Il semblerait que l’éditeur Altercomics, ait tenu ses promesses de faire un effort conséquent sur la traduction en langue française et l’orthographe des textes de certains fumetti du célèbre catalogue de Sergio Bonelli, qu’ils ont commencé à publier depuis le mois d’août (1) : preuve en est la parution des n° 2 disponibles depuis le 8 novembre… Nous en sommes vraiment heureux, notamment pour l’excellente série policière « Julia », scénarisée par Giancarlo Berardi et illustrée pour cet épisode par le virtuose Corrado Roi : voilà qui devrait ravir les amateurs de bandes dessinées populaires italiennes en noir et blanc !
Lire la suite...« Jerry Spring » dans Spirou et en albums
Pour saluer, comme il se doit, le premier tome (aux éditions Dupuis) de la très belle intégrale en noir et blanc consacrée à « Jerry Spring » (1), nous avons demandé au meilleur spécialiste de Jijé en France, Jacques Dutrey, de nous concocter un exceptionnel « Coin du patrimoine » consacré à ce mythique western réalisé par » LE » précurseur de la bande dessinée franco-belge ! Minutie et bibliophilie sont au programme…
« Jerry Spring » apparaît juste avant le printemps 1954, dans le beau journal de Spirou. La source de ce western séminal est double : Paul Dupuis cherchait un remplaçant à « Red Ryder », le « cavalier rouge » de Fred Harman, qui avait fait les beaux jours du journal, de 1938 à 1952. Par ailleurs Jijé, qui avait accumulé des souvenirs au cours de son séjour de deux ans au Mexique et aux États-Unis, était grand amateur de westerns de série B, et de plus adorait dessiner les chevaux. Il paraissait donc cumuler toutes les qualités nécessaires. Ce qui explique que « Jerry Spring » est une bande dessinée qui ne manque pas de ressort. Elle représente même un bond en avant décisif pour la bande dessinée réaliste européenne : tous les grands westerns européens ultérieurs, « Blueberry » (Giraud), « Buddy Longway » (Derib), « Comanche » (Hermann) se réclament tous de Jijé, et tous les termes en gras ci-dessus sont des traductions possibles du nom anglais « spring ».
Les hautes cases (trois strips par page) dans les onze premiers épisodes (soit les sept premiers albums), puis les cinq derniers, permettent de mieux montrer l’ immensité de l’Ouest américain. Mieux : de nombreuses cases occupent même toute la largeur de page, et la bande dessinée accède ainsi au cinémascope pour un prix modique.
1. « Jerry Spring », signé Jijé (pl.1,3,5-33,36-39,41,42) du n°829 (04/03/54) au n°844 (17/06/54) soit seize numéros, à raison d’une planche en couleur et de deux en bichromie par n°, sauf 830, 833, 834 et 843 (deux en bichromie), soit quarante-quatre planches. Pas de bandeau-titre, hormis le générique « Jerry Spring », lettres dessinées par Jijé lui même. La bichromie (rose) est très douce et les couleurs pastels sont très réussies. Elles n’écrasent pas le trait.
Pré-publié dans l’hebdomadaire Spirou à partir du numéro 829 du 4 mars 1954, mais commencé « à l’automne 1953 » (d’après Thierry Martens dans « Tout Jijé : 1952-1953 », page 4), ce qui explique à la fois la différence de style entre cet album et le suivant, et une certaine ressemblance entre les héros de « Blanc Casque » (sans moustache), « El Senserenico » et « Jerry Spring ».
Repris en album cartonné sous le titre « Golden Creek ou le secret de la mine abandonnée », copyright 1955.
Repris en album cartonné noir et blanc grand format « Collection Jerry Spring » n°1, avec « Le Duel », copyright 1974.
Repris en album cartonné couleur, DL août 1988, dos blanc, vingt-et-un albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1952-1953 » (DL mai 1992).
2. « Jerry Spring », signé Jijé (pl.8,9-16,21,22,24,25,27-30,35-41,44), scénario de Maurice Rosy non crédité, du n°850 (29/07/54) au n°867(25/11/54) soit dix-huit numéros, à raison de deux planches en couleur par n° sauf 850, 851, 856, 860 et 862 (quatre) et 853 et 867 (une), soit quarante-quatre planches. Pas de bandeau-titre illustré mais un mini-titre générique inséré au dessus de la première case de la première page de chaque parution hebdomadaire ; case dont le bas se retrouve raccourci d’autant.
