Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Sur l’île de Bornéo, le féroce Caligan parvient à prendre le pouvoir dans des conditions atroces. A Londres, quelques années plus tard, Alister, jeune Don Juan superficiel, se trouve mis en demeure par son père, écrivain de génie, de réaliser un chef-d’oeuvre et part alors à l’aventure.
Réflexion sur le pouvoir, l’ambition et le talent, cette BD, qui développe une trame tragique dans un univers de « fantasy », laisse une impression mitigée, mais révèle en fin de compte un bon potentiel. Il faudrait d’abord recourir à un sous-genre particulier de la science fiction à rebours pour classer ce récit uchronien (et donc hors du temps), situé dans un XIXe siècle chimérique qui n’aurait pas connu la révolution industrielle. Ensuite, le scénario, habilement composé en une série d’emboîtements en flash-back, regorge de références et produit des effets saisissants, n’hésitant pas à mêler le drame et l’humour. Enfin, le cadre urbain de gigantesques villes dressées à flanc de pics coralliens ou les décors d’un Londres très art nouveau, attisent la curiosité. Il reste que cet album souffre encore d’imperfections : maladresses (la main coupée qui ne saigne pas p7), dessin inégal (pas toujours en phase avec la tonalité du récit, parfois peu abouti et négligeant les arrières plans), ou ressorts dramatiques convenus, trahissent quelques naïvetés mal venues dans la tonalité générale. Il reste que ce conte métaphorique sait ménager le suspense et se lit agréablement.
Joël Dubos
Uchronia, T1, Le duel, Kramp, Félix, Bamboo, 12,50 euros