Aviez-vous, jusque-là, entendu parler d’Eadweard Muybridge ? Certainement pas, ou si peu ! Grâce à Guy Delisle — auteur québécois célèbre pour ses bandes dessinées autobiographiques (dont « Pyongyang », « Chroniques birmanes », « Chroniques de Jérusalem » et « Le Guide du mauvais père ») —, vous allez pouvoir en savoir plus sur ce personnage, injustement oublié par l’histoire, qui fut le premier homme à dompter le mouvement et à projeter un film. À travers cette chronique d’une passion obsessionnelle, Guy Delisle va, avec beaucoup d’humour et avec son caricatural trait stylisé, reconnaissable au premier coup d’œil, vous expliquer comment un type complexe, au sale caractère, voire misanthrope dans l’âme, va réussir à d’arrêter le temps.
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Depuis 2004, les éditions Le Coffre à BD rééditent, avec l’accord de son héritière, l’intégralité des ?uvres de l’auteur belge Sirius (« L’Épervier bleu », « Timour », « Bouldaldar », « Simon le danseur », « Pemberton », « Godefroid de Bouillon », « Caramel et Romulus »?) : des albums que l’on ne peut se procurer qu’en les commandant directement sur leur site : http://www.coffre-a-bd.com
Max Mayeu, surtout connu sous le nom de Sirius(1), fut l’un des piliers originels des éditions Dupuis, pratiquant avec énergie et originalité tous les genres, du réalisme à l’humour, en passant par l’onirisme. Par l’influence qu’il a eue sur de nombreux dessinateurs de l’hebdomadaire de Marcinelle, un peu à l’instar d’un Jijé (Joseph Gillain), on peut dire que son rôle a vraiment été déterminant ; et il est dommage, qu’aujourd’hui, les responsables de cette vénérable maison, qui réalisent pourtant des merveilles en rééditant bien d’autres séries qui font partie intégrante de leur patrimoine, ne s’en rendent pas toujours vraiment compte.
Né à Soignies, en Belgique (le 26 septembre 1911), son enfance a été bercée par les voyages, suivant les itinéraires professionnels de son ingénieur de père, de l’Espagne au Midi de la France : où ce dernier dirigea les travaux d’électrification des chemins de fer sur la ligne Toulouse-Bordeaux. Habitant alors à Tarbes, il décroche son bac à 15 ans (avec dispense) ! Puis, le jeune Max étudie le droit et la philosophie à l’Institut Saint-Louis et à l’Université de Bruxelles, complétant sa découverte du monde et son goût pour les grands horizons en dévorant les romans d’aventures de Jack London, Joseph Conrad ou James Oliver Curwood.
Pendant ce cursus universitaire, il s’essaie d’abord au journalisme dans des magazines estudiantins comme L’Avant-Garde et dans l’éphémère Le Nouveau Journal. Il multiplie même articles et reportages pour le quotidien La Libre Belgique et pour son supplément Le Patriote illustré où il signe une rubrique intitulée « Le Point de vue de Sirius ». C’est suite à la défaillance d’un illustrateur, qui devait lui fournir des dessins pour ce billet d’humour, qu’il se met à illustrer lui-même ses textes (gardant alors le pseudonyme de Sirius)(2).
C’est dans cet hebdomadaire belge à clientèle bourgeoise qu’il commence timidement à placer quelques bandes dessinées(3) et qu’il crée, en 1938, sa première série importante : « Bouldaldar et Colégram ». Sous le titre « Les Aventures de Polochon » et la signature de Marco, cette même fantaisie poétique à l’univers gentiment loufoque, mettant en scène un petit garçon et une sorte de lutin, sera complétement redessinée pour le magazine bruxellois Bravo ! créé par Jean Meuwissen (lequel accueillait aussi les débuts d’autres dessinateurs célèbres comme Edgar P. Jacobs(4), Jacques Laudy, Willy Vandersteen(4) ou Jacques Martin(4)).