Repris en album cartonné sous le titre de « Yucca Ranch », copyright 1955.
Repris en album cartonné, DL février 1988, dos blanc, vingt albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1954-1955 » (DL novembre 1992).
3. « Jerry Spring», signé Gillain (pl.1,5,10,22,24,44)du n°879 (17/02/55) au n°897(23/06/55) soit dix-neuf numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro sauf 879, 880 et … (quatre), soit quarante-quatre planches. Pas de bandeau-titre illustré.
Repris en album broché sous le titre « Lune d’Argent », copyright 1956.
Repris en album cartonné noir et blanc grand format « Collection Jerry Spring » n°2 , avec «Les Vengeurs du Sonora », copyright 1974.
Repris en album cartonné, DL août 1987, dos blanc, quinze albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1955-1956 » (DL février 1993)
4. « Jerry Spring», signé Gillain (pl.1,8,28,35,39,41) du n°899(07/07/55) au n°919(24/11/55), soit vingt-et-un numéros, à raison de deux planches couleurs par numéro sauf …, soit quarante-quatre planches. Pas de bandeau-titre illustré.
Repris en album broché sous le titre « Trafic d’armes », copyright 1957.
Repris en album cartonné noir et blanc grand format « Collection Jerry Spring » n°3 avec « L’Or de personne », copyright 1975.
Repris en album cartonné, DL février 1987, dos blanc, quinze albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1955-1956 » (DL février 1993)
5. « Jerry Spring », signé Gillain (pl.9,10,15,43) du n°922(15/12/55) au n°943(10/05/56), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro, sauf 943 (une), soit quarante-trois planches. Pas de bandeau-titre illustré.
Repris en album broché sous le titre « La Passe des Indiens », copyright 1957.
Repris en album cartonné noir et blanc grand format « Collection Jerry Spring » n°4, avec « Le Duel », copyright 1975.
Repris en album cartonné, DL novembre 1986, dos blanc, treize albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1955-1956 » (DL février 1993)
6. « Jerry Spring », signé Gillain (pl.1,4,9,11) du n°944(17/05/56) au n°955(02/08/56), soit douze numéros, à raison de deux planches en couleurs ou en bichromie par numéro, soit vingt-quatre planches. Pas de bandeau-titre.
Repris en album broché sous le titre « La Piste du Grand Nord », copyright 1958.
Repris en album cartonné, DL premier trimestre 1986, dos blanc, treize albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1956-1957 » (DL novembre 1993)
7. « L’Or du vieux Lender », signé Jijé ainsi que les épisodes suivants, scénario de René Goscinny, du n° 956(09/08/56) à 965(11/10/56), soit dix numéros, à raison de deux planches en couleurs ou en bichromie par numéro, soit vingt planches sous bandeau-titre illustré. À noter que c’est la première fois que le nom de Goscinny scénariste apparaît dans Spirou, même si ce n’est pas son premier scénario…
Repris en album avec l’épisode précédent sous le titre « La Piste du Grand Nord ».
8. « Le Ranch de la malchance » du n°973(06/12/56) au n°980(23/01/57), soit huit numéros, à raison de deux planches en couleurs ou en bichromie par numéro, soit seize planches.
Repris en album broché sous le titre « Le Ranch de la malchance », copyright 1959.
Repris en album cartonné, DL premier trimestre 1985, dos blanc, huit albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1956-1957 » (DL novembre 1993)
9. « Enquête à San Juan » du n°981(31/01/57) au n°991(11/04/57), soit onze numéros, à raison de deux planches en couleurs ou en bichromie par numéro, sauf 991 (une), soit vingt-et-une planches. Repris en album avec le précédent sous le titre « Le Ranch de la malchance ».
10. « Le Testament de l’oncle Tom » du n°992(18/04/57) au n°995(09/05/57), soit quatre numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro soit huit planches. Repris en album avec le précédent sous le titre « Le Ranch de la malchance ».
11 « Les Trois barbus de Sonoyta », signé Jijé, scénario de Jean Acquaviva, du n°1012(05/09/57) au n°1032(23/01/58), soit vingt-et-un numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro sauf 1012 et 1013 (trois), soit quarante-quatre planches. Bandeau non illustré.
Repris en album broché sous ce titre, copyright 1959.
