Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
Lire la suite...Tout Jijé 1941-1942

La collection proposant l’intégrale de l’oeuvre de Jijé aux éditions Dupuis s’attarde sur un de ses travaux les plus populaires : Don Bosco, dont les deux versions sont ici présentées l’une à coté de l’autre.
C’est à l’instigation de René Matthews, l’un des éditeurs, que Jijé s’attaque en 1941 à sa monumentale biographie de Don Bosco, qui constituera un des best-sellers de cette époque : plus de 200 000 exemplaires vendus en diverses rééditions noir et blanc de 1943 à 1949. Cette illustration d’un sujet imposé l’a passionné, mais ne satisfait néanmoins plus son souci grandissant de perfectionnisme. En bien des points, il a manqué de documentation et n’a pu se rendre sur place pour croquer l’atmosphère italienne, les décors, monuments et visages typiques. Après un séjour sur les lieux du récit, il s’attaque à une nouvelle version entièrement redessinée et complétée, passant de 99 à 106 planches malgré quelques suppressions. Édité et réédité en albums couleurs à partir de 1951, cette seconde approche d’une vie passionnante et exemplaire constituera un nouveau best-seller, toujours disponible de nos jours dans la collection « Figures de Proue ». Grâce à la juxtaposition des deux versions, ce volume permet de suivre pas à pas l’évolution de Jijé dans un cadre précis. Le lecteur attentif découvre ainsi d’un même regard les variantes, les anecdotes que l’auteur a jugé utile d’ajouter ou de supprimer dans la refonte, la reconstitution de plus en plus authentique des décors et la transformation graphique de certains personnages ou de scènes que l’artiste estimait trop vieillies ou maladroites. Son traitement du noir et blanc, ainsi que son choix de cadrages, évoluent vers la perfection. Entre ces deux pôles, Jijé est passé du stade d’amateur très doué à celui de Maître parfaitement conscient de ses moyens.