Ansor. Hendrikus Ansor, commissaire de son état. Imaginé par le dessinateur Olivier Wozniak et le scénariste Patrick Weber, le fin limier ostendais revient dans une deuxième enquête qui prend corps dans la prestigieuse station thermale de Spa, en Belgique wallonne. Le lieu, le genre, le style, tout concourt à faire des enquêtes d’Ansor un futur classique.
Lire la suite...Une exposition choc : « La Mort de Staline » à Blois
Sylvain Gache et Nelly Bris (co-commissaires), entraînant l’ensemble de l’équipe de bd BOUM (1), ont concocté une exposition qui marie la surprise, la provocation et l’information, autour de la BD « La Mort de Staline » de Fabien Nury et Thierry Robin (chez Dargaud), prix Château de Cheverny-Rendez-vous de l’Histoire de la BD historique 2012. Trouvant un réel équilibre entre le souci d’informer et le rendu de l’esprit satirique de « La Mort de Staline », l’exposition présente de nombreuses planches tirées de l’album, des documents d’archives et des effets parfaitement scénographiés.
Une exposition parcours
Tout commence par le salon où Staline fut retrouvé mort à la suite d’un AVC. Suit la galerie des portraits des leaders du régime (Molotov, Beria, Khrouchtchev, etc.), et le bureau de Staline, qui est l’occasion de rappeler certains faits historiques, notamment le culte de la personnalité. L’espace de la mort de Staline se décompose en deux. D’abord, une partie officielle où sont montrés des extraits de journaux et une vidéo (avec le long défilé des officiels venant se recueillir devant le corps). Puis, au détour d’une cloison, par un effet de surprise saisissant, le visiteur se retrouve nez-à-nez avec une reconstitution du corps de Staline exposé dans son cercueil, en uniforme, tel qu’il vient de le voir dans le film. Au mur, les planches de Thierry Robin permettent de suivre le parcours de l’ancien séminariste géorgien jusqu’à sa mort.
Une exposition pédagogique
L’enjeu pour Sylvain Gache et Nelly Bris, a été triple : d’abord respecter et restituer l’esprit de l’album, présenter ensuite un arsenal documentaire capable d’éclairer les ressorts du scénario (qui est d’abord un récit historique), et enfin utiliser les ressources du dispositif scénique pour plonger le visiteur au cœur de l’URSS stalinienne. Ils y réussissent parfaitement, avec plusieurs temps forts : d’abord une série de caricatures, notamment une belle galerie de portraits extraits de l’album de Fabien Nury et Thierry Robin, chacun étant agrémenté d’une biographie ; ensuite des documents d’archives (Unes de journaux annonçant la mort de Staline, archives filmées, affiches célébrant le culte du « Petit père des peuples ») qui permettent de prendre conscience de l’ampleur et des mécanismes du culte de la personnalité qui entoura Staline, et enfin une série de lieux et d’objets renvoyant à l’univers du maître du Kremlin.
Une exposition coup de poing
« Provoquer, c’est communiquer », explique Sylvain Gache à propos de son jeu d’affiches annonçant l’événement sous l’injonction «Viens rendre un dernier hommage au camarade Staline ». De fait, l’exposition entend restituer l’atmosphère d’une époque qui semble souvent à la fois lointaine et proche. L’album est en effet l’occasion d’entrer dans une certaine intimité du dirigeant de l’URSS, mais également de découvrir les mécanismes réels du pouvoir, où les grandes décisions se conjuguent avec des calculs politiciens, où la propagande se dispute aux inimitiés personnelles, où l’idéologie s’efface souvent devant les réflexes de survie, alors que la peur, la méfiance et la duplicité semblent partout. Les commissaires de l’exposition ont choisi de respecter ce parti pris historiographique, sans renoncer à une mise en scène efficace et parfois spectaculaire.
On notera enfin qu’en raison de l’anniversaire des 30 ans de bd BOUM, l’exposition aura une durée d’exposition plus courte que les années passées. Attention donc à la date butoir (2) pour ne pas rater l’un des réalisations marquantes de cet automne culturel à Blois.
Joël DUBOS
(1) Aux côtés des deux commissaires, du président (Jean-Pierre Baron) et du directeur (Bruno Genini), il faut citer l’action de Julien Charles (tableau de Fedor Chourpine et tête de Staline notamment), Jean-Philippe Fleury (emblème du PCUS), Bruno Goujon, le responsable Technique qui a assuré la scénographie avec Philippe Letoux et les professeurs du lycée des métiers Sonia Delaunay (coiffure, couture et esthétique) pour le corps de Staline.
(2) Exposition « La mort de Staline », bibliothèque de l’abbé Grégoire, Blois, 4 octobre-2 novembre 2013
STALINE OU YVES LE LOUP
J’avais à peine 6 ans lorsque Staline est mort. J’étais trop jeune pour en avoir entendu parlé,
Pourtant dans les années qui suivirent je devais entendre souvent son nom.
Mon grand père était un militant communiste depuis toujours et comme pour beaucoup de sa génération Staline était une idole, « le plus grand homme de l’histoire »
Les années passérent et malgré la dénonciation de ses crimes, « le petit pére des peuples » restait une référence intouchable.
Tandis que ma grand mère allait prier dieu à la messe, mon grand père lui parlait de Staline comme d’un dieu.
Chaque année selon un rituel bien établi, il m’emmenait à la fête de l’humanité, et pendant des heures il refaisait le monde avec des camarades
« Un jour prochain le monde entier sera communiste »
J’étais heuruex de l’accompagner à cette manifestation, pas pour entendre parler de politique mais pour le stand « Vaillant » ou je pouvais feuilleter durant des heures les gros albums reliés du journal Vaillant. Mon idole ne s’apellait pas Staline mais Yves le loup ou bien Ragnar le viking.
Pourtant il était dificile à cette époque de ne pas être dans un camp ou dans un autre, dans les cours de récréation du lycée on était soit pour le paradis communiste, soit pour la société Americaine avec son rock and roll et son cinéma.
Il faudra des années pour que le régime de Staline soit enfin reconnu et accepté dans toute son horreur.
Mon grand pére est mort sans avoir véritablement compris ou voulu comprendre la vraie nature du Stalinisme , tant mieux pour lui.
Je félicite les réalisateurs de cette exposition qui malgré l’horreur du personnage est empreinte d’une certaine nostalgie celle « d’un temps où l’on croyait à un monde meilleur »