Repris en album cartonné, DL deuxième trimestre 1984, dos blanc, huit albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1957-1958 » (DL avril 1994)
Hélas, à partir du neuvième album, l’éditeur parvient à convaincre le dessinateur-scénariste que ce format ne lui permet pas de développer une histoire intéressante ; et il le persuade de revenir au format standard (à l’époque) de quatre bandes par page, avec des cases plus petites, où il étouffe.
12.« Fort Red Stone », signé Jijé, scénario de Philip, du n°1069(09/10/58) au n°1090(23/01/58), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro, soit quarante-quatre planches, sous bandeau-titre illustré.
Repris en album broché sous ce titre, copyright 1960.
Curiosité : noté « album Jerry Spring 8 » en couverture, alors que c’est le neuvième.
Repris en album cartonné, DL troisième trimestre 1983, dos blanc, huit albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1958-1959 » (DL novembre 1994)
13.« Le Maître de la Sierra », signé Jijé, scénario de Philip, du n°1138(04/02/60) au n°1168(01/09/60), soit trente-et-un numéros, à raison d’une ou deux planches en couleurs par numéro, soit quarante-quatre planches, sous bandeau titre illustré.
Repris en album broché sous ce titre, copyright 1962.
Repris en album cartonné, 3e trimestre 1983, dos blanc, huit albums en quatrième de couverture.
14. « La Route de Coronado », signé Jijé (crayonné) & Giraud (encrage, avec corrections de Jijé), scénario de Philip, du n°1192(16/02/61) au n°1213(13/07/61), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro, soit quarante-quatre planches, sous bandeau-titre illustré.
Repris en album broché sous ce titre, copyright 1962.
À noter qu’en France les albums furent censurés : la feuille 13-14 fut découpée et remplacée par une feuille collée comportant trois bandes nouvelles pour remplacer la « bagarre au couteau » parue dans l’hebdomadaire. À noter aussi que ce fut fait avec malice puisque dans l’image précédant le passage modifié Jerry s’écrie « Pancho! Attention! Son couteau! » et que le couteau en question se retrouve inexplicablement planté dans un poteau, dans l’image suivant ledit passage édulcoré.,
Repris en album cartonné, 4e trimestre 1982, dos blanc.
Repris dans « Tout Jijé : 1960-1961 » (DL février 1995)
15. « El Zopilote », signé Jijé, scénario de Philip (non crédité), du n°1252(12/04/62) au n°1273(06/09/62), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro, soit quarante-quatre planches, sous un beau bandeau titre illustré.
Repris en album broché sous ce titre, copyright 1964.
Repris en album cartonné, 2e trimestre 1982, dos blanc.
Repris dans « Tout Jijé : 1961-1963 » (DL octobre 1995)
16. « Pancho hors-la-loi », signé Jijé, du n°1290(03/01/63) au n°1311(30/05/63), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro, soit quarante-quatre planches, sous un beau bandeau-titre illustré.
Repris en album broché sous ce titre, copyright 1964.
Repris en album cartonné, troisième trimestre 1981, dos noir.
Repris dans « Tout Jijé : 1961-1963 » (DL octobre 1995).
Puis Jijé n’y tient plus et fait exploser ce cadre étroit, où il étouffe et ne parvient pas à s’exprimer pleinement. Hélas, la mise en page libérée mais chaotique gène la lecture cursive :
17. « Les Broncos du Montana », signé Jijé, du n°1322(15/08/63) au n°1343(09/01/64), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro, soit quarante-quatre planches, sous un beau bandeau-titre illustré.
Repris en album broché sous ce titre, copyright 1965.
Repris en album cartonné, troisième trimestre 1980, dos blanc.
Repris dans « Tout Jijé : 1963-1964 » (DL février 1996).
C’est donc le retour aux sages quatre bandes :
18. « Mon ami Red Lover », signé Jijé, scénario de Philip, du n°1365(11/06/64) au n°1377(03/09/64), soit douze numéros, à raison de deux planches en couleurs ou en trichromie par numéro sauf 1377 (trois), soit vingt-sept planches, sous bandeau-titre illustré.
Repris en album broché sous le titre « Mon ami Red », copyright 1965.
Repris en album cartonné, sous le titre « Le Loup solitaire et Mon ami Red », DL quatrième trimestre 1979, dos noir.
