Trimestriel initié par les éditions du Tiroir et animé par Alain De Kuyssche, L’Aventure était à l’origine un luxueux magazine renouant avec la bande dessinée traditionnelle franco-belge. Son créateur disparu en janvier dernier, ses compagnons de route — André Taymans, Christian Lallemand et Alain de Grauw — « continuent l’aventure », poursuivant la collection de hors-séries cartonnés, mais aussi lançant le trimestriel L’Aventure Preview. Sans oublier des collections d’albums et d’artbooks publiés sous le label des éditions du Tiroir avec le concours de la plateforme Ulule.
Lire la suite...Plus de lectures n°25 – 15 mars 2004
Le dernier livre de la jungle T.1 : L’homme, Mon cousin dans la mort, Thomas Silane T.1 : Flash mortel, Flic à Tokyo T.1, Les éternels T.2 : Mira
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« Le dernier livre de la jungle T.1 : L’homme » par Johan De Moor, Henri Reculé et Stephen Desberg
Editions Lombard (12,60 Euros)
C’est une relecture écologique et humaniste (propos d’ailleurs déjà présent dans l’œuvre originelle) des initiatiques «Livres de la jungle» de l’écrivain anglais, adepte de l’orientalisme, que fût Rudyard Kipling. Si nous retrouvons des personnages familiers comme Mowgli (l’enfant élevé par les loups), l’ours Baloo, la panthère Bagheera et le méchant tigre Shere Khan…, nous sommes loin de la version pour petits et grands que Walt Disney a gravé dans nos mémoires. Le «petit d’homme» est devenu un grand-père mélancolique de retour à Delhi où la jungle est désormais colonisée par les hommes. Ce sont ses souvenirs qui permettent de nous replonger dans les combats et les leçons de vie des animaux sauvages. Le dessin est élégant, épuré et japonisant (un peu comme du Marini) ; quant à la narration, elle est grave et intimiste. Ce prologue nous donne envie de voir comment les auteurs vont poursuivre cette interprétation originale dans les quatre autres albums à venir.
« Mon cousin dans la mort » par François Duprat
Editions Petit à petit (13,50 Euros)
Ce récit sensible et touchant, doublé d’un efficace graphisme «grand public» (malgré quelques petits défauts de jeunesse), est la réédition d’un album paru en 2001, en noir et blanc et de façon confidentielle, chez le même éditeur. Après diverses tentatives intéressantes mais pas totalement abouties, François Duprat re-propose cet opus «relooké» avec une très belle mise en couleur (signée Denis Bernatets) et un grand format pour que tout le monde y trouve son compte : ce portrait de la France rurale des années 1960 dépeignant la violence du monde des adultes prend alors une autre dimension. Lili, la petite fille du fossoyeur passe ses journées sur les tombes à converser avec les morts. A l’enterrement de son grand-père, son copain Lucien la surprend en plein bavardage avec feu madame Henriette qui connaît beaucoup de choses sur les relations entre les villageois. Il aimerait bien partager son univers mais Lili préfère Maurice, un garçon exilé d’Algérie qui vient d’arriver dans leur école… Rassurez-vous, même si tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, cette histoire émouvante fait l’éloge des faibles et le plus fort ne sera pas toujours celui auquel on pense : émouvant !
« Thomas Silane T.1 : Flash mortel » par Yves Lécossois, Patrice Buendia et Philippe Chanoinat
Editions Bamboo (12,50 Euros)
Thomas Silane est un reporter, le meilleur sur le marché ! Un jour, il reçoit un appareil photo en cadeau…, de la part d’un mystérieux «ami». Il s’en sert pour photographier le cadavre d’une fille morte d’overdose ; en développant les clichés, il s’aperçoit que c’est l’image de ce qui s’est vraiment passé qui s’imprime sur la pellicule. El là, en l’occurrence, il s’agit d’un meurtre. Thomas se rend vite compte des possibilités de cet outil hors du commun et va s’en servir pour comprendre la disparition de ses propres parents. Le petit côté fantastique rend sympathique ce «Ric Hochet» moderne qui se démarque, pour l’occasion, des BD policières habituelles. Le dessin d’Yves Lécossois, illustrateur publicitaire, reste, quant à lui, dans une veine des plus classiques. Cette série, pré-publiée dans Bo Doï, démarre sur les chapeaux de roue…
« Flic à Tokyo T.1 » par Keiichi Suzuki
Editions Delcourt (5,50 Euros)
Avec la BD japonaise, les éditeurs ont retrouvé un public jeune et populaire, sensible au fait que les mangas soient peu onéreux (pour une quantité de pages importante) et que les nouveaux tomes de chaque série se succèdent dans des délais très rapprochés : d’autant plus que certains ont d évidentes qualités. Notons également, qu’au Japon, la production est segmentée à l’extrême, parlant de tout et s’adressant à des publics bien ciblés .En voici un exemple concret avec la parution de «Flic à Tokyo» de Keiichi Suzuki, chez Delcourt, où l’auteur tente de redorer le blason de la police, de façon souvent humoristique. Même si il est quelquefois pervers et violent, le héros, flic de 20 ans, un peu obsédé sexuel, et ex-leader d’une bande de motards, est attachant : la lecture de ce manga permet vraiment de dépasser les préjugés attachés à une profession dont le réalité et le quotidien sont mal connus !
« Les éternels T.2 : Mira » par Félix Meynet et Yann
Editions Dargaud (12,60 Euros)
Les « Eternels » sont les membres d’une police secrète qui surveille le milieu des diamantaires. Une spécialiste de la médecine légale, d’origine indienne, prend la place, au sein de cette organisation, de sa sœur assassinée. Dans cet épisode un peu plus confus que le précédent, on assiste à un mariage hindou et à la résurrection de la frangine qui ne revient que le temps de mourir. Ce scénario de série B reste quand même divertissant mais c’est surtout Félix Meynet qui a droit à nos félicitations : ses nanas sont vraiment belles et sont style semi-caricatural colle très bien au ce récit policier assez rigolo concocté par Yann. Notons que, pour la première édition, un dossier exclusif de 6 pages (dont une page de BD inédite) est offert aux heureux acheteurs de l’album !
Gilles RATIER