Créé en 2018 pour « Une aventure de Spirou par… », Ptirou — le personnage central du premier album — évoque les origines du personnage de Spirou créé en 1938 par Rob-Vel (1). Disparu tragiquement dès ce premier épisode, le jeune rouquin permet à sa jeune compagne appréciée par les lecteurs de devenir l’héroïne principale d’une série autonome (2). Fille — de bonne famille — du directeur de la Compagnie générale transatlantique, adolescente fragile dans le premier récit, Juliette de Sainteloi devient grande reporter-écrivaine indépendante, témoin des grands événements du XXe siècle sous le nom de Mademoiselle J. Protégée par le fantôme de Ptirou, c’est une femme libérée, humaniste, en avance sur son temps.
Lire la suite...« Clichés de Bosnie (Bosanska slika) » par François Ravard et Aurélien Ducoudray
Le reportage en bandes dessinées serait-il devenu un genre en soi ? Pas si sûr, car à l’exception de réussites notables (comme celles de Guy Delisle et ses « Chroniques de Jérusalem »), ce savant mélange n’a pas encore complètement les faveurs du grand public ; même s’il fait, aujourd’hui, de nombreux émules. Quoiqu’il en soit, le récit du voyage en Bosnie d’Aurélien Ducoudray, alors photographe de presse pour un petit quotidien de province (L’Écho du Centre, dissimulé ici en Le Cri du Peuple) qui s’est fait embarquer dans un convoi humanitaire, sort du lot !
Cette histoire intimiste, aussi cocasse que bouleversante, est fort bien mise en images, dans un style « roman graphique » bien adapté, par son complice illustrateur François Ravard ; ce dernier n’ayant pas hésité, sept ans plus tard, à refaire le même périple pour mieux croquer les habitants de ce pays toujours marqués par des années d’un des plus importants conflits de la fin du XXe siècle.
Notre futur scénariste (« La Faute aux Chinois », « Championzé », « Gueule d’amour », « Békame », « El Paso »…) va donc accompagner, en 2004, une association caritative de Limoges qui ravitaille, une fois par an, des camps de réfugiés en Bosnie-Herzégovine : histoire de changer son quotidien alors uniquement composé d’informations locales pas toujours très excitantes, de photos de kermesse, de portraits d’entreprises ou d’anniversaires en maisons de retraite. Bien des années après la fin de la guerre civile qui a ravagé les paysages et la population, il va en découvrir les retombées sur une population démunie et meurtrie, minée par des divisions ethniques encore très présentes et livrée à elle-même ou à la mafia locale.
Bien que cette expérience l’ait évidemment complètement bouleversé, le jeune journaliste-photographe a pris le parti de s’atteler à la retranscrire sur le mode cocasse, en insistant sur le côté branquignol et sympathique des bénévoles hauts en couleur qui l’ont entouré (notamment l’étonnante et dynamique Arlette qui était à l’initiative de ce projet), sans omettre de dépeindre la gravité des événements et la misère ou le fatalisme des attachants autochtones : un équilibre fort réussi pour ce bel exercice de narration graphique complété par un dossier qui est composé d’une sélection de plusieurs photos ayant servi à l’élaboration de l’album et de divers croquis de recherche réalisés sur place.
Gilles RATIER
« Clichés de Bosnie (Bosanska slika) » par François Ravard et Aurélien Ducoudray