Repris dans « Tout Jijé : 1963-1964 » (DL février 1996)
19. « Le Loup solitaire » signé Jijé, synopsis de Daniel Dubois (non crédité), du n°1382(08/10/64) au n°1390(03/12/64), soit neuf numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro sauf 1390 (une), soit dix-sept planches, sous bandeau non illustré.
Repris en album sous le titre « Mon ami Red », copyright 1965.
Repris dans « Tout Jijé : 1964-1965 » (DL septembre 1996)
20. « Les Vengeurs du Sonora », signé Jijé, scénario de Philip, du n°1417(10/06/65) au n°1438(04/11/65), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs (la première seulement) et/ou en trichromie par numéro sous bandeau-titre illustré, soit quarante-quatre planches.
Repris en album cartonné noir et blanc grand format sous ce titre, « Collection Jerry Spring » n°2, copyright 1974. Dessins originaux en couverture, pages de garde et quatrième de couverture.
Repris en album cartonné « Collection Jerry Spring » n°19, DL troisième trimestre 1985, dos blanc, treize albums en quatrième de couverture.
Repris dans « Tout Jijé : 1964-1965 » (DL septembre 1996)
On en revient aux trois bandes mais, quelque part, la magie des débuts s’est perdue :
21. « Jerry Spring contre KKK », signé Jijé, scénario de Jacques Lob, du n°1447(08/01/66) au n°1468(02/06/66), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs sous bandeau-titre illustré par numéro, soit quarante-quatre planches. Repris en album cartonné noir et blanc grand format sous ce titre, « Collection Jerry Spring » n°4, copyright 1975. Dessin original en couverture et reprise des gardes et quatrième de couverture de la série.
Repris en album cartonné, « Collection Jerry Spring » n°20 , DL septembre 1986, dos blanc, 13 albums en quatrième de couverture
Repris dans « Tout Jijé : 1965-1967 » (DL avril 1997)
22. « Le Duel », signé Jijé, scénario de Jacques Lob, du n°1487(13/10/66) au n°1508(09/03/67), soit vingt-deux numéros, à raison de deux planches en couleurs sous bandeau-titre illustré (identique au précédent) par numéro, soit quarante-quatre planches. Repris en album cartonné noir et blanc grand format sous ce titre, « Collection Jerry Spring » n°1. Dessin original en couverture et reprise des gardes de la série.
Repris en album cartonné, « Collection Jerry Spring » n°18, DL troisième trimestre 1984, dos blanc, dix albums en 4e.
Repris dans « Tout Jijé : 1965-1967 » (DL avril 1997)
Sept ans plus tard, dernière tentative : la bande se cherche dans une mise en page plus dynamique, et donc éclatée, au détriment de la lecture cursive :
23. « L’Or de personne », signé Jijé, scénario de Philip, du n°1886(05/06/74) au n°1908(07/11/74), soit vingt-quatre numéros, à raison de deux planches en couleurs sous bandeau-titre illustré par numéro, sauf 1886 (quatre) et 1898 & 1899 (une), soit quarante-six planches.
Repris en album cartonné noir et blanc grand format sous ce titre, « Collection Jerry Spring » n°3 . Dessin original en couverture et reprise des gardes et de la quatrième de couverture de cette série.
Repris en album cartonné, « collection Jerry Spring » n°21, dos blanc, DL octobre 1987 (quinze albums en quatrième de couverture).
Repris dans « Tout Jijé : 1974-1977 » (DL novembre 1997)
24. « La Fille du canyon » signé Jijé, scénario de Philip, du n°1980(25/03/76) au n°1999(05/06/76), soit vingt numéros, à raison de deux planches en couleurs sous bandeau-titre illustré par numéro sauf 1980 (quatre), 1981 (cinq), 1983 (trois), 1999 (quatre), soit quarante-six planches.
Repris en album cartonné couleur sous ce titre, « Collection Jerry Spring » n°16, DL troisième trimestre 1977, dos jaune (ce sera le seul de cette série). Dessins de couverture et gardes originaux, garde reprise en quatrième de couverture, en couleurs.
Repris dans « Tout Jijé : 1974-1977 » (DL novembre 1997)
25. « Le Grand calumet » signé Jijé, scénario de Philip, du n°2043(09/06/77) au n°2061(13/10/77), soit dix-neuf numéros, à raison de deux planches en couleurs par numéro, sauf 2043 (cinq), 2044, 2049, 2050 (trois) et 2061 (quatre), sous bandeau-titre illustré quasi identique au précédent, soit quarante-six planches.
