurs : ce n’est pas peu dire, tant la réalisation graphique est volontairement picturale et polychrome avec des doubles pages, ici et là, très inventives…

De façon très chronologique, Dominique Osuch évoque l’enfance de Frida, son caractère déterminé, son insolence d’étudiante, ses engagements politiques, sa rage de vivre… jusqu’à la rencontre avec l’œuvre de Diego Rivera et l’idée que cet homme, plus vieux qu’elle, sera le père de son enfant.

Un tramway – peu désirable ! – fait cependant basculer la vie de Frida dans le drame et les handicaps, mais rien n’empêche Frida d’épouser Diego : l’homme des fresques murales aux idées communistes affirmées, notamment celle de l’escalier du Grand Palais national de Mexico. L’homme des frasques, aussi, car Rivera est un incroyable coureur de jupons.

Ce ne sont pas les célébrités qui manquent au fil des pages et dans les pas (ou les bras) de Frida Kahlo : le photographe Edward Weston, le cinéaste Sergueï Eisenstein, l’industriel Henry Ford, Tina Modotti, Léon Trotski, André Breton… pour n’en citer que quelques-uns. La vie de ce couple atypique, pleine de rebondissements, est en effet d’une incroyable richesse.

L’originalité de cet album tient aussi à la réalisation de doubles-pages muettes (quelquefois cependant doublées de textes de Frida Kahlo elle-même), des sortes de puzzles visuels oniriques et surréalistes qui font référence aux peintures de Frida et inaugurent à chaque fois de nouvelles séquences ! Enfin, l’autrice propose en fin d’ouvrage en dix pages illustrées son carnet de voyage au Mexique, en 2023.

Cela dit, ce n’est pas le premier album concernant cette femme étonnante. En 2015, chez Delcourt, Flore Balthazar et Jean-Luc Cornette lui consacrait déjà « Frida Kahlo : pourquoi voudrais-je des pieds puisque j’ai des ailes pour voler ? ». Les auteurs suivaient d’abord Léon Trotski et sa femme trouvant refuge au Mexique – en 1937, chez Frida Kahlo et Diego Rivera -, les histoires des deux couples s’entrecroisant alors et offrant un panorama de la vie artistique, politique et intellectuelle de cette période, jusqu’à l’assassinat de Trotski en 1940. En fin d’album, un dossier historique illustré de photographies réalisé par la biographe officielle de Frida Kahlo, Rauda Jarnis, complétait l’ouvrage.

N’oublions pas non plus « Frida Kahlo, une biographie surréelle », signée Marco Corona, chez Rackham en 2002. Très récemment, Frida Kahlo était bien présente dans le collectif « Histoire de l’art au féminin » (Casterman, 2024). Bref, longtemps oubliée au profit de Diego Rivera, Frida est à présent nettement valorisée en tant que femme et en tant qu’artiste exceptionnelle.

Ne quittons pas Dominique Osuch sans rappeler l’album qu’elle a consacré au danseur et chorégraphe russe « Nijinski, l’ange brûlé » (Futuropolis, 2022) où, déjà, son trait souple, ses couleurs, son découpage, son sens de la lumière forçaient l’admiration. Sans oublier non plus son scénario sur Niki de Saint-Phalle, avec Sandrine Martin, chez Casterman, en 2014.

Didier QUELLA-GUYOT

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Sur L@BD :  https://basenationalelabd.esidoc.fr, et sur Facebook.

« Frida Kahlo : un tramway nommé Diego » par Dominique Osuch

Éditions Futuropolis (26 €) – EAN / 9782754843072

Parution 8 octobre 2025

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