Avec « Le Tombeau des chasseurs », le talentueux Victor Lepointe évoque la tragédie collective d’une bataille vosgienne en 1915 et, plus encore — par le regard de l’un d’eux, Victor Granet —, scrute l’intimité des sentiments de ces chasseurs alpins sacrifiés. Plongée dans la si mal nommée Der des ders…
Lire la suite...COMIC BOOK HEBDO n°19 (29/03/08).
Cette semaine, les parutions en kiosque de janvier et février 2008.
Désormais, la chronique « Super-Héros » dédiée aux parutions en kiosque s’intègre à la formule hebdomadaire maintenant bien connue dans les milieux autorisés sous le nom de « Comic Book Hebdo » (diantre, mais quel succès, comment faire face à tant de sollicitations éperdues mettant au pinacle de la postérité mon travail de chroniqueur avec une ferveur et un attachement qui frôlent l’adulation indéfectible tout autant qu’irraisonnée, quoique follement évidente ?). On commence fort avec deux mois de parutions d’un seul coup ! Zou !
Tous ces comics sont encore disponibles dans les librairies spécialisées, bien sûr…
MAGAZINES
-COMIC BOX #51.
2008 sera bien l’année Hulk en France. En effet, le colosse de jade se paye la part belle à l’occasion de différentes séries en relation avec le choc World War Hulk (cycle central d’une trilogie débutant par Planet Hulk, publié dans la collection Monster chez Panini, et finissant par Skaar), et puis cet été sort le deuxième film consacré à ce héros. Xavier Fournier nous en dit plus dans son article. Vous trouverez au menu de ce numéro des articles revenant sur le départ de Straczynski sur Spider-Man, sur les fils-Robin de Batman, le label des frères Wachowski (Burlyman), le personnage de Sentry et la fin d’Y The Last Man. Côté interview, on trouvera ici des entretiens avec Tony Daniel, Mark Waid, Brian Reed, Ron Marz et le très talentueux et trop rare Travis Charest dont vous pourrez admirer quatre planches magnifiques (un court récit venu d’Ultimates). Enfin, ce numéro contient un épisode de 20 pages signé Dan Slott et Phil Jimenez : attention, action !
PANINI COMICS
-MARVEL ICONS HORS SÉRIE #12 : DÉSERT DE SANG.
Avant-dernier numéro de Marvel Icons Hors Série plongé dans le contexte de l’Initiative, Désert de Sang s’intègre dans la continuité de The Punisher War Journal dont vous aviez découvert les quatre premiers épisodes dans le numéro précédent. Si vous aviez apprécié les scénarios de Matt Fraction et les sublimes dessins (peintures ?) d’Ariel Olivetti, alors vous serez comblés par cette publication entièrement réalisée par les deux hommes. Les histoires de Fraction sont assez gonflées, et concernant les présents épisodes se passant au moment de la mort de Captain America, on peut dire que le scénariste apporte ici un hommage aussi perspicace qu’étonnant. En effet, maintenant que l’incarnation de l’Amérique est morte, le fauteuil est vacant. Et il y a du monde au portillon, dont une faction néo-nazie très très très désagréable qui entreprend de s’ériger comme valeur première de l’identité nationale. Le Punisher (que l’on pourrait considérer comme la « face obscure » de Captain America dans le sens où ce premier légitime le meurtre pour faire justice) va tenter de contrer cette armée d’Américains « purs », se sentant même prêt à succéder à Steve Rogers afin de contrer le fascisme. Cap est mort, ses combats contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale appartiennent au mythe du passé, mais le danger totalitaire, d’où qu’il vienne, est encore désespérément présent. Voilà ce que nous dit Fraction à travers ce récit palpitant, intense et profond malgré les flingues. Quant aux peintures d’Olivetti, elles sont tout simplement fascinantes. Un très grand artiste ! Un très bon numéro que je vous conseille vivement, comme dit l’autre.
