Lors de sa création en 1959 dans les pages de Pilote, Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon avaient fait de Barbe-Rouge un pirate sanguinaire surnommé le Démon des Caraïbes, puis le Roi des sept mers. De retour dans le monde de la bande dessinée depuis 2020, après une longue absence de 15 années, c’est en corsaire du roi de France que le bouillant pirate renaît de ses cendres. Pour le plus grand plaisir des lecteurs nostalgiques, mais aussi pour une nouvelle génération de lecteurs qui apprécient les histoires bien écrites et les dessins soignés. Larguons les amarres, l’aventure avec un grand A nous attend !
Lire la suite...« Ô dingos, ô châteaux ! » par Jacques Tardi, d’après Jean-Patrick Manchette
C’est la troisième adaptation des polars de Jean-Patrick Manchette par Jacques Tardi (après « Le Petit bleu de la côte ouest » et « La Position du tireur couché ») et même la quatrième si on tient compte de la tentative sur « Fatale », dont vingt et une planches furent quand même réalisées(1), ceci avant que les deux auteurs s’attaquent à « Griffu », un scénario inédit de Manchette qui était encore bien vivant, en 1977.
Tout ça pour dire que Tardi a, désormais, bien assimilé le ton et le rythme des écrits du romancier, tout en le mixant avec son propre style narratif (comme il a pu le faire auparavant avec celui de Léo Malet) ; d’ailleurs, nous l’avons déjà dit, Tardi n’est jamais aussi bon que quand il adapte ! Les « Nestor Burma », « Jeux pour mourir », « Le Cri du peuple », « Le Secret de l’étrangleur » ou autres « Der des Ders » sont tous là pour le prouver ; et « Ô dingos, ô châteaux ! », formidable plongée dans la France des années 1970, ne déroge pas à la règle : c’est du bon, et même du très bon Tardi ! Entre tragédie violente et road movie émouvant, cette cavale d’une jeune femme, tout juste sortie d’un séjour en hôpital psychiatrique, et d’un enfant dont elle a été chargée de s’occuper par son oncle, un richissime architecte raté, est aussi truculente que cynique : d’autant plus que la galerie de branquignols complètement cintrés et aux trognes incroyables, que nous a concoctée Tardi, va de paire avec les dialogues sur-joués et avec l’efficacité de cette machination infernale remplie de scènes chocs, dont la conclusion n’est pas forcément aussi morale que l’on pourrait le croire !Bref, « Ô dingos, ô châteaux ! » mis en scène par Tardi, c’est vraiment un grand moment de lecture…
Gilles RATIER pour bdzoom.com
(1) Elles ont été publiées, intégralement, dans l’ouvrage « Tardi monographie » aux éditions Magic Strip, en 1980 !Un extrait de « Fatale ».
« Ô dingos, ô châteaux ! » par Jacques Tardi, d’après Jean-Patrick Manchette
Éditions Futuropolis (19 €) – ISBN : 978-27548-0696-1