Commencée en décembre 1975 dans le premier numéro d’Imagine, « La Quête de l’oiseau du temps » trouve 50 ans plus tard la conclusion… du second cycle : « Avant la quête ». Et Serge Le Tendre et Régis Loisel — avec la complicité de Vincent Mallié — réussissent la performance de réunir magistralement les deux époques. Encore une série culte des années fastes de la « nouvelle BD » des années 1970 qui se porte à ravir ! D’autant plus qu’à « Avant la quête » pourrait succéder « Après la quête » : un volume unique que Régis Loisel a encore tout récemment évoqué en interview (ou en privé), qu’il devrait dessiner lui-même et qui mettrait la focale sur l’errance d’un Bragon âgé et perdu dans sa folie.
Lire la suite...« L’Appel des origines » T2 (« Nairobi ») par Séjourné et Callède
Dans le Harlem des années 20, la vie de star est quelquefois celle d’une étoile filante. En sera-t-il de même pour Anna, la métisse, qui était il y a peu serveuse le jour s’étourdissant dans les clubs de jazz clandestins, la nuit. Anna, dont la vie a basculé le jour où elle a découvert l’existence de son père inconnu : un Blanc, mystérieusement disparu en Afrique où il est devenu un guide et un chasseur incontournable. Son ami Simon Sachs a trouvé les fonds en projetant de faire un film de ces futures retrouvailles africaines….
Au début de ce tome 2, la voilà à la proue d’un paquebot, aussi belle que nostalgique, aussi excitée qu’inquiète, jouant son rôle de comédienne sous la férule d’un réalisateur cyclothymique. Heureusement, il y a l’amour de Simon, le ciel infini d’étoiles à contempler en silence et les promesses de l’avenir qui ne se limitent pas à celles de l’aube. Après l’escale à Lisbonne, c’est enfin l’Afrique, « généreuse… paradisiaque.. », croit-elle, puis l’Océan Indien et Monbasa. Plus moyen de reculer, de refouler. Comment y parvenir d’ailleurs dans ce port agité, odorant, ivre d’où émerge par bribes l’image de Clarence Whitmore, « une des plus fines gâchettes de tout le Kenya », son père, amateur de beautés noires dont les mauvaises langues disent qu’Anna n’est sûrement pas la seule progéniture ! Il faut s’endurcir et affronter l’intérieur des terres, ce « véritable jardin d’Eden », dit-elle, toujours confiante. Mais peu à peu, le décor se lézarde : la faune sauvage, la violence humaine, la jalousie amoureuse… alors que voilà Nairobi, où son père se terrait entre deux expéditions, un père qui s’intéressait aussi à ses pères, ceux de l’humanité, nos ancêtres, nos origines.
Callède sait parfaitement manier et marier temps forts et temps morts, les clichés de l’Afrique éternelle (incontestables) et les affres d’une femme tourmentée. Le scénario est bien ficelé, les personnages attachants et les sentiments omniprésents. De son côté, Séjourné dessine avec finesse et précision ces contrées chaleureuses et capricieuses à la fois, le tout rehaussé des très belles couleurs de Jean Verney.
Cette aventure à grand spectacle (il y a là un récit cinématographique et romanesque bien huilé) emporte le spectateur qui n’attend que ça, l’évasion et le souffle de l’aventure. Il se laisse donc emporter, fouillant de l’œil ici et là les décors documentés et pittoresques, des ruelles de Nairobi aux animaux de la savane. Et c’est un ravissement (qui s’achèvera dans le tome 3) !
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).
« L’Appel des origines » T2 (« Nairobi ») par Séjourné et Callède
Éditions Vents d’Ouest (13,90 €) – ISBN : 978-2-7493-0649-0
Voir aussi la chronique de Gilles Ratier sur le tome 1 : « L’Appel des origines » T1