« Bouldaldar et Colégram », que l’on retrouvera plus tard, relancé par la World’s Press, dans La Libre Junior (de 1950 à 1957), dans Pistolin, (de 1955 à 1956), dans Bonnes Soirées (de 1977 à 1983) et dans Spirou (en 1970, puis en 1980 et 1981),est l’une des premières productions francophones d’avant-guerre correspondant aux nouveaux critères imposés par la bande dessinée américaine, laquelle s’est fortement implanté en Europe : dialogues dans des bulles et textes descriptifs limités à l’essentiel ; au détriment de ceux de la vieille école française où des images surmontaient des textes abondants et souvent redondants. Une agence américaine installée à Paris s’offre même de replacer cette série enfantine dans le monde entier, mais la guerre bat désormais son plein. Les Allemands occupent l’Europe et Sirius est contraint d’interrompre ses créations. Pour survivre, il se fait alors embaucher dans un atelier de décoration travaillant pour une chaîne de grands magasins.
Le démon de l’image continuant de le hanter, il participe, en 1941, à la revue Arc en ciel. Puis, sous le pseudonyme de Badour, il dessine, à la même époque, les amusantes aventures animalières de « Niki le lapin » : un petit album peu connu, avec les textes sous les vignettes, commandé par les papeteries de Genval.
Un de ses amis l’aiguille alors vers les éditions Dupuis qui tentent de maintenir en vie l’hebdomadaire Spirou, malgré la limitation dans l’attribution du papier. Elles cherchent surtout à combler les pages qui risquent de devenir vides suite à la menace de suppression, par les autorités occupantes, de toutes les vedettes américaines qui y étaient publiées (« Dick Tracy », « Red Ryder », « Superman », « Brick Bradford », « Scorchy Smith » alias « Bob l’aviateur »…) : si Jijé va pouvoir assumer les suites de certaines de ces séries, il leur faut trouver de la main d’œuvre capable de se mouler dans le style réaliste des maîtres de la bande dessinée « made in USA ». C’est ainsi que Sirius y crée, le 23 juillet 1942, les aventures exotiques de l’aventurier « L’Épervier bleu » : un héros désinvolte, graphiquement très inspiré par les bandes américaines ; mais, le 2 septembre 1943, les Allemands finissent par interdire provisoirement le journal, suite au refus formel, de la part de la direction des éditions Dupuis, de l’intrusion d’un administrateur nommé par la Propaganda Abteilung.
Le même mois, Spirou reparaît pourtant, déguisé en un petit album de 44 pages : L’Espiègle au grand cœur. Au sommaire, on trouve les 16 premières bandes fantaisistes de « Caramel et Romulus » qui sont, en quelque sorte, la suite des rêves poétiques esquissés dans « Bouldaldar » et que l’on retrouvera, le 5 octobre 1944 (soit quatre semaines après l’entrée des Américains à Charleroi), dans un numéro spécial de 20 pages.
Á la Libération, les publications des éditions Dupuis renaissent avec force et vigueur. Outre dans Spirou, Sirius multiplie les illustrations et les dessins d’humour dans Le Moustique (hebdomadaire consacré à la radio puis à la télévision). Il y crée même, d’octobre 1944 à août 1946, une série fantaisiste sans phylactère, mais avec un court texte inséré au hasard des blancs de la page : « Mémoires de Célestin Virgule », sorte de monologue philosophique et humoristique abondamment imagé. Par la suite, en 1947, Sirius illustrera aussi les récits d’une nouvelle collection de romans toujours publiée par les Dupuis : « L’Hebdomadaire des grands récits ». La plupart étaient signés Xavier Snoeck : l’écrivain qui écrira les synopsis de la saga des « Timour » et que se chargera de mettre en images Sirius, à partir de 1953(5).
Entre 1945 et 1946, l’infatigable mais réservé dessinateur crée aussi « Fred Morgan », en dernière page d’un fascicule intitulé OK guerre et aventure, série d’aventure qui sera reprise dans la revue Curiosity Magazine de Michel Deligne, vers 1975.
Tout en poursuivant « L’Épervier bleu » et illustrant des romans comme « L’Aile rouge » (d’ Yves Legros, alias Xavier Snoeck, en1945), « Planète hostile » (1946),
« Le Secret de l’Inde » ou « Ourson tête de fer » (1949), Sirius propose aussi « Godefroid de Bouillon », une passionnante biographie publiée dans Spirou, en 1946 : la vogue pour ce genre de productions historiques, provocant un engouement pour les personnages hauts en couleurs ayant réellement existé, avait été lancée par le « Don Bosco » de Jijé, dès 1941. Á noter que les premières planches de « Godefroid de Bouillon » ont été dessinées, par inexpérience et naïveté, au format de parution ! Par la suite, Sirius peaufinera l’efficacité de son style en optant pour un format de deux à trois fois supérieur à celui de l’impression(6).
