Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« L’Âge d’or de la BD : les journaux illustrés 1934-1944é

Avec son titre très universitaire, mais au final un peu réducteur puisque l’auteur s’accorde de larges et bienvenus débordements, ce beau livre, magnifiquement illustré, offre à la fois une approche historique très érudite et une analyse artistique, généalogique et comparative, convaincante.
L’auteur, marqué par ses souvenirs, rappelle d’abord combien la BD apporta alors à la jeunesse en mal de rêve et d’évasion des années 1930-1940, une dimension merveilleuse qui manquait dans un monde encore confiné. Venu des Etats-Unis, héroïque, plein d’un humour débridé et fasciné par les infinies possibilités de la science fiction, ce genre s’est à l’époque brièvement épanoui dans les magazines réservés aux enfants. Pour J.J. Gabut, c’est un âge d’or qui ouvre les portes de l’Amérique à tous les enfants d’Europe et du monde.
Derrière le Journal de Mickey, il évoque Robinson, Junior, Hop-là, Hurrah! ou encore l’Aventureux et Le journal de Toto. Aujourd’hui oubliés et largement ignorés par les historiens, la plupart de ses titres ont pourtant fortement marqué les origines d’un genre qui connut ensuite le succès sans cesse grandissant que nos connaissons. La modernité des techniques narratives, le perfectionnement continuel du dessin jusqu’à une maîtrise de type classique, le sens de la dérision, l’exploration de la fiction, la place accordée au polar et aux récits historiques, font dire à l’auteur que « les dessinateurs de l’âge d’or avaient déjà tout inventé » (p 178). Avec l’occupation et la rupture des liaisons, les auteurs français prirent le relais, révélant ainsi de nouveaux talents qui n’avaient plus grand chose à envier à leurs collègues d’outre Atlantique. Mais clairement, ce furent les auteurs américains qui firent décoller la BD en Europe. Bientôt pourtant, les albums et les petits formats allaient mettre à mal cette formule éditoriale.
Attaché à démontrer avec brio et minutie l’influence décisive des Etats-Unis et la modernité parfois surprenante de ces récits vieux de plus d’un demi siècle, l’auteur présente une série de planches parfois introuvables ; et cette abondante et foisonnante illustration, alliée à un texte précis et parfaitement documenté, n’est pas la moindre qualité de l’ouvrage, produit de longues années de compilation. A placer dans toutes les bonnes bibliothèques.
Joël DUBOS
L’âge d’or de la BD Les journaux illustrés 1934-1944, Jean-Jacques Gabut, Herscher, 192 pages, 170 illustrations, 49 euros.