Après le succès de ses très réussis « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » — où il explorait les théories des paradoxes temporels, puis les conséquences des progrès technologiques sur la détérioration de l’homme —, Mathieu Bablet (1) aborde le récit postapocalyptique dans sa nouvelle grande fresque de science-fiction proposée dans le Label 619 désormais hébergé par les éditions Rue de Sèvres. Dans un lointain futur, les insectes pollinisateurs ont disparu à la suite de bouleversements climatiques… et la Terre est devenue aride et stérile. Une biologiste a pour mission de retrouver les traces génétiques des abeilles, dans l’espoir de revenir au monde d’avant. Une fable écologique et initiatique, aussi complexe qu’envoûtante, qui nous donne furieusement envie d’aller de l’avant !
Lire la suite...Mourir au Paradis

Les événements dans les banlieues françaises nous montre à quel point la notion de concentration sociale peut être destructrice pour nos sociétés. Pierre Christin en convient, mais chez lui, contrepied malicieux de l’actualité, ce sont les ghettos pour riches qui sont sujets à réflexion.
Heaven’s Estate : le domaine du Paradis. Une de ces « gated city » américaines, des communautés fermées à destination des plus richissimes, gardées jour et nuit et où on ne rentre que parcimonieusement, sur invitation ou pour effectuer des services divers. Comme les livraisons, par exemple. Celles-ci sont le boulot des mexicains, qu’ici on appelle tous « Pancho » : c’est plus pratique ! Les familles vivent en vase clos, sans nouvelles « terrifiantes» de l’extérieur. Les enfants sont évidemment surprotégés mais laissés à l’abandon. Et ils s’ennuient ferme. Alors, désœuvré, sans référence sociale ni culturelle, ils dérapent. Et pas qu’un peu !
Alain Mounier, le dessinateur d’Exit et des Abîmes du temps, illustre avec sérieux et efficacité le réalisme sombre du récit (qu’on ne souhaite pas qualifier d’anticipation) d’un Pierre Christin en grande forme, qui a retrouvé (mais l’avait-il vraiment perdu ?) sa vison (trop) lucide de notre époque et sa verve revendicatrice politico-sociale des années Bilal.
Laurent Turpin
Dargaud – Long courrier – 13.5€