Hélas, en 1953, Sirius doit interrompre « L’Épervier bleu » qu’il avait envoyé sur la Lune à la poursuite de gangsters. Cela n’a pas été du goût de la commission de censure française qui trouva cet épisode (« La Planète silencieuse ») trop débilitant pour la jeunesse. Il ne reprendra son héros que vingt ans plus tard (de 1973 à 1977), toujours dans Spirou, sous l’impulsion du dessinateur et scénariste Jean-Marie Brouyère(7), le temps de quatre nouveaux épisodes. Si Jean-Marie Brouyère donna également un coup de main graphique à Sirius en se chargeant des décors, les deux scénarios qu’on lui attribue ont certainement dû être écrits avec l’aide du rédacteur en chef de l’époque, Thierry Martens ; en effet, celui qui se dissimulait quelquefois sous le pseudonyme de M. Archive ou de Térence était coutumier de l’anonymat, co-écrivant souvent, sans les signer, pas mal de scénarios crédités Jean-Marie Brouyère : comme « Aymone », « Blue Bird », « Ronny Jackson » ou « Les Chevaliers du pavé ».
En 1953, alors que « L’Épervier bleu » se débat avec ses problèmes de censure, l’écrivain belge Xavier Snoeck propose le thème de la grande saga des « Timour » qui raconte l’histoire d’une famille à travers les âges et les pays. Les héros sont tous roux, courageux et humanistes… L’idée plaît à Sirius et la série ne prendra fin, dans Spirou, qu’en 1992 (sans oublier deux courts récits de quatre pages publiés dans l’éphémère Risque-Tout, en 1956).
Les nombreux épisodes des « Timour », qui courent de la préhistoire à la fin du Moyen-Âge, ont permis de remplir, en tout, trente-quatre opus : la plupart furent publiés par les éditions Dupuis et sont aujourd’hui en cours de réédition au Coffre à BD, éditeur qui propose aussi des inédits rassemblant de courtes histoires non réunies en album par Dupuis.
Remarquons, toutefois, qu’après une longue interruption en 1970, Sirius reprend ses « Images de l’histoire du monde » en 1978, puis de 1984 à 1992, en leur faisant prendre une tournure assez parodique, voire même plutôt pessimiste en ce concerne l’un des derniers qui présentait une humanité en guerre avec, à l’horizon, un champignon atomique qui s’élevait. De quoi dérouter les lecteurs fidèles de cette épopée qui fut, toutefois, toujours surprenante et dont certains récits étaient très originaux et même hardis pour l’époque.
Parmi les autres séries moins connues de Sirius, il faut signaler sa reprise, entre 1957 et 1958, de « Luc Junior » ; certainement sur un scénario de Greg, lequel reprendra le personnage à sa suite, avec l’aide graphique de Mittéï. Á noter que ce détective emblématique de La Libre Junior (le supplément jeunesse de La Libre Belgique) avait été créé par Albert Uderzo et René Goscinny, en 1954.
Mais n’oublions pas deux autres séries qui témoignent de son amour de la mer et de la diversité de son immense talent :
- le boucanier « Simon le danseur », sur un scénario du Flamand J. Daniel (alias Daniel Janssens), publié de 1970 à 1972, dans Spirou.
- et les aventures humoristiques, grinçantes et fantastiques du gouailleur, hâbleur et menteur « Pemberton », marin malchanceux créé dans Pilote, de 1972 à 1980.
Cette dernière série, destinée à un public plus adulte, était dessinée avec la complicité de son ami Gérald Forton, du moins pour les premiers épisodes. En effet, Forton émigre aux États-Unis et Sirius continue seul la série, de 1974 à 1980. En 1977, à l’occasion de la création du Trombone illustré (voir le « Coin du patrimoine » consacré à ce dernier), Sirius parodie sa propre série en proposant les péripéties d’un certain « Penthergast » qui ressemble à s’y méprendre à son cousin « Pemberton » et dont un épisode de six pages trouvera même asile dans le journal Spirou, après la disparition du Trombone, en 1978.
