La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est manifestement intrigante. Elle n’a été reconnue comme écrivaine qu’après sa mort, sa sœur découvrant alors 1 775 poèmes qu’elle avait écrits. Cette femme de bonne famille, solitaire, indépendante, insoumise et passionnée par les mots l’était aussi par les plantes et le monde sensible qui l’entourait, comme le montre joliment « Le Jardin d’Emily » de Lydia Corry.
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« Powers T.3 : Groupies » par Oeming et Bendis, « L’ancêtre programmé T.4 : Le temps du savoir » par *Pagot, Di Bernardo, Brandi et Ploy, « Kaze No Shô : le livre du vent » par Taniguchi et Furuyama, , « L’âge de bronze T.1 : Un millier de navires » par Shanower, « L’ordre impair T.1 : Anvers 1585 » par Teng, Cuadra et Miel
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« Powers T.3 : Groupies » par Michael Avon Oeming et Brian Michael Bendis
Editions Semic (12,35 Euros)
Un inspecteur de la brigade criminelle, flanqué de sa charmante et impulsive assistante, enquête sur des crimes impliquant des super héros. Dans ce 3ème volume, il doit expliquer pourquoi Olympia, montagne de muscle défendant veuves et orphelins, vient d’être retrouvé mort et entièrement nu dans une piaule minable. Les flics durs à cuir que Brian Michael Bendis a su si bien mettre en scène dans d’autres séries noires («Sam and Twitch», «Torso», «Goldfish»…) se frottent au monde des héros en collants et aux pouvoirs hors du commun ; le scénariste les a aussi côtoyé dans «Ultimate Spider-Man» ou «Daredevil» ! Le mariage des genres est réussi grâce aux dialogues volubiles et drôles soutenus par un graphisme art déco, également proche du dessin animé, qui ajoute un côté décalé, tout a fait sympathique, à l’ensemble. Espérons que grâce à la qualité de ce genre de séries, les éditions Semic sauront rebondir, une nouvelle fois, sans trop de casse, après leurs déconvenues : que ce soit avec Bonelli qui leur a fait arrêter la publication des petits formats ou avec le peu de succès rencontré par les traductions des productions Image ou CrossGen.
« L’ancêtre programmé T.4 : Le temps du savoir » par Didier Pagot, Giuseppe Di Bernardo, Jacopo Brandi et Anne Ploy
Editions Humanoïdes associés (12,35 Euros)
La scénariste Anne Ploy continue à tisser habilement sa toile narrative afin de constituer une sorte d’histoire du 3ème millénaire, jouant avec notre peur de l’avenir : prise de contrôle de la machine sur l’homme, domination de la religion sur la population, disparition des sentiments écrasés par le pouvoir de l’argent… Cette saga est l’un des quatre cycles de «TransGénèse» (chacun pouvant se lire indépendamment) et cet album constitue un passage obligé vers la conclusion finale tout en se renouvelant graphiquement grâce à deux jeunes dessinateurs italiens.
« Kaze No Shô : le livre du vent » par Jirô Taniguchi et Kan Furuyama
Editions Panini/Génération Comics (14 Euros)
Voici l’occasion de découvrir une autre facette du talent graphique de l’auteur du remarquable «Quartier lointain». En dehors de ses œuvres personnelles et contemplatives, Jirô Taniguchi a illustré bon nombre de séries d’action dont ce roman d’espionnage médiéval. Ces faits qui se sont déroulés 250 ans auparavant sont toujours d’actualité : jeux de pouvoir et secrets d’état sont mis en exergue par d’innombrables scènes de combats particulièrement bien rendues avec un trait clair et précis, en parfaite harmonie avec la complexité du récit.
« L’âge de bronze T.1 : Un millier de navires » par Eric Shanower
Editions Akileos (20 Euros)
Cette adaptation de la guerre de Troie en BD a reçu par deux fois l’Eisner Award du meilleur scénariste/dessinateur en 2001 et 2003, lors de sa première parution aux USA chez Image Comics. En France, nous ne connaissions, du travail d’Eric Shanower, que son illustration de trois épisodes du «Monde du Garage Hermétique» de Moebius et qu’un de ses scénarios pour «Star Wars» (traduit chez Delcourt). Même s’il est assez fidèle à l’épopée racontée par Homère dans «L’Iliade» et par Virgile dans «L’Enéide», Shanower s’en éloigne en ne faisant aucune allusion directe aux dieux de l’Olympe. Il s’attarde surtout sur les origines du pauvre vacher Pâris qui va découvrir un ancien secret du roi Priam et qui va séduire la très belle Hélène de Sparte, pour le malheur de milliers de gens. Ce prélude aux drames à venir est dessiné d’un trait classique très années soixante-dix qui fait penser à ce que faisait le talentueux Claude Auclair sur «Bran Ruz» ou sur «Celui-là». Seules quelques faiblesses narratives nous gâchent un peu le plaisir de lecture de cette aventure épique pourtant fort bien présentée, dans un ouvrage de belle facture.
« L’ordre impair T.1 : Anvers 1585 » par Paul Teng, Cristina Cuadra et Rudi Miel
Editions du Lombard (12,60 Euros)
Ce nouveau polar historico-fantastique flirte avec «La loge noire» : on y retrouve des hérétiques religieux mais ici, il s’agit de femmes homosexuelles et accusées de sorcellerie, à Anvers, en 1296. Parallèlement, de nos jours, on suit le travail d’un écrivain de romans historiques à succès qui planche sur la fin tragique d’une de ces femmes appelée Lilith. «Lilith» c’est aussi le nom d’un ouvrage du 16ème siècle acheté chez un bouquiniste par la femme de l’écrivain, conseillère aux ministères des Affaires économiques. Pas facile de s’y retrouver dans cette intrigue complexe, entre passé et présent. Heureusement, le dessin virtuose du hollandais Paul Teng arrive à rendre l’ensemble séduisant. Cette nouvelle saga de la collection «Polyptyque» devrait se décliner en cinq volumes
Gilles RATIER