C’est au cours des années 1960 que Leone Frollo abandonne les bluettes destinées aux jeunes Anglaises pour les « fumetti per adulti » dont les magazines populaires au format de poche envahissent les kiosques transalpins. Loin de s’enfermer dans le genre, il s’oriente vers des productions plus valorisantes, mais toujours osées, souvent destinées à des magazines luxueux. Une nouvelle sélection des œuvres les plus représentatives de ce maître de l’érotisme —sensuel, mais néanmoins audacieux — est proposée dans ce second volume de « L’Art érotique de Leone Frollo ».
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Pour ceux qui en doutaient encore, voici une preuve de plus que Frank Giroud est l’un de nos plus habiles conteurs et qu’il sait parfaitement utiliser l’histoire avec un grand H pour nous intriguer avec des aventures passionnantes : « Le Décalogue », « Quintett », « Louis la guigne » ou cette série des « Secrets » basés sur des histoires de famille souvent inavouables, enfouis de génération en génération.
Et comme dans « L’Enragé » avec Ruben Pellejero ou dans « L’Expert » avec Brada, c’est même l’histoire de l’art et de la peinture qu’il utilise ici pour tenter de nous bouleverser autant que l’a été son héros quand il découvre « L’Angélus » de Jean-François Millet, au Musée d’Orsay. Les émotions inconnues suscitées par cette révélation poussent cet homme attachant, qui menait jusque-là une petite vie morne et étriquée, à explorer les souvenirs personnels de cette toile dont le fantasque surréaliste Salvador Dali a peint de nombreuses versions ; et, du même coup, elles lui font remonter le cours de sa propre histoire… Mais cette quête obsessionnelle ne va-t-elle pas, peu à peu, l’éloigner de sa famille et de son quotidien ?
Si toutes les pièces d’un étonnant puzzle se mettent ici en place, il faudra quand même attendre les révélations du deuxième tome pour comprendre ce que nous cachent ces allers-retours entre le passé et le présent que nécessite l’enquête : voici donc encore un récit palpitant et intelligent qui, en outre, est fort bien servi par le trait cinématographique et en couleur directe du jeune Espagnol José Homs que nous avions déjà remarqué dans le collectif « La Vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien » de Zidrou.
Á noter que le prolifique Frank Giroud a l’imagination vraiment très fertile puisqu’il nous propose, simultanément, un autre rebondissement inattendu avec « La Corde » : encore un de ses « Secrets » bien gardés qui est illustré, comme le précédent « L’Écharpe » que les éditions Dupuis ont réédité sous forme d’intégrale, par le trait sensuel de Marianne Duvivier.
Gilles RATIER
? Secrets : L’Angélus ? tome1 par José Homs et Frank Giroud
Éditions Dupuis (13,50 Euros)