Son dernier héros, « Gaspard la tisane » évoluait, comme la plupart de ses derniers « Timour », dans un Moyen-âge de pacotille ; et ces 44 planches, réalisées dans un style plutôt humoristique, ont été publiées d’un bloc, dans le deuxième numéro spécial de Spirou sous-titré album+ (en juin 1982), contenant, comme son nom l’indique, un album complet : expérience qui ne sera guère concluante et qui servait surtout à caser quelques fonds de tiroirs…
Ce prolifique dessinateur, qui publia aussi diverses histoires brèves humoristiques dans Spirou(8) ainsi que des biographies réalistes de dames célèbres dans Bonnes Soirées(9), dédaignait les honneurs et se montrait très rarement dans les manifestations organisées autour de la bande dessinée. C’est donc dans la plus grande discrétion qu’il dessinait encore, malgré son grand âge, tentant toutefois de profiter de sa retraite en naviguant sur son propre bateau (Le Sirius) au large des côtes d’Alicante, ville de la Costa Blanca du sud de l’Espagne où il s’était installé pour raisons de santé. Il terminera tranquillement son immense carrière à Jávea (en Espagne), le 1er mai 1997, loin de tout tumulte médiatique.
GILLES RATIER, avec Christophe Léchopier (dit « Bichop ») à la technique
(1) Pour en savoir plus sur Sirius, on pourra consulter les revues Bédésup n°14-15, RTP n°14, Schtroumpfanzine n°16, Graffito n°4, L’Age d’Or n°2, Le Collectionneur de Bandes Dessinées n°83, Hop! n°74, Bédéka n°18, Le Monde du 6 mai 1997, Spirou n°3088…, les ouvrages « Á la rencontre de la BD » par Jean-Claude Faur et « L’Âge d’or du journal Spirou » de François-Xavier Burdeyron aux éditions Bédésup en 1983 et 1987, ou le catalogue de l’exposition « Hommage à Sirius » à l’Elfe de Quiévrain, en 1986. Mais aussi, et surtout, le n°1856 de Spirou dont l’article très documenté et très illustré, intitulé « Á la rencontre de Sirius » (signé M. Archive, alias Thierry Martens), nous a beaucoup servi pour écrire cet article.
(2) Il décide, sur-le-champ, de devenir dessinateur en apprenant, par un copain illustrateur, qu’un dessin de sept centimètres sur huit, lui demandant à peine un quart d’heure de travail, était payé autant qu’un article de deux pages…
(3) Dans le n°2 de la nouvelle série du bulletin L’Age d’Or, un certain Lannes parle aussi d’une bande dessinée sans titre, signée Sirius, publiée dans Le Patriote illustré entre 1938 et 1939 et qui fut reprise pendant la guerre dans Ons Rakkersblad, une publication néerlandaise des éditions Ivanov à Gand, sous le titre de « De Avontuurlijke reis Bolleke en Nonkel Krispijn » : une sorte de variante, tout aussi poétique et enchanteresse, de « Bouldaldar ».
(4) À leur sujet, voir les « Coins du patrimoine » suivants : bdzoom.com/4010, bdzoom.com/3906 et bdzoom.com/3651.
(5) C’est dans 26 de ses romans publiés dans la collection « L’Hebdomadaire des grands récits », que Xavier Snoeck pose les bases de ce qui va devenir « Timour ». Il s’agissait des « Grands combats de Cor », de 1948 à 1950 : le héros restait génétiquement le même à travers une saga s’étendant de la période gallo-romaine jusqu’aux croisades, mais il s’agissait, à chaque nouvelle aventure, de l’un de ses descendants.
(6) En 1978, « Godefroid de Bouillon » est réédité dans Spirou et, pour l’occasion, Sirius redessine certaines cases et planches qu’il juge trop datées. Au sujet de « Godefroid de Bouillon », Bernard Coulange (le responsable du Coffre à BD) nous signale qu’il existe un mystère qu’il n’a pas encore réussi à résoudre : dans la première version de l’album des éditions Dupuis (celle reprise par le Coffre à BD), on passe de la planche 17 à la planche 19 et, en haut de la planche 19, il y a le texte « Quelques heures plus tard… ». Que s’est-il passé pendant ces quelques heures ? Pourquoi cette planche 18 n’a-t-elle pas été publiée (lors de la publication dans Spirou, on passe aussi de la planche 17 à la planche 19) ? La fille de Sirius n’ayant pas cette planche, elle n’a pas la réponse à ces questions… Et toujours en ce qui concerne le projet de réédition de tout Sirius, Bernard Coulange profite de cet article pour passer une annonce : il recherche toutes les planches de « Célestin Virgule » parues dans Le Moustique ainsi que l’album « Niki le lapin ». Avis aux collectionneurs et amateurs !!!
