Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« La Guerre des Lulus T2 : 1915, Hans » par Hardoc et Régis Hautière

« La Guerre des Lulus » est une série historique développée sur quatre volumes, dont le deuxième tome vient tout juste de sortir. L’action se déroule dans le Nord de la France durant la Première guerre mondiale et met en scène quatre gamins orphelins livrés à eux-mêmes qui, par la force des choses, vont grandir bien vite, trop vite !
Ils s’appellent Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig. Ils sont devenus inséparables, là où ils vivent, à l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt situé en Picardie. Aussi les appelle-t-on, d’un bloc, « les Lulus ».
Le récit commence durant l’été 1914, lorsque le pays bascule dans une guerre qui ne sera, selon l’opinion générale, qu’une simple formalité expédiée en quelques mois et que l’on ne fera qu’une bouchée de ces « Boches ».
Mais la réalité s’avère beaucoup plus tragique. L’instituteur de l’orphelinat part à la guerre et, bientôt, l’abbaye doit être évacuée rapidement. Les quatre garçons, partis en vadrouille au moment du départ, se retrouvent seuls, isolés derrière les lignes allemandes. Ils ne peuvent désormais que compter sur eux-mêmes pour survivre et sur les provisions que recèle l’abbaye. Ces Robinsons en herbe se réfugient alors dans la forêt et trouvent asile dans une cabane sur un arbre perchée.
De longues vacances commencent pour ces Lulus naufragés de la guerre dont ils ignorent le fracas. Ils sont bientôt rejoints par Luce, une jeune fille de treize ans, qu’ils accueillent dans leur cabane, puis par Hans, un soldat allemand déserteur qu’ils tiennent prisonnier.
Lorsque le deuxième tome commence, nos héros sont bien las ! L’automne est là, avec sa fraîcheur et la pluie qui rend leur abri bien humide. Les vivres se raréfient, l’on s’ennuie ferme, l’on a froid, l’on se dispute. Que va-t-on faire de cet Allemand encombrant car, comme dit Luigi qui lit le journal : « Les Allemands, c’est nos ennemis. Ils veulent envahir la France et zigouiller tout le monde. » Mais l’Allemand se libère tout seul et ne semble guère pressé de partir. Tandis que la guerre dure, les Lulus, Luce et Hans s’installent dans une sorte de bonheur paisible et rudimentaire, nouant peu à peu des liens d’amitié.
Mais l’irruption de soldats allemands va faire éclater cette bulle sylvestre …
Régis Hautière, scénariste prolifique, et Hardoc, codessinateur de « La Crise, quelle crise ? » (éditions de la Gouttière) signent là une fresque tout en nuances qui émaille le récit historique de fines notations sur l’enfance et l’adolescence, sur l’amitié et sur, plus généralement, la place de l’humain dans un monde déchiré où « l’ennemi » n’est pas comme dit le journal.
Tout cela est intelligemment mené, dans un récit qui prend le temps de s’installer, laissant ainsi le lecteur s’approcher des personnages et s’attacher progressivement à eux. Ils alternent des scènes drôles, montrant l’insouciance de l’enfance, et des moments beaucoup plus dramatiques ou tendres, comment le joli dialogue entre Luce et Hans, évoquant des affaires de « filles ». Les Lulus, qui ont hâte d’être des hommes, sont à la fois naïfs et touchants, fragiles et pleins de ressources.
L’on trouve aussi dans ces deux albums au charme certain des références à quelques grands textes sur l’enfance, comme « La Guerre des boutons », entre autres.
Une série intéressante, prometteuse, dont on attend la suite avec curiosité.
Précisons enfin que l’on peut découvrir à la fin du tome 2 les deux premières planches de l’album suivant, suivies d’un faux journal, « La Guerre des Lulus », proposant un supplément en images à la manière des illustrés d’antan.
Tome 1 : « 1914, la maison des enfants trouvés » (janvier 2013)
Tome 2 : « 1915, Hans » (janvier 2014)
À paraître le tome 3 : « 1916, le tas de briques »
Catherine GENTILE
« La Guerre des Lulus T2 : 1915 Hans » par Hardoc et Régis Hautière
Éditions Casterman (13,50 €) – ISBN 978 2 203 06397 6