-MARVEL ICONS #33 (RECONSTRUCTION) & #34 (IRON MAN : DIRECTEUR DU S.H.I.E.L.D.).
Souvenez-vous, c’était dans Marvel Icons #30, en octobre dernier. Eh bien oui, que voulez-vous, on va encore reparler de la mort de Captain America… Vous aviez pu lire le premier chapitre d’un récit historique judicieusement intitulé Le Rêve est Mort. La suite de ce cataclysme nous replongeant dans les premiers jours qui ont suivi le décès de Cap est enfin publiée dans Marvel Icons #33. Sharon et Rick sont accablés par le chagrin, bien entendu, mais d’une manière générale on sent bien que tout le monde est à plat, de Tony Stark au Faucon en passant par Luke Cage. Des deux côtés des rangs, les dégâts sont palpables. Sur un beau scénario de Brubaker, les dessins noirs et profonds de Steve Epting font mouche. Un moment fort, dont on attendra la suite un peu plus tard (argh ! mais ils jouent avec nos nerfs, ou quoi ?) puisque le numéro 34 signe le retour des New Avengers. Finalement, nous n’y perdons pas au change, car cette série est l’une des plus géniales du moment. J’ADORE !!! C’est du Bendis pur jus, dans ce qu’il a de meilleur. L’histoire est intense et tient en haleine avec talent, ne faisant pas l’impasse sur l’humour et des situations pleines d’invention. Et alors la cerise sur la gâteau, c’est bien évidemment les dessins de Leinil Francis Yu, magnifiés par les couleurs absolument faramineuses d’un Dave McCaig suprêmement inspiré. C’est mirifique, magique, sensationnel, de toute beauté, vraiment ! Les dessins « lâchés » tout autant qu’incisifs de Yu sont une pure merveille, sortes de croquis renforcés gardant ainsi une puissance d’évocation graphique qu’on ne rencontre que trop rarement dans le monde des super-héros, et qui donne par cette nature de trait impulsif mais intime un caractère très particulier à cette création. Mon coup de cœur du moment ! Je vous rappelle que les Nouveaux Vengeurs sont devenus des parias en refusant de se recenser auprès de l’Initiative. Stark & co sont à leurs trousses et les traque sans relâche – mais amèrement. Un nouveau héros va rejoindre les rangs de l’équipe, je vous laisse découvrir qui c’est.
Passons à Iron Man, ce gros naze de traître de directeur du S.H.I.E.L.D. qui mériterait qu’on lui botte son super-cul quand on voit à quel point il est suffisant dans son « chagrin » et qu’il se la pète maintenant que c’est le chef. Comment ça je suis partial ? Donc, les épisodes consacrés au super-toutou du gouvernement s’échappent quelque peu du contexte direct de l’Initiative pour se concentrer sur une menace « blobesque » apparue dans un hôpital psychiatrique de Mongolie intérieure. Ça chauffe dur, à tel point que tout l’équipage du S.H.I.E.L.D. va vivre un cauchemar tournant carrément à la catastrophe. Entre les lignes, le projet « Extremis » repointe son nez…
Quant aux Nouveaux Fantastiques, ils se retrouvent coincés en plein cosmos dans un combat d’intérêts entre Galactus, le Silver Surfer, Stardust, Epoch et Gravity. Difficile de retrouver ses petits dans les différents enjeux successifs ou simultanés qui s’ouvrent à tous, d’autant plus que la nouvelle équipe est encore jeune, ce qui est loin d’arranger les choses.
J’ai toujours été friand (et je ne suis pas le seul !) des What If ?, de leur principe, de l’ouverture qu’ils engendrent dans l’imaginaire, des possibilités qui peuvent surgir d’un fait déjà extraordinaire et bien ancré dans l’histoire Marvel. Pas moins de trois What If ? présents dans les différentes publications chroniquées aujourd’hui, dont celui de Marvel Icons #34 : Et si la Sorcière Rouge n’avait pas agi seule ? (ah, Wanda…). Une réalité alternative liée aux tristes événements qui ont récemment séparé les Vengeurs avant leur formation actuelle.