(7) Cet habile artisan de la bande dessiné populaire vient hélas de disparaître (le 10 décembre 2009), mais cela faisait déjà longtemps qu’il ne se consacrait plus qu’à la peinture. Né en 1943, il se forme chez Maurice Tillieux, de 1962 à 1966, en redessinant des épisodes remontés de « Félix » destinés à être réédités dans Samedi Jeunesse (magazine belge qui rééditera les premiers « L’Épervier bleu » en 1966 et où Brouyère créera l’éphémère « Gédéon Bonbon », en 1970), en alternance avec Bob De Groot. On le retrouve ensuite au studio Greg, toujours avec Bob De Groot, mais aussi avec Turk, Dany, Dupa et Hachel, sur les histoires des « As », dans Vaillant. C’est d’ailleurs Greg, alors rédacteur en chef de Tintin, qui lui permit de faire ses premiers pas dans ce journal comme dessinateur (« Onomatopas » en 1966 et « Toutouffu » en 1969), mais aussi comme scénariste en lui laissant le soin de poursuivre les aventures de « Tommy Banco » dessinées par Eddy Paape, en 1972. C’est pourtant dans Spirou qu’il s’impose, dessinant « Al Alo » en 1970 ou « Bug 30 » en 1972, et scénarisant surtout le baroudeur musclé « Archie Cash » (dessiné par Malik dans un style très réaliste). Puis, ce sera « Capitaine Lahuche » pour Francis (1971), « L’Épervier bleu » pour Sirius et « Les Naufragés de l’escalator » pour Antoinette Collin (1973), « Aymone » pour Renaud (1975), « Navaho Kid » pour Alain Masson (1976), « Blue-Bird » pour Malik (1975), « Petite chronique vénusienne » pour André Geerts, « Les Chevaliers du pavé » pour Jean-François Charles et « Ronny Jackson » pour Jean-Claude Servais (1977), « Coursensac et Baladin » pour Bernard Hislaire (1978), « Hans et Marie» pour Guy Clair (1981)…, sans oublier « Cristalline » qu’il dessine lui-même dans un album des éditions Deligne, en 1980.
(8) « La Tramontane » (5 planches en 1970), « Drôle de compte de Noël » sur un scénario de Jacques Devos (6 planches en 1970), « Sylvain Déboulonnais, l’inventeur du printemps » (4 planches en 1974) et « Lariflette passe le temps » (5 planches en 1978).
(9) « Diane de Poitiers » (15 planches en 1983), « La Reine Margot » (16 planches en 1983), « Aliénor d’Aquitaine » (16 planches en 1983 et 1984), « Christine, roi de Suède » (20 planches en 1984). Hélas, alors que la nouvelle rédaction ne porte plus d’intérêt à la bande dessinée, de nombreuses interruptions se produisirent au cours de cette ultime programmation qui restera finalement inachevée. Un autre portrait vigoureux de « La Divine Lady » fut également dessiné par Sirius mais, à notre connaissance, ne fut jamais publié.
Merci pour cet excellent article sur cet auteur au style vigoureux et chaleureux.
Je pense que s’il est aujourd’hui un peu oublié, c’est en partie à cause de l’irrégularité de sa production, chacune de ses principales séries (L’épervier bleu, Timour, Pemberton) comportant de véritables bijoux plein de puissance et de verve… et des épisodes un peu poussifs ne laissant guère de souvenirs. Il faut donc de la curiosité pour apprécier vraiment l’oeuvre de Sirius et je ne sais pas si c’est la qualité principale des éditeurs actuels. Pourtant, c’est vrai qu’en sélectionnant le meilleur, il y aurait matière à éditer quelques magnifiques pavés de quelques centaines de pages.