Repris en album cartonné couleur sous ce titre, « Collection Jerry Spring » n°17, DL quatrième trimestre 1978, dos noir.
Repris dans « Tout Jijé : 1974-1977 » (DL novembre 1997)
On trouve aussi des dessins supplémentaires avec Jerry Spring qui sont curieusement absents des « Tout Jijé », dans :
- Spirou n° 1092(19/03/59), deux cartes à jouer Jerry (neuf de carreau) et Pancho (cinq de pique)
- Spirou n° 1211(29/06/61), le timbre Spirou « Jerry Spring »
- Spirou n° 1339(12/12/63), deux micro-vignettes pour l’agenda Spirou 1964
- des bandeaux-titres illustrés pour certains épisodes dans Spirou (voir plus haut)
- des pubs et des dos d’albums absents des « Tout Jijé » : page de titre de « Lune d’Argent », publicité page 47 de « La Piste du Grand Nord », publicité de quatrième de couverture de « Les Trois barbus de Sonoyta », gardes de la troisième série d’albums (etc. ?)
- en 1965, un cahier de coloriage de Spirou présente un dessin inédit, reproduit dans Hop ! n°40 « Spécial jijé »(4e trimestre 1986)
- un calendrier Fédération des Scouts Catholiques belges (janvier et octobre 1975) propose deux illustrations, dont en voici une ci-dessous
- quelques posters, suppléments à Spirou du 02.01.1975 et du 22.09.1977 + 1 trouvé sur le web, vendu par Dupuis (vers 1975)
En ce qui concerne les albums : tango de l’éditeur et perplexité du lecteur lambda :
- 1955-1965 : quinze albums : deux cartonnés, treize brochés, suivis d’un arrêt brutal
- 1974-1975 : quatre magnifiques albums doubles noir et blanc cartonnés grand format, hélas dans un désordre certain (le premier volume regroupe le dix-huitième album, resté inédit, et la réédition du premier album, le second le seizième et la réédition du troisième, le troisième le dix-neuvième et la réédition du quatrième, le quatrième et dernier le dix-septième et la réédition du cinquième (vous avez bien suivi ?), et un nouvel arrêt brutal inexpliqué.
- 1977-1988 : vingt et un albums cartonnés, tout ou presque, dans un certain désordre de parution et, à nouveau, de numérotation (le seizième est le numéro 19, le dix-septième est le n°20, le dix-huitième est le n°18, curieusement, le dix-neuvième est le n°21, le vingtième est le n°16 et le vint-et-unième est le n°17! Vous commencez à prendre l’habitude, non ?
- 1992-1997 : enfin dans l’ordre, mais noyé dans le reste de la production protéiforme jijéenne. En plus, le titre « Tout Jijé » est erroné : il en manque !
- 2010-? : cinquième tentative… « Jerry Spring, l’intégrale » (avec quatre albums chacun, donc 5,23 recueils environ). Souhaitons lui bonne chance!
Déçu, lui aussi, par les ventes des albums de « Jerry Spring »(2) , Jijé a fait d’autres tentatives pour revenir au western :
- dans Les Histoires de Bonux Boy, en 1960-1962 : un superbe récit complet de huit planches (« Sitting Bull »), et deux récits complets de – « Jo le petit cowboy », qui seront repris (en 1966) dans un autre journal publicitaire, Total Journal, faisant ainsi une liaison prémonitoire entre la lessive et le pétrole.
- dans Pilote, il remplace son ancien élève Jean Giraud, injoignable, pour neuf planches et une case dans « Tonnerre à l’Ouest », parues du 06.07.1964 au 10.08.1964.
dernière case de Jijé … … et première du retour de Gir!