-MARVEL HEROES #3 (INSECTICIDE) & #4 (GUERRE SECRÈTE).
Marvel Heroes est une revue aussi incontournable et fantastique que Marvel Icons. Un titre vraiment passionnant, à suivre sans modération si vous voulez tout savoir de L’Initiative. On commence en fanfare avec les Puissants Vengeurs par Bendis et Cho, l’un des duos les plus jouissifs du moment. C’est spectaculaire, c’est beau, c’est drôle, c’est… puissant ! Et puis surtout, on y suppute qu’Iron Man serait mort, alors, en voilà une bonne série ! Comment ça je suis partial ? Bref. Ultron, sous les traits d’une guêpe magnifiée et en tenue d’Ève, est bel et bien revenu pour annoncer à l’humanité le jour du jugement dernier par ses bons soins. Espérons que les Puissants Vengeurs seront de taille à affronter la bête déguisée en belle, ce qui est loin d’être gagné. Désolé de parler de ça, mais décidément, qu’est-ce qu’il dessine bien les femmes, ce Frank Cho… De Miss Marvel à la Veuve Noire, sans parler de la fameuse Ultron, (littéralement à se damner) et de Tigra la sauvageonne sexy, c’est un réel plaisir pour les yeux de tout esthète raffiné. Hum.
Dans Avengers : The Initiative, nous voyons comment l’organisation de la susdite Initiative prépare un piège pour capturer Spider-Man en mettant de nouvelles recrues sur le terrain. Il s’agira ici de Komodo, la jeune reptilienne. Aux vues des résultats, Pym et sa clique feraient mieux de réviser leur vision des choses et leur aptitude à gérer un tel programme, au lieu de faire les malins compatissants. Une série primordiale pour comprendre ce qu’est réellement l’Initiative.
L’équipe d’Omega Flight connaît une naissance bien tortueuse. Entre Sasquatch qui subit de nombreux sévices, Talisman qui doit accepter que le meurtrier manipulé de son père devienne le nouveau Guardian, une horde de démons appelés les grands monstres et l’équipe des Démolisseurs, le programme est explosif ! Le grand spectacle est assuré par Beta Ray Bill. Ça décoiffe !
Dans Marvel Heroes #3 vous pourrez lire une histoire très drôle issue de Marvel Holiday Special 2005 où il est question de l’Homme-Taupe et du Père Noël : rassurez-vous, c’est plus parodique que gnan-gnan, et ce genre de récit décalé est vraiment très agréable à lire !
Enfin, dans le numéro 4 on retrouvera avec plaisir les Illuminati pour un épisode consacré au Beyonder (avec des révélations surprenantes !), ainsi qu’un épisode de What If ? assez frais où l’on voit ce qu’il adviendrait si Thor devenait le héraut de Galactus.
Le numéro 5 de Marvel Heroes accueillera enfin en mars l’un des chocs de l’année : World War Hulk ! TOUS AUX ABRIS !!!
-MARVEL UNIVERSE #7 (ALIÉNATION).
Annihilation s’invite à nouveau dans Marvel Universe avec une mini-série en deux chapitres revenant sur le parcours de quatre hérauts emblématiques de Galactus après la vague de destruction massive qui a ébranlé l’univers. Il y a le Silver Surfer, bien sûr, mais aussi Terrax, Stardust et Firelord. On retiendra surtout l’épisode consacré à Stardust, esthétiquement étonnant et assez hallucinogène.
