« Scorchy Smith » de Noel Sickles

Magnifique réédition réalisée par Dean Mullaney, suivi d’un essai bibliographique de Bruce Canwall. L’introduction est signée par Jim Steranko. 400 pages dont 140 de documents, dessins, photographies sur le génial dessinateur qu’était Noel Sickles, On a beaucoup parlé de Sickles sans l’avoir vu, « Scorchy Smith » ayant eu peu de diffusion ; on laissait entendre qu’il éclipserait Milton Caniff, le jour où il serait redécouvert.

Ce qui a été exhumé depuis, montre qu’il est bien l’initiateur d’un nouveau style, réserve faite des droits de Foster et de Crane, mais son dessin apparaît plutôt lâché, comme dans le document reproduit ici pour son intérêt historique.

Mais Sickles forma Caniff, qui partageait son studio, et dès lors le nouveau style allait dominer la bande dessinée mondiale pendant environ trente ans. Il n’exclut pas hachures et grattages mais chez ses maîtres, surtout chez Caniff, il a suscité de magnifiques exemples de noir et blanc purs, hardiment découpés avec, à la fois, rigueur et imagination Sickles et Caniff formèrent leur assistant commun Alfred Andriola. Sickles influença Bert Christman qui lui succéda sur Scorchy Smith et travers lui les jeunes dessinateurs de comic books naissant (fin des années trente). Sickles et Christman déterminèrent le style de Frank Robbins qui allait devenir le grand rival de Caniff
Ce dernier instruisit son assistant Ray Bailey (Bruce Gentry ), influeça de façon décisive Lee Elias, W. Overgard, Alex Toth, Ken Ernst, Mel Graff ( Secret Agent X-9 ) qui pourrait peut-être, d’ailleurs revendiquer un rôle plus original. Pour prendre la suite de Caniff sur Terry and Pirates , George Wunder commença l’imiter parfaitement. L’influence de Caniff sur les dessinateurs sud-américains fut massive pendant les années quarante. De même sur les jeunes Italiens à partir de 1944 : Pratt, Battaglia, Ongaro ont commencé par « faire du Caniff ». Ce style a été, aussi, parfaitement assimilé par Renzo Calegari. Il en de même pour beaucoup de dessinateurs espagnols : Francisco Hidalgo, par exemple ne cache pas sa vénération pour celui qui a été le maître d’une ou deux générations et encore plus près, Patrice Serres qui lui a été l’assistant de Robbins dans les années 60..

SICKLES, Noel Douglas
États-Unis (1910-1982)
Né à Chillicothe (Ohio), après un début de dessinateur politique pour l’Ohio State Journal, Noel Douglas Sickles va à New York, embauché par l’Associated Press, où il renoue une vieille amitié avec Milton Caniff. En 1934, on lui confie Scorchy Smith, série dessinée par John Perry, qu’il renouvelle entièrement et qu’il signera l’année suivante. Il aide Milton Caniff, qui, depuis, avait arrêté sa production sur Dickie Dare, à la réalisation des premières planches de Terry and the Pirates. À la fin des l’année 1936, il abandonne Scorchy Smith, après avoir essuyé un refus d’augmentation de la part de son Syndicate, et il commence une fructueuse carrière d’illustrateur, pour Life, Reader’s Digest, The Saturday Evening Post, This Week. Une brève parenthèse, en 1938, lorsqu’il collabore avec Caniff et Mel Graff sur The Adventures of Patsy, avec l’aide de Charles Raab. En 1946, il conçoit le graphisme du titre de la nouvelle bande dessinée de Steve Canyon dessinée par Milton Caniff. Sickles abandonne ensuite définitivement le comic strip et se consacre à la publicité, mais sa très courte carrière de cartoonist a été suffisante pour influencer des générations entières de dessinateurs réalistes, qui verront, en lui et Milton Caniff, des maîtres à imiter.

Scorchy Smith
États-Unis
1930
John Terry
Associated Pess Newsfeatures
Le pilote Scorchy Smith naît en juin 1930, réalisé assez médiocrement par John Terry, frère du célèbre Paul, un nom dans le monde du dessin animé américain. Il est directement inspiré du personnage de Charles Lindbergh, véritable héros ayant traversé le premier, sans escale, l’océan Atlantique en mai 1927. Dans cette nouvelle aventure aérienne, rien d’exceptionnel, aussi bien sur le plan narratif que sur le plan graphique. Mais les choses changent sensiblement en 1933, lorsque Terry, gravement malade, doit céder la série à Noel Sickles, qui transforme la personnalité incertaine du héros en le rendant intrépide et désintéressé, toujours prêt à sauter dans son avion pour porter secours. La seule critique que l’on puisse faire au dessin est cet aspect toujours fâché du héros, qui ne sourit presque jamais. C’est d’ailleurs un trait de caractère qui lui collera à la peau par la suite, quand la série sera reprise par d’autres auteurs, souvent médiocres, après avoir été abandonnée par Sickles en octobre 1936 à la suite d’un refus d’augmentation. Bert Christman, notamment, abandonnera le strip à Howell Dodd, alors que les textes étaient rédigés par Frank Reilly. Parmi ces auteurs, on notera Frank Robbins âgé à ce moment-là de 22 ans, qui reprend la série du 22 mai 1939 jusqu’en 1944, et qu’il abandonnera pour créer un autre pilote, Johnny Hazard. À partir de cette date, une succession de dessinateurs vont collaborer à Scorchy Smith, tels qu’Edmond Good, George Tuska, Milt Morris et Row Willard. La série s’arrête en 1960.
En France, cette bande dessinée d’aventures paraît sous le titre de Bob, l’aviateur, dans Hurrah !, dans L‘Astucieux et dans le Supplément de Tarzan. Chez Nostalgia Press, deux albums à l’italienne sont édités, dans les années 70, sous le titre de Scorchy Smith, soldier of fortune.Une réédition signée Noel Sickles paraît chez Futuropolis en 1981.

Claude Moliterni

Scorchy Smith and the Art of Noel Sickles
Publié par IDW PUBLISHING
San Diego. Californie

Galerie

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