Concernant Thierry Martens, j’ignorais qu’il co-scénarisait ainsi la plupart des histoires de Jean-Marie Brouyère. En y réfléchissant, c’est vrai que ce dernier a quelque peu disparu du journal Spirou une fois que Thierry Martens en a quitté la direction. Dans le cas de « Blue Bird », j’en étais resté à la version « officielle » telle qu’elle avait été exposée dans Spirou à l’époque dans un édito de Mr Archives (Thierry Martens). Ce dernier expliquait que Jean-Marie Brouyère avait été victime d’une dépression et qu’il ne pouvait plus assurer la livraison du scénario de la série. La rédaction (Thierry Martens) avait donc demandé à Térence (Thierry Martens) un de ses scénaristes-dépanneurs de continuer l’oeuvre dans le respect de… , etc. C’est la même version qui apparait dans l’édition en album à la page de garde du tome 2 : » Personnages et scénario des planches 46 à 62 de J-M Brouyère, scénario des planches 63 à 91 de Térence). J’ai relu l’histoire récemment et pour être franc, cette idée de reprise en cours de route me semble quand même assez plausible car le ton de l’histoire change et des facilités scénaristiques apparaissent (la scène du hold-up un peu nigaude entre autres). Bref, s’il s’agit de dépannage, il faut tirer son chapeau à Martens qui au pied levé s’en est quand même plus qu’honorablement sorti… mais s’il s’agit d’un co-scénariste qui débarque son coéquipier en cours d’ouvrage, c’est une grave erreur car le début de l’histoire était bien meilleur quand même…
Enfin, concernant Jean-Marie Brouyère, je me souvient d’une autre pépite à laquelle il a participé : ça s’appelait « Le pousse-caillot » me semble-t-il. Il était accompagné au dessin par Wasterlain et Hislaire. Le scénario était de Raoul Cauvin et ça racontait l’histoire d’un bonhomme qui avait été rétréci à une taille microbienne pour être injecté dans un corps humain afin d’y régler des problèmes médicaux. Il y a eu deux courts épisodes et dans l’un d’eux, un virus tombait amoureux du personnage principal.
Martens a bien terminé « Blue Bird » suite à une dépression de Brouyère. Mais, comme je l’ai indiqué dans mon article, il co-écrivait ou peaufinait souvent les scénarios de ce dernier, surtout pour les derniers que Brouyère a écrit. C’est du moins ce qu’il m’avait confié lors de la réalisation de mon ouvrage sur les scénaristes (« Avant la case » aux éditions PLG réédité et complété en 2005 chez Sangam). Martens avait l’habitude de ne pas signer certains de ces scénarios (rien que dans Spirou, c’est le cas pour : « Les Compagnons du Tour de France » avec Henri Desclez en 1972, « Kim Norton » et certains « Paul Foran » pour José Larraz en 1977 et en 1979…) ou de se dissimuler sous un pseudo (« Johnny Paraguay » avec Malik en 1983, « Vincent Murat » avec Frank en 1984, « Aryanne » avec Michel Guillou de 1986 à 1992…) : c’étaient plutôt des coups de main qu’autre chose !
Cordialement
Gilles Ratier
En fait, cette tendance à la discrétion scénaristique des rédacteurs en chef est finalement assez classique. Outre Thierry Martens, il y a les cas célèbres de Jacques Van Melkebeke et Yvan Delporte… Mais il me semble qu’Alain de Kuyssche avait également fait anonymement un scénario pour Hulet (scénario dialogué par Duchâteau qui était seul crédité). Sans compter Greg qui signait Louis Albert ses histoires de Bruno Brazil… Je suis sûr que vous connaissez des tas d’autres exemples sur les scénaristes fantômes et que vous pourriez faire un sujet là dessus.
Pour ce qui est de l’édito sur la reprise de Blue Bird, j’en avais un souvenir assez précis car ça m’avait semblé particulièrement incongru à l’époque que quelqu’un dont le métier était d’écrire des histoires pour les gamins (j’étais alors mon gamin préféré) puisse avoir une dépression.
Amicalement.
Bonjour
C’était en 1958, j’avais 11 ans et je venais d’entrer au lycée.
Déjà, depuis l’école primaire j’avais la passion pour l’histoire.
Avec mon entrée au lycée je venais de découvrir l’histoire de la gréce antique (Marathon, Péricles, Alexandre et j’en passe).
Près du lycée, se trouvait une petite librairie, un local sombre et mal rangé, ou l’on vendait entre autre des livres de classes.
Dans la vitrine, trônaient quelques albums de BD, Lucky Luke, Johan et Pirlouit etc…
Mais celui qui me faisait le plus rêver, c’était un album de Timour 3le glaive de bronze ». La couverture représentait un cavalier Grecque, le glaive dans une main et le bouclier dans l’autre, le tout sur un fond de ciel bleu azur, pret à bondir hors de son cadre.
J’ai fini par convaincre ma mére de m’acheter cet album.