Mais que vient donc faire L’Initiative dans cette revue cosmique ? Eh bien c’est très simple, puisqu’après Heralds of Galactus vous aurez le plaisir de lire les trois premiers épisodes de la nouvelle série régulière de Nova. En effet, les effets d’Annihilation ont été si gigantesques que le Nova Corps a été décimé à l’exception du Nova terrien, celui que nous connaissons bien sous le nom de Richard Rider. Se retrouvant seul face aux multiples catastrophes qui secouent le cosmos et qui requièrent l’intervention du Nova Corps, Rider se retrouve dépassé par les événements et décide de revenir sur Terre afin de se ressourcer et de faire le point. Il ne va pas être déçu ! Car depuis qu’il est parti, une guerre civile et un programme de recensement sont passés par là… Pour cet ancien membre des New Warriors, l’atterrissage va s’avérer plus que rude. Lui qui a sillonné l’espace et combattu des dangers omnipotents allant au-delà de l’entendement humain, le voici obligé de pointer à l’Initiative s’il veut être un gars bien. Quelque peu décontenancé par cette nouvelle donne, agressé par les Thunderbolts, rejeté par ses parents, Nova en tire les conclusions qui s’imposent : il n’a plus rien à faire là. Un personnage qui a repris une belle dimension grâce à Annihilation, faisant le lien entre les événements cosmiques et terrestres avec une pertinence d’esprit assez remarquable.
En avril, le nouveau numéro de Marvel Universe accueillera la suite des événements Annihilation avec Annihilation : Conquest.
-ASTONISHING X-MEN #32 (INVINCIBLE) & #33 (SOUS LE SIGNE DE L’ÉPÉE).
Fin de la saga Phœnix Warsong, une histoire qui ne m’a pas forcément convaincu… Tirage de ficelles & co, non ?
Les Astonishing X-Men, sous le pinceau de John Cassaday, ça reste quand même un grand moment, y a pas à dire… Laura Martin, avec ses couleurs nuancées et efficaces, rendent un velouté très appréciable à l’ensemble. Nos héros en sont toujours à découdre avec les extra-terrestres du Breakworld où une prophétie annonce que la fin de ce monde viendra de la main de Colossus. Coincés sur Breakworld, les X-Men vont devoir composer avec la logique brutale mais contrastée de la population afin de sauver leur peau.
Alors que Nocturne se remet difficilement de l’attaque qui l’a plongée dans un état comateux, New Excalibur est sur le point de se rendre compte que le Corps des Captain Britain n’est pas unilatéral. Notre Captain Britain avait choisi l’amulette, mais d’autres ont semblent-il choisi l’épée et comptent bien s’en servir.
Enfin, je termine par ma série préférée, je parle bien sûr d’X-Factor, dont l’esprit est toujours aussi percutant. Peter David fait de cette série un petit bijou d’impertinence et de psychologie, rendant les personnages attachants comme rarement. On pourra regretter le départ du dessinateur Pablo Raimondi qui – par son sens du noir et du contraste – nous a offert des images éminemment puissantes sur ce titre. C’est Pham qui le remplace ici, et avouons que son travail est plus qu’honorable, surtout dans le deuxième épisode. Pour ce qui est de l’histoire, après avoir été confronté à l’un de ses doubles devenu détective privé alcoolique désabusé, Madrox doit compter sur ses acolytes pour percer le mystère de la Cellule X, un groupe d’anciens mutants qui accusent le gouvernement d’être à l’origine du Jour M et qui comptent bien faire comprendre qu’ils existent et qu’ils agissent… dans la violence. Cela risque d’amener de sacrés problèmes à Mutant Town. Un peu moins incisive que les derniers épisodes réalisés en compagnie de Raimondi, cette histoire à suivre n’en reste pas moins un pur moment de bonheur où l’on est souvent surpris : un sentiment bien agréable…
- X-MEN EXTRA #66 : PREMIÈRE CLASSE (2).
