On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
Lire la suite...Le vieil homme qui n’écrivait plus, de Sokal

Superbe réédition en couleur, dans la collection « Un Monde », d’une bande dessinée « à part » dans l’œuvre de Sokal, le créateur de Canardo. C’est en 1995, sept ans après avoir réalisé Sanguine avec Alain Populaire, que Sokal débute, seul aux commandes et dans (A Suivre), un nouveau récit réaliste ayant pour toile de fond la 2nde guerre mondiale et ses rancœurs tenaces.
En août 1944, Marianne, sa fiancée, meurt dans les bras d’Augustin Morel . De cette tragédie, et de son expérience dans le maquis, Augustin Morel écrit « Marianne », qui devient, au fil du temps un classique de la littérature. Le seul bon livre d’Augustin qui, depuis, se complait dans l’alcool et la médicorité. Quand Catherine Voralberg décide d’adapter le roman à l’écran, elle choisit de tourner dans le décor original de Marianne, le village de Sainte Geneviève. Elle y fait venir l’écrivain dont la présence secoue la mémoire des habitants du village jusqu’à réveiller des souvenirs qu’ils auraient voulu voir s’évanouir à jamais.
Jouant à fond sur la nostalgie romantique de son héros, sokal introduit sans peine une dimension poétique à son histoire, sans pour autant renier ce qui fait la force de sa série phare, Canardo, à savoir une ironique (très proche du cynisme ) mise en avant de la bêtise humaine. Personne n’échappe à la critique acerbe de l’auteur, entre traîtres, collaborationnistes et, pire encore, passifs et lâches. Personne, sauf Marianne peut-être. Mais elle disparaît vite ! La réédition de cet album, proposé en couleurs pour la première fois, permettra de redonner un coup de projecteur sur cette histoire tragiquement réaliste, qui aurait également pu, sans froisser quiconque, figurer en bonne place dans la nouvelle collection « Classiques » de Casterman. LT
Casterman, 14,50€