Ma passion pour cette série ne n’a jamais quitté. A chaque nouvelle aventure dans Spirou, c’est un voyage dans le passé que je faisais.Les années ont passé et je ne suis devenue ni dessinateur de BD, ni professeur d’histoire mais cadre à France Télécom (nul n’est parfait…)
J’ai racheté tous les albums de la collection, j’ai même racheté des vieux Spirou pour retrouver les planches dans leur parution d’origine.
Cela m’a permit de mieux cerner cette grande saga familliale; Celon moi, les meilleurs albums se situaient dans la période dite « Barbare » qui suit l’effondrement de l’empire Romain.
« Timour contre Atilla » « Le cachot sous la Seine » » « Le cavalier sans visage »
Ces histoires déssinées au début des années 60, sont les mieux réussit tant sur le plan du dessin, des couleurset sans oublier les textes toujours remarquables.
Je tiens l’album « Le cavalier sans visage » pour le meilleur de tous. Les 20 premières planches qui racontent le siége et la prise d’Alicante par les Maures constituent le chef-d’oeuvre de la série et un monument de la BD.
Par la suite la série perdra de plus en plus en qualité, mais les couvertures de chaque album resteront splendides. Sirius s’inspirait des grands maîtres de l’affiche (Cassandre ou Capiello) pour allait à l’essentiel et provoquer l’achat.
La plus belle étant pour moi « le gladiateur masqué » d’ou se dégage une impession de force et de puissance tranquille de ce Mirmillon sortant des entrilles du Colisé.
Un jour, sur internet j’ai découvert que Sirius s’apellait en réalité Max Mayeu, que c’était un homme distingué et discret qui detestait la fréquentation des salon de BD.
Je vous remercie, ainsi que le coffre à BD de lui rendre hommage, car il fait parti des grands de cet art.
Pour terminer cet article je citerai, un magnifique texte parmi tant d’autre de ce dessinateur qui écrivait aussi bien qu’il dessinait
:La Laguna: vaste étendue d’eau séparée de la mer par une bande de terre étroite et basse. Ca et là émergent des îlots ou vivent, pauvres et tranquilles , des pêcheurs des bergers, des sauniers; cent dix sëpt îlots en tou, dont le plus grand, le plus élevé au-dessus des flots est appelé le « RIVO ALTO » dont on fera plus tard le « RIALTO »
Les grandes invasions barbares déferlent sur les routes ou avaient résonné les pas pesants des légions romaines etc…
Max mayeu (la gondole noire)
Ping : Sirius, Bouldaldar et Colégram (1938-1983) | Amicale des Amateurs de Nids à poussière
Bonjour ches amis de BD zoom j’ai une question concernant la serie Les Timour de Sirius. Pourriz vous me confirmer que la derniere histoire dessinee par Sirius est bien Colonel Baron (sur Spirou en 1992)?En effet selon bdoubliees il y a une derniere histoire publiée en 1997 apres les deces du dessinateur et apres 5 annes de la publication de Colonel Baron…Peut-etre il s’agit d’une vieille histoire publiee en occasion du deces ou retrouvée dans les archives de Spirou?
Merci bcp d’avance. Cordialement
Fabio
Colonel Baron n’est pas la dernière histoire dessinée par Sirius mais la dernière publiée dans Spirou. En effet, la plus grande partie des dernières histoires est sortie directement en album.
Mais l’histoire publiée en 1997, Timour et le dieu d’or, date de 1956, publiée à l’époque dans Risque-Tout.
Ping : Tentacle Tuesday: seafaring octopuses and the men they have shamelessly devoured – Who's Out There?
Bonjour, y a t il moyen d imprimer tout ça. Sa fille habite à Jávea et cela lui fera plaisir. Merci.
Dernière phrase de la dernière note : « Un autre portrait vigoureux de « La Divine Lady » fut également dessiné par Sirius mais, à notre connaissance, ne fût jamais publié. » Il ne devrait pas y avoir d’accent circonflexe sur le deuxième « fut ».
Merci pour ce superbe article, si bien écrit ; et merci aux internautes qui y ont ajouté de passionnants commentaires.
Merci Lothaire pour vos félicitations !
Et nous avons corrigé la faute d’orthographe…
Bien cordialement
La rédaction
J’ai toujours beaucoup aimé Sirius et surtout la série Timour.Il y avait dans cette série une sorte de poésie moyenâgeuse que j’aimais beaucoup,dans les albums « Le cavalier sans visage » ou « L’ombre du Cid » par exemple.C’était un de mes auteurs préférés dans mon enfance.