Conclusion de la première série d’aventures de X-Men : First Class avec quatre épisodes toujours aussi cocasses et ébouriffants… Un sacré coup de jeune pour nos X-Men des origines qui rebondissent à tout va entre les méchants et des péripéties hautes en couleurs. Comme je vous l’avais déjà dit pour le précédent numéro, les vieux briscards comme moi peuvent être quelque peu surpris par le ton plus qu’enjoué de ces jeunes mutants qu’on avait connu si taciturnes. Ici, même les Skrulls donnent envie d’acheter un coussin péteur. Entre autres personnalités présentes, nous retrouvons Thor, Vif-Argent et la Sorcière Rouge (ah, Wanda…), mais aussi des insectes géants et un gorille qui parle…Hé bé !
-WOLVERINE #168 (DEBOUT LES MORTS) & #169 (ET SI WOLVERINE…).
Le très étrange et flamboyant arc Evolution se poursuit, toujours porté par le scénario de fou de Jeph Loeb et surtout les dessins somptueux de noirceur de Simone Bianchi. Une saga où toute la « famille » des mutants félins se retrouve mêlée à un imbroglio où le projet de l’Arme X semble ne pas être la clef de tout puisque plane l’ombre du mystérieux Romulus (un hommage de plus à l’Italien Bianchi de la part de Loeb ?). Quant à Train d’Enfer, où Wolverine a eu quelques sueurs froides face à son psychopathe de fils, Daken, c’en est fini pour l’instant mais l’épilogue ne présage rien de bon… Dans le numéro 169, vous pourrez lire un épisode de la série mythique What If ? intitulé Et si Wolverine n’avait jamais été déprogrammé ? Gulp ! Une question qui fait froid dans le dos ! Un épisode musclé où l’on appréciera le dessin abrupt de Carmine di Giandomenico pour une réalité parallèle ultra violente…
-SPIDER-MAN #96 (GALERIE DE MONSTRES) & #97 (SABLES MOUVANTS).
Avouons-le, cette publication atteint depuis Civil War. Un peu normal lorsqu’il s’agit de l’un des super-héros les plus mythiques de chez Marvel et qu’il s’est passé ce qui s’est passé avec la guerre civile puis la mise en place de l’Initiative. Quoi ? Comment ? Vous ne le saviez pas ? Spider-Man, c’est Peter Parker ! Si ! Le photographe du Daily Bugle ! Oui, je sais, c’est dingue, mais maintenant le Tisseur est dans une merde noire. Refusant de se faire recenser, en cavale avec MJ et Tante May qui est toujours dans le coma après avoir pris une balle d’un sniper commandité par le Caïd, Spider-Man prend des airs de Batman en ressortant son costume noir, histoire de traquer les responsables dans les ténèbres de la vengeance la plus totale. La traque le mènera jusqu’à Fisk pour un combat en prison que vous n’oublierez pas de sitôt ! Brrr !
L’une des bonnes surprises du moment nous vient de Sensational Spider-Man avec l’histoire en trois parties intitulée L’Étrange Cas de… dont vous connaîtrez l’issue dans le numéro 97. Cet étrange cas, c’est évidemment celui de Calvin Zabo/Mr Hyde, et le scénario rend ouvertement hommage au roman de Stevenson. Très bon !
