Il semblerait que l’éditeur Altercomics, ait tenu ses promesses de faire un effort conséquent sur la traduction en langue française et l’orthographe des textes de certains fumetti du célèbre catalogue de Sergio Bonelli, qu’ils ont commencé à publier depuis le mois d’août (1) : preuve en est la parution des n° 2 disponibles depuis le 8 novembre… Nous en sommes vraiment heureux, notamment pour l’excellente série policière « Julia », scénarisée par Giancarlo Berardi et illustrée pour cet épisode par le virtuose Corrado Roi : voilà qui devrait ravir les amateurs de bandes dessinées populaires italiennes en noir et blanc !
Lire la suite...« L’Ours-Lune » T1 (« Fort-Sutter ») par Bossard et Viozat
Imaginez un de ces fortins militaires, construits au bord d’un lac gelé, en plein hiver 1869. Nous sommes quatre ans après la fin de la Guerre de Sécession, à Fort Sutter, dans la Sierra Nevada sur les rives du lac Bigler (lac Tahoe), non loin de Carson City. La neige, comme il sied à une sierra « nevada », recouvre sommets et forêts. Quoi faire dans ces contrées quand les Indiens n’ont même pas la délicatesse de vous chercher des noises ?
C’est simple : s’acoquiner avec les civils, boire, jouer… On peut aussi se lamenter ou s’affronter lors de duels minables. C’est le lot de cette réserve d’hommes refoulés et oubliés dans ce trou du cul du monde passablement congelé, quand vient s’affaler à la porte du fort un homme blessé. Pas n’importe qui : un capitaine ! Joshua Flint, qu’il s’appelle ! C’est le branle-bas ! Pas le branle-bas de combat, non ! Le branle-bas des civils qui doivent déguerpir, disparaître, pour redonner au fort toute sa dignité et au tripot les allures d’un vrai mess. D’autant qu’à écouter le capitaine, les Indiens ont exterminé sa garnison, qu’il s’en est seul réchappé, et qu’il est poursuivi ! Bref, les Indiens vont débarquer, c’est sûr ! Est-ce ce capitaine intrigant qui les a obligés à déterrer la hache de guerre ? Qui d’ailleurs est-il au juste, ce Joshua Flint qui, au combat, semble méconnaissable, transfiguré, sauvage ? Et pourquoi ressent-il les présences alentour avant tout le monde ?
Parvenu à la fin du premier tome, on sent que l’univers nord-californien traditionnel, auquel on pourrait croire au début, mixant chercheurs d’or, soldats et Indiens, a basculé. Mais vers quoi ? Le titre est-il un indice ? Probable, puisque l’« Ours-Lune » semble lié au « signe de Nukpana », qui fait que quelque chose de chamanique pointe son nez. Toujours est-il que tout se dérègle à Fort Sutter, que son petit monde s’affole, semble possédé et qu’on n’est probablement pas au bout de nos surprises (le récit comptera 2 tomes).
Curieusement, Bossard ne s’est pas inspiré des gravures représentant ce fort et a préféré l’imaginer un peu plus « primitif » qu’il ne l’était probablement à l’époque, mais cela ne change rien à ce premier tome, très plaisant à lire. La tension propre au scénario progresse efficacement et, pour un premier album signé comme dessinateur, Bossard s’en sort très bien d’autant que, du point de vue chromatique, il est très bon.
La collection « 1800 » touche à présent au western, sans renier de son goût pour le fantastique et le mysticisme, avec toujours cette exigence d’impact graphique et de personnages forts. On ne s’en plaindra pas !
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).
« L’Ours-Lune » T1 (« Fort-Sutter ») par Bossard et Viozat
Éditions Soleil (13,95 €) – ISBN : 978-2-302-01991-1