La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est manifestement intrigante. Elle n’a été reconnue comme écrivaine qu’après sa mort, sa sœur découvrant alors 1 775 poèmes qu’elle avait écrits. Cette femme de bonne famille, solitaire, indépendante, insoumise et passionnée par les mots l’était aussi par les plantes et le monde sensible qui l’entourait, comme le montre joliment « Le Jardin d’Emily » de Lydia Corry.
Lire la suite...« Boule & Bill » T34 par Laurent Verron, Cric, Pierre Veys et Diego Aranena, d’après Jean Roba
Boule et Bill ont aujourd’hui 54 ans et, pourtant, ils n’ont pas pris la moindre ride, sont toujours aussi roux, chacun dans sa catégorie, aussi vifs et aussi complices. Ils sont restés bloqués dans l’âge tendre de l’enfance, celui que leur créateur, Roba, a fixé une fois pour toutes lorsqu’ils sont apparus dans Spirou, en 1959.
Boule, le gentil garçon facétieux, et Bill, le cocker qui n’a pas besoin de la parole pour s’exprimer, restent aujourd’hui parmi les héros préférés des jeunes lecteurs et lectrices. Et les 34 albums publiés de leurs aventures souvent fort cocasses constituent 25 millions d’albums vendus à travers le monde.
On pourrait s’étonner de cette fidélité et de cette exceptionnelle longévité. Car, dans « Boule & Bill », il n’y a pas d’effets spéciaux, pas de combats inter galactiques, presque pas de nouvelles technologies. Et pourtant, les gamins d’aujourd’hui adorent !
Ouvrir un album de « Boule & Bill », c’est entrer dans un monde très rassurant et paisible, malgré les gags qui amènent par exemple le cocker à détruire un jardin breton impeccable ou le père de Boule à l’hôpital.
« Boule & Bill », c’est une famille stable, avec une mère toujours disponible et apaisante, un père un brin gaffeur, et la tortue Caroline qui est de tous les voyages, et qui forme avec Bill un duo complice et parfois détonnant. Ce sont des êtres qui se parlent, qui aiment faire des choses ensemble, qui sont gentils les uns avec les autres, vivant tranquillement dans une maison confortable. C’est un style graphique rond et expressif et une rafale de gags toujours bien amenés. C’est à la fois un univers intemporel et un monde en voie de disparition, dans lequel on se sent bien, loin du bruit et de la fureur de notre modernité implacable.
Laurent Verron, qui a pris la suite de Roba après en avoir été l’assistant entre 1986 et 1989, est resté fidèle au monde imaginé par Roba, en a gardé l’esprit, tout en introduisant des objets plus modernes. Boule utilise aujourd’hui une caméra numérique, peut se promener à la plage avec un téléphone portable (dont il fait un usage très mesuré) ou regarder la télévision sur un écran plat. Mais l’introduction de ces technologies, suscitant de nouvelles formes de gags, ne change rien au fond.
Voici donc le 34eme album de « Boule & Bill », « Un amour de cocker », dont le succès immédiat a été boosté par la sortie en salle du film d’Alexandre Charlot et de Franck Magnier le 27 février dernier. Cette comédie familiale avec Franck Dubosc (le père), Marina Foïs (la mère) et Charles Crombez (Boule), n’est pas l’adaptation d’un album mais propose un scénario original ancré dans les années 1970.
L’album explore une double thématique, celle des vacances en famille et celle du cinéma.
Les vacances, ce sont les découvertes de l’ailleurs, très différentes pour Boule et Bill, les joies du camping et des concours de châteaux de sable, les parties de paintball, les listes interminables à établir pour ne rien oublier sur la plage ou l’art de la séduction, que Boule maîtrise encore assez mal.
Et puis Boule se découvre une passion et met en scène toutes sortes d’histoires qu’il filme avec sa caméra numérique. Toute la famille est mise à contribution, y compris Caroline, la tortue car Boule envisage d’être un grand cinéaste animalier quand il sera grand. Son père campe un Tarzan, certes un peu fluet, mais convaincant tout de même, et le copain Pouf n’hésite pas à mouiller la chemise en capitaine courageux. Ces deux fils rouges qui s’entrecroisent sont parfois coupés par des intermèdes très drôles, comme la planche intitulée « Les Critiques » où l’on voit six cabots regardant les aventures de Tom et Jerry.
De la tendresse, beaucoup, de l’humour, de la joie de vivre et une profonde humanité. Voici un album qui revigore, qui fait du bien et devrait être, à l’évidence, remboursé par la sécurité sociale !
Catherine GENTILE
« Boule & Bill » T34, par Laurent Verron, d’après Roba
Éditions Dargaud (10,60 €) – ISBN 978 2 505 01709 5