- dans Pilote, à nouveau, il remplace encore Jean Giraud, en vacances au Mexique, pour vingt-deux planches dans « Le Cavalier perdu », parues du 06.07.1965 au 19.09.1965
- il peint la superbe couverture du premier album de « Blueberry » (« Fort Navajo ») pour Dargaud, en 1965
- dans Cyclone Junior (Noël 1969), il réalise un récit complet de quatre pages (« Vol de bétail ») sur scénario de Linus (Pierre Christin)
- dans Johnny du n°1(avril 1970) au n°6(mai 1970) il dessine onze planches de « Hud le spécialiste », adaptation par Philipp (sic) du film de Sergio Corbucci « Le Spécialiste » (1969), avec Johnny Halliday en vedette. Ne parvenant pas à être payé, il arrête un numéro avant la fin…
- en juin 1973, il se rend au Nouveau Mexique pour assister au tournage de « Mon nom est personne », film de Tonino Valerii produit par Sergio Leone, et en tirer une adaptation bédessinée qui serait le premier volume d’une collection d’adaptations de westerns célèbres. Il dessine donc quatre planches entières plus quatre demies planches, plus un strip, plus une demie page de croquis. Le projet, déjà bien avancé, capote devant les exigences financières de Leone. Dargaud, dégoûté, abandonne jusqu’à l’idée d’une collection. Un dessin sera reproduit dans « Jijé », supplément de huit pages encarté dans le journal Spirou n° 2204(10/07/80), et un autre, « La Horde sauvage », sera reproduit plus tard en poster : deux volets encartés dans Spirou n°s 2475 et 2476 (17 et 24 septembre 1985) et la quasi totalité dans Hop ! Spécial Jijé n°40.
- en 1984, Eddy Mitchell rend hommage à Jijé en faisant reproduire l’un de ses dessins au verso de la pochette d’un disque intitulé « Fan album » (RCA PL 70408) et un autre en tant que couverture du programme de la tournée Tour Eddy 84.
Ses disciples, reconnaissants, lui rendent hommage :
- Gir : dans « Vous avez dit bd… Jijé» (Dupuis,1983)
- Gir : couverture de « Franquin/Jijé» (Niffle, avril 2001)
- Hermann : poster-hommage à la couverture de « Mon ami Red»
- Derib/Gir/Hermann : poster-hommage
- Morris : couverture de « La Bande à 4 » (Dupuis, 4e trimestre 1981)
- Morris caricature aussi Jerry Spring et Pancho, vachers anonymes dans « Lucky Luke» : « Sur la piste des Dalton », planche 6A.
…et vous appelez ça un « Coin du patrimoine » ???
Jacques DUTREY, avec un petit peu de Gilles RATIER (surtout au niveau de la technique)
(1) Le premier tome de cette intégrale rend fort bien justice au graphisme de Jijé : en effet, on peut y admirer, dans un remarquable noir et blanc tout à fait adéquat, la totalité des épisodes contenus dans les albums « Golden Creek ou le secret de la mine abandonnée », « Yucca Ranch », « Lune d’Argent » et « Trafic d’armes » ! Outre les reproductions des couvertures des éditions originales et de nombreux dessins peu connus (comme les têtières de Spirou, dessinées par André Franquin, annonçant les aventures de « Jerry Spring »), l’ouvrage comprend aussi un dossier où Philippe Capart et Erwin Dejasse tentent d’analyser les différentes influences, graphiques et narratives, de Jijé, grâce (entre autres) aux témoignages de Maurice Rosy, Benoît Gillain (l’un des fils de Jijé), Jean-Claude Mézières, Jean Giraud et Derib.
(2) À noter, toutefois, que les personnages de Jerry Spring et de Pancho réapparaîtront tout de même par trois autres reprises, mais de façon parodique :
- dans le dessin et les six planches en noir et blanc parues dans Le Trombone Illustré (aux n°2046, 2048, 2050, 2052, 2055 et 2056 de Spirou, en 1977) et intitulées « ¡ Que Barbaridad ! » : tout ceci est réédité dans les albums éponymes publiés aux éditions Dupuis en 1980 et en 2009 (voir « Le Coin du patrimoine » consacré à ce supplément du journal Spirou : http://bdzoom.com/spip.php?article3962).
- en compagnie d’une caricature du dessinateur Derib, dans une courte histoire de trois pages parue dans le n°5 (26bis ou 198bis) de Tintin Super au deuxième trimestre de 1979 : « Le Baron von Rychönstein chez les Empa-pahutés».
- et dans deux planches, parues dans l’ouvrage collectif « Bill a disparu », qui mettent en scène Jerry Spring et Pancho dans le Paris du vingtième siècle (où l’auteur se met également en scène) : supplément paru dans le Spirou n°2173 du 6 décembre 1979 et repris en album chez Vents d’Ouest, en 1990 ; il s’agit, sans doute, des tout derniers dessins de Joseph Gillain alias Jijé.