On finit par la série choc de cette publication : The Thunderbolts. Rien que pour cette série, il faut impérativement vous procurer cette revue ! Warren Ellis continue de profiter du contexte marvelien actuel assez malsain pour dynamiter pas mal de choses, explorant de manière vicieuse les méandres de l’infiltration du mal avec une verve qui laisse pantois. Certains passages sont vraiment incroyables, comme cette parodie de l’émission TV « Qui veut devenir un super-héros ? » qui devient ici le très sarcastique « Qui veut devenir un Thunderbolt ? », présenté par un Stan Lee hilare poussant les téléspectateurs à la délation au nom de l’Initiative ! C’est sombre, visqueux, résolument méchant. On ne pouvait rêver mieux pour cette série à cet instant, d’autant plus que les dessins très très noirs et réalistes de Mike Deodato Jr renforcent avec un talent fou le propos tenu. Un sombre miroir vénéneux, voilà ce qui réside en ces pages… Au fil du temps, Norman Osborn a de plus en plus de mal à se contrôler et perd un peu les pédales, Moonstone la sournoise entreprend des trahisons servant son ambition, Steel Spider et Sepulchre sont sur la sellette, et le super-héros navajo American Eagle sent de plus en plus la colère monter en lui face à la fameuse loi de recensement. Par ce personnage mais aussi des discussions avec Osborn ou bien des extraits de débats télévisés, Ellis met çà et là l’accent sur un problème racial et éthique qui pourrait se faire jour à travers l’Initiative, corroborant le sentiment que cette loi est décidément bien ambiguë, et renforçant les interrogations. Sacré Ellis…
-SPIDER-MAN HORS SÉRIE #25 (HOME SWEET HOME).
Après un épisode assez touchant se penchant sur la force de l’amour qui unit Peter Parker et MJ dans le contexte de leur cavale post-Civil War (joliment dessiné par Salvador Larroca) et un autre récit nous dévoilant les origines de l’Homme Sable (tiré lui aussi des annuals dédiés au Tisseur), rendez-vous en fin de volume pour une histoire aussi courte que bouleversante où une fillette SDF amoureuse de Spider-Man… mais je ne vous en dis pas plus. Ce court épisode écrit par Peter David est superbement dessiné par l’immense Colleen Doran et sensiblement mis en couleurs par José Villarrubia.
-ULTIMATE SPIDER-MAN #55 (LA SAGA DU CLONE 4).
Pour ces deux derniers épisodes de La Saga du Clone, Bendis a mis les bouchées doubles en provoquant une succession de confrontations psychologiques très tendues entre Parker, Fury, les FF et le Docteur Octopus. De quoi donner le tournis, et une belle épaisseur à cette saga qui risquait de tourner au grand carnaval. Ne pensez pas trouver la conclusion de la saga dans ces derniers épisodes, il manque l’épilogue que vous pourrez enfin découvrir dans le prochain numéro d’avril.
-ULTIMATE FANTASTIC FOUR #22 (GUERRE COSMIQUE 3).
Fin de la saga God War (bizarrement traduite Guerre Cosmique) où les Ultimate FF ont fort à faire face à Thanos et à l’Accusateur. Thanos a investi le corps de Ben Grimm, tandis que Ronan entend bien juger et exterminer nos quatre héros selon des lois propres au chaos et à la destruction. On aura beau dire, tout ça ne vaut pas non pas un clair de lune à Maubeuge mais bien la période bénie où Millar et Land officiaient dans ce titre…
-ULTIMATES #32 : ULTIMATE POWER (3).
Un cinquième épisode d’Ultimate Power plutôt musclé puisqu’il est entièrement consacré au face à face de Thor et d’Hypérion. Un déferlement d’énergie explosive et cosmique qui en met plein les mirettes, toujours sous le trait glamour de Greg Land. Oui, un seul épisode puisque la revue se poursuit avec le début d’une nouvelle mini-série faisant suite à la trilogie Gah Lak Tus et mettant en scène la version Ultimate de la Vision. Outre l’histoire intrigante de Mike Carey, le découpage réussi et la plastique sans faille de l’héroïne, l’aspect le plus remarquable de cette bande dessinée est sans aucun doute le style magnifique du dessinateur, j’ai nommé Brandon Peterson, dont la force et la précision de trait joue avec des contrastes bien sentis. Les couleurs de Justin Ponsor sont magnifiques. Tout ça est très beau.
-INFINITE CRISIS : 52 #8 : LA MORT DE BATMAN.
