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« Women of the West » : girl side story…

29/10/2025
Par Jean-François Miniac

Avec ce nouvel opus concocté par le scénariste Tiburce Oger, le lecteur plonge dans l’épopée de l’Ouest américain, mais sous l’angle — peu usité — de celles qui l’ont vécu : une poignée de femmes dont chacun des récits authentiques témoigne de leur courage, leur audace, leur soif de liberté, leur désir de justice… Go west !

Virginie Augustin.

Comme chaque année depuis 2021, c’est avec une régularité de métronome que les éditions Grand Angle, et son responsable Hervé Richez, proposent leur collectif western (1), ce dès l’automne. Pour notre plus grand bonheur. Comme un goût d’orange à l’approche des fêtes. En cette année 2025, le maître de cérémonie habituel, Tiburce Oger, focalise son recueil de courts récits sur la thématique féminine : une veine irriguant le genre BD depuis quelques années.

Daphné Collignon.

Pour cela, il a convié un parterre d’auteurs et d’autrices. Un choix judicieux de talents, bien naturellement. Du côté masculin, trois signatures : le talentueux Dominique Bertail, dessinateur de « Mondo Reverso » et d’un chapitre ici ; le tutélaire François Boucq, auteur du fameux « Bouncer » et d’un chapitre de sept planches aussi ; le méticuleux Paul Gastine, révélation du label, et ses deux planches au réalisme clair. Du côté féminin, largement majoritaire avec dix signatures, citons Virginie Augustin, Daphné Collignon, Elvire De Cock, Isabelle Dethan, Nathalie Ferlut, Gaëlle Hersent, Éloïse Oger, Miss Prickly et Laura Zuccheri.

Elvire De Cock.

Sans oublier la maestra qui a réalisé la couverture : Béatrice Tillier, brillante autrice s’il en est. Fille spirituelle de François Bourgeon sur le plan graphique, Béatrice Tillier n’a pas son pareil pour illustrer affiches et couvertures. Réaliste, son trait fouillé à l’extrême y fait mouche, accompagné par un délicat chromatisme. Ici encore, sa rousse « cow-girl », duale entre maternel et masculin, impose sa figure dominatrice par son attitude même, par son regard déterminé, par la tenue d’une mâle carabine en main. « Qui s’y frotte, s’y pique », semble-t-elle dire à qui s’attaquerait à son bébé.

Isabelle Dethan.

Justement, frottons-nous au contenu de cet album riche de 11 récits et de 112 pages. Bien sûr, le trait magistral de Boucq. Bien entendu, les impeccables Bertail et Gastine. Surtout, l’album dresse le portrait de femmes souvent occultées par l’histoire, mais aux destins emblématiques de la conquête de l’Ouest américain : un monde d’hommes dont la condition féminine n’est pas le principal souci.

François Boucq.

Parmi ces portraits d’artistes, aventurières ou pionnières aux parcours détonants, certains ont davantage focalisé mon attention : en premier lieu, celui de « Pionnière », magnifié par le trait exceptionnel, vivant et énergique de Virginie Augustin, mais aussi celui de « La Photographie », accompagné par l’élégance mesurée de Daphné Collignon, celui de « Ma maison sans fenêtre » de la délicate Laura Zuccheri, celui de « Filles de Loi », au solide dessin de Miss Prickly, ou encore celui mis en images par Elvire De Cock.

Laura Zuccheri.

Quel que soit le petit jeu éminemment subjectif des préférences, l’ensemble des récits de ces destins hors du commun —émouvant et parfois déroutant, et plus encore — emporte le lecteur, comme autant d’histoires synonymes de lutte pour l’égalité et le droit des femmes.

Miss Prickly.

Bref, ce cinquième opus ravira les aficionados de cette série des plus soignées, et les autres : notamment celles et ceux sensibles à la fibre féministe. Comme l’auteur de ces lignes, descendant d’un chercheur d’or breton lors de la Ruée en Californie… Vivement le sixième « West Side Story » !

Jean-François MINIAC