Ces ultimes apparitions étant, toutes les trois, reprises dans « Tout Jijé : 1974-1977 » (DL novembre 1997).
une superbe technique d’encrage comme on n’en voit plus.
une école.
Génial!
Jijé est un monument de la Bande Dessinée. Western ou pas, réaliste ou comique, franco-belge ou U.S., il est, en fait, un de ces artistes qui transcendent tous les genres, toutes les modes, et qui peignent avec leur vie et vous livrent le monde entier au coin d’une case!…
Et Jacques Dutrey en tire un portrait vivant, direct, instructif et beau à regarder. Une superbe introduction à cette superbe série.
Un grand Bravo et Merci!
Je serai toujours impressionné et admiratif devant ces moines copistes qui nous permettent de nous y retrouver dans cette avalanche de création d’un bourreau de travail comme Jijé, merci.
Je me permets de saluer le travail de l’ami Jacques Dutrey pour rédiger cet article et sur l’œuvre de Joseph Gillain dont je partage avec lui une admiration enthousiaste.
Puis-je, toutefois, me permettre de transmettre quelques corrections au texte publié ci-dessus ? Je signale ceci, sauf erreur de ma part, sur base de mon propre travail de recherches bibliographiques sur l’auteur.
Golden Creek : ajouter que la planche 43 est signée
Yucca Ranch : ajouter que la planche 31 est signée
Lune d’Argent : ajouter que la planche 21 est signée
correction : la planche 22 n’est pas signée
correction : les n°886 et 897 contiennent trois planches pas deux
Trafic d’armes : ajouter que les planches 12 et 26 sont signées
correction : la planche 28 n’est pas signée
correction : le n°899 contient 4 planches (pas deux)
La passe des indiens : ajouter que la planche 34 est signée
L’or du vieux Lender : ajouter que la planche 2 est signée
Le ranch de la malchance : correction : le Spirou n°980 est daté le 24 janvier 1957 (pas le 23 janvier – Th. Martens fait la même erreur dans le Tout Jijé)
Enquête à San Juan : ajouter que la planche 6 est signée
Le testament de l’oncle Tom : ajouter que les planches 4 et 5 sont signées
Les 3 barbus de Sonoyta : ajouter que la planche 1 est signée
Fort Redstone : ajouter que les planches 28, 34, 35, 38, 39, 40 et 41 sont signées.
correction : le Spirou n°1090 est daté du 5 mars 1959 (pas le 23 janvier 1958)
Le maître de la Sierra : ajouter que les planches 21, 22, 24, 34 et 43 sont signées
La route de Coronado : ajouter que la planche 1 est signée Jijé-Giraud et que les planches 26 et 31 sont monogrammées J.G. pour Jean Giraud
El Zopilote : ajouter que les planches 5, 10, 11, 12, 14, 15, 18, 19, 22 et 24 sont signées
Pancho hors-la-loi : ajouter que la planche 22 est signée
Les broncos du Montana : ajouter que les planches 31, 34 et 44 sont signées
Mon ami Red Lover : correction : du n°1365 au n°1377 cela fait 13 numéros (pas 12)
Jerry Spring contre KKK : correction : le Spirou n°1447 est daté du 6 janvier 1966 (pas le 8 janvier)
Le duel : ajouter que la planche 27 est signée
L’or de personne : ajouter que la planche 46 est signée
correction : du n°1886 au n°1908 cela fait 23 numéros (pas 24)
correction : le Spirou n°1886 est daté du 6 juin 1974 (pas le 5 juin Th. Martens fait la même erreur dans le Tout Jijé)
correction : le n°1893 contient 3 planches (pas deux) et le n°1894 ne contient pas de planches, l’histoire est donc prépubliée sur 22 numéros
La fille du canyon : ajouter que la planche 46 est signée
correction : du n°1980 au n°1999 cela fait 20 numéros (pas 21)
correction : le Spirou n°1999 est daté du 5 août 1976 (pas le 5 juin Th. Martens fait la même erreur dans le Tout Jijé)
correction : le n°1981 contient 3 planches (pas 5), le n°1983 contient 2 planches (pas 3), le n°1984 contient 3 planches (pas 2)
Le grand calumet : ajouter que les planches 1 et 46 sont signées
Je précise quand même que je signale ici les planches signées car dans l’article ci-dessus c’est systématiquement mentionné pour les six premiers albums (parfois avec quelques petites erreurs…) et pour les autres pas, ce n’est donc que dans un souci de compléter l’article de Jacques. Pour ce qui est du nombre de planches par fascicule Spirou, je me suis basé sur ma collection de l’édition belge du Spirou. Il se pourrait toutefois que la pagination ne soit pas similaire pour l’édition française.
