Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Après la disparition des dragons, chaque espèce s’est repliée sur son île. En Muridie, les Sinois sont maintenus en sujétion. Un jour, par un concours de circonstances, Gib et sa mère refusent une ultime brimade et s’enfuient, rejoignant la mystérieuse Guilde de mer et ses marchands aventuriers.
Inscrite dans la mouvance de la nouvelle bd, cette série constitue une excellente surprise. Mêlant heroic fantasy et aventures dans un univers animalier, tout en développant en arrière fond un propos très sérieux pour un public adulte, elle apparaît d’abord marquée par la référence au Mauss de Spiegelman, non pas tant par l’animalisation des personnage que par l’atmosphère générale, la dénonciation du totalitarisme (oppression raciste, arbitraire policier, médecins se livrant à des expérimentations sur des prisonnier) et l’évocation discrète de la shoah (noter p12, comme en aparté dans une superbe planche ubicuistique, le prisonnier jetant des cadavres dans une cheminée). Pour autant, cette œuvre singulière ne fonctionne pas comme une simple reprise plus ou moins plagiaire du maître, révélant des qualités propres et une réelle maîtrise de la narration en images : un scénario parfaitement conduit, des dialogues fluides à la lexicologie savoureuse, un trait original créant une tension dramatique omniprésente, des personnalités attachantes campées en quelques cases, un univers riche et complexe permettant de nombreuses variations et un récit dynamique. Le tout offre un 1er tome déjà abouti et accrocheur qui révèle une jeune auteuse de talent et constitue une vraie découverte pleine de promesses.
Joël Dubos
La guilde de mer, t.1, Au point de devant de Nancy Pena, La Boîte à bulles, 14,80 euros