Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...Le vieil homme qui n’écrivait plus, de Sokal

Superbe réédition en couleur, dans la collection « Un Monde », d’une bande dessinée « à part » dans l’œuvre de Sokal, le créateur de Canardo. C’est en 1995, sept ans après avoir réalisé Sanguine avec Alain Populaire, que Sokal débute, seul aux commandes et dans (A Suivre), un nouveau récit réaliste ayant pour toile de fond la 2nde guerre mondiale et ses rancœurs tenaces.
En août 1944, Marianne, sa fiancée, meurt dans les bras d’Augustin Morel . De cette tragédie, et de son expérience dans le maquis, Augustin Morel écrit « Marianne », qui devient, au fil du temps un classique de la littérature. Le seul bon livre d’Augustin qui, depuis, se complait dans l’alcool et la médicorité. Quand Catherine Voralberg décide d’adapter le roman à l’écran, elle choisit de tourner dans le décor original de Marianne, le village de Sainte Geneviève. Elle y fait venir l’écrivain dont la présence secoue la mémoire des habitants du village jusqu’à réveiller des souvenirs qu’ils auraient voulu voir s’évanouir à jamais.
Jouant à fond sur la nostalgie romantique de son héros, sokal introduit sans peine une dimension poétique à son histoire, sans pour autant renier ce qui fait la force de sa série phare, Canardo, à savoir une ironique (très proche du cynisme ) mise en avant de la bêtise humaine. Personne n’échappe à la critique acerbe de l’auteur, entre traîtres, collaborationnistes et, pire encore, passifs et lâches. Personne, sauf Marianne peut-être. Mais elle disparaît vite ! La réédition de cet album, proposé en couleurs pour la première fois, permettra de redonner un coup de projecteur sur cette histoire tragiquement réaliste, qui aurait également pu, sans froisser quiconque, figurer en bonne place dans la nouvelle collection « Classiques » de Casterman. LT
Casterman, 14,50€