Vous le savez, 52 est devenu bimestriel, il faut vous y faire… Au sommaire de ce numéro, toujours autant de coups de théâtre et de révélations : ça fuse presque à chaque page ! En vrac, les membres fondateurs de la JSA prennent un gros coup de vieux face aux fringants super-héros d’Infinite Inc. qui paradent du haut de leur inexpérience et de leur superficialité. Un repas de Thanksgiving de fous avec le Docteur Sivana et Chung Zu, le monstrueux ovoïde géant. Bruce Wayne semble enfin exorcisé de ses vieux démons, Nightwing et Batwoman sont dans le collimateur. Le corps des Green Lantern et Adam Blake sont confrontés à une menace galactique innommable. Ralph Dibny ne lâche toujours pas l’affaire, accompagné du casque du Dr Fate jusque dans l’Himalaya. L’apparition des Teen Titans, et de la ravissante Starfire. Et comme à chaque fois je finis par ma partie préférée, celle qui a pour héros la Question et Renée Montoya, même s’ils n’apparaissent que trop peu dans ces épisodes. La Question est atteint d’une tumeur partie pour le terrasser, et Renée – qui du coup semble s’être reprise au niveau de ses excès – veille sur lui avec une bienveillance et une sincérité émouvantes. Bah je ne sais pas vous, mais moi j’aime toujours autant 52.
-DC UNIVERSE #30 (AU DIABLE, MON ÂME !) & #31 (KID AMAZO).
Fin de la première saga de la nouvelle Justice League of America. Le chemin aura été long, douloureux, et franchement traumatisant pour Red Tornado et ses proches. Humain ou machine, quel sera le destin de ce héros en quête de sa propre vie ? Vous le saurez en lisant ces épisodes toujours aussi bien dessinés par Ed Benes. Quant à la Justice Society of America, on peut dire que son grand retour dans l’univers DC ne se fait pas sans douleurs ni émotions non plus… Les anciennes et nouvelles générations sont enfin regroupées au sein de l’équipe, mais le meurtre de Mr. America – dont la famille vient d’être assassinée – gâche quelque peu la fête. Et entre un Starman légèrement schizophrène et Wildcat qui se découvre un fils, ou encore les doutes de la jeune Maxine Hunkel et l’arrivée de méchants prônant le quatrième Reich, on n’est pas au bout de nos surprises ! La JLA, elle, doit jauger si le fils d’Amazo tend à devenir un héros ou une ordure. On peut se poser la question en voyant cet étudiant en philosophie interpréter le terme de « surhomme » de Nietzsche comme désignant une race supérieure et non un combat mental sur l’ « humain, trop humain » qui nous constitue et qu’il convient de surpasser afin de vivre au-delà des effluves pestilentielles qui régissent l’humanité ; et ainsi donner droit aux valeurs fondamentales de la vie. À moins que ce ne soit le scénariste qui fasse cette erreur malheureusement répétée à satiété, jusqu’aux dérapages qu’on connaît.
-SUPERMAN & BATMAN #7 (HOMMES ET MONSTRES).
Fin du face à face entre Superman et Auctioneer (l’extra-terrestre géant venu faire ses courses sur Terre), ainsi qu’un combat contre Subjekt-17, autre extra-terrestre complètement paumé. Côté Batman, celui-ci tente d’éduquer le fils qu’on vient de lui faire découvrir : la tâche est ardue puisque Damian est aussi mignon qu’un hooligan. Mais l’épisode qui retiendra notre attention est celui tiré de Detective Comics, absolument magnifique. Intitulée Traquée, cette aventure se penche sur le cas de Pamela Isley (alias Ivy), sorte d’hamadryade criminelle échappée malgré elle de l’asile d’Arkham après une agression végétale. Batman va enquêter sur la nature de cette agression hors norme. L’histoire de Paul Dini est fort sympathique, mais le réel intérêt de cet épisode est le trio Joe Benitez (dessin), Victor Llamas (encrage) et John Kalisz (couleurs) qui nous offre un vrai petit bijou visuel, surtout lorsqu’il s’agit de dessiner la plantureuse vilaine… Miam miam…
Cecil McKinley