Puisque l’article recense tout ce que Jijé a réalisé dans le style western (réaliste ou humoristique), j’aimerais y ajouter l’album Blanc Casque dont l’histoire se déroule dans le Grand Nord américain à une époque relativement proche des Jerry Spring (dernière décennie du XIXe S.).
On peut encore ajouter les illustrations de couverture du journal Spirou n°1069 (9 octobre 1958) et 1080 (25 décembre 1958) pour l’épisode Fort Red Stone, la couverture du n°1487 (13 octobre 1966) pour l’épisode Le duel, la couverture et dernière page du n°1886 (6 juin 1974) pour l’épisode L’or de personne, la couverture du n°1980 (25 mars 1976)
Dans le journal Pilote.
Tonnerre à l’Ouest : correction : Jijé a dessiné les planches 29 à 36, soit 8 planches (pas 9) + la première case de la planche 37 (Pilote du 3 septembre 1964).
correction : la parution s’étale du n°250 du 6 août 1964 au n°253 du 27 août 1964 (et pas du 6 juillet au 10 août 1964).
Le cavalier perdu : Jijé a dessiné les planches 17 à 38, et la parution s’étale du n°296 du 24 juin 1965 au n°307 du 9 septembre 1965 (et pas du 6 juillet au 19 septembre 1965)
Ne pas oublier la très belle couverture du journal Pilote n°210 du 31 octobre 1963 dessinée par Jijé pour la série Fort Navajo.
Dans le journal Tintin : correction : il s’agit des histoires du baron von Rischönstein (et pas von Rychönstein). Pour la petite histoire, ce Klaus von Rischönstein est une traduction très libre de Jijé du patronyme de son ami dessinateur Claude de Ribaupierre (Claude = Klaus, de = von, Ri = Ri, beau = schön, pierre = stein) !
A noter qu’en 1984, Jijé ne pouvait pas dessiner les illustrations d’Eddy Mitchell présentées ci-dessus puisqu’il (Jijé) est décédé en 1980. Ces illustrations ont été réalisées vers 1977-78, à une époque où Eddy Mitchell s’était rendu quelques fois chez Jijé à Draveil.
L’illustration réalisée par Hermann en 2002 n’a pas été faite pour un poster hommage. Il s’agit d’une commande que j’avais faite à Hermann (ainsi qu’à d’autres dessinateurs) d’une libre interprétation d’une couverture de Jerry Spring destinée à être exposée dans la galerie hommage du Musée Jijé. Il existe donc à peu près vingt-cing illustrations inédites hommage à Jerry Sping ou Blanc Casque réalisées par des auteurs tels que Derib, Rossi, Blanc-Dumont, Boucq, Frank, J.F. Charles, Servais, Labiano, Vatine etc. J’espère bien un jour les réunir dans un ouvrage en hommage à Jijé.
Il y a encore quelques autres interventions de Jijé dans le style western – dont j’ai les publications à mon domicile – mais je n’ai pas les infos précises sous la main, donc ce sera pour une autre fois.
Les amateurs de ce grand auteur sont toujours les bienvenus pour visiter l’expo permanente que je lui consacre à La Maison de la Bande dessinée à Bruxelles. Ainsi que l’expo temporaire consacrée à ses peintures et sculptures…. Plus d’infos sur http://www.jije.org
En toute amitié, merci
fd
Je remercie l’ami François pour ses corrections et précisions. Je n’ai pas la patience de les vérifier une à une, ni même souvent plus les documents. Il a pu vérifier par lui même lors de son passage chez moi que je suis fort généreux de mes documents rares. J’espère qu’il n’attendra pas un prochain forum pour me donner des précisions illustrées sur ses publications, même si ma maigre pension d’ex fonctionnaire ne me permets pas de me les offrir toutes. Je suis heureux néanmoins que ce forum lui ai permis une petite publicité.
j’ai reçu quelques autres messages intéressants que je vais essayer de copier coller sur ce forum :
Quelques réactions au « coin du patrimoine » sur le Jerry Spring de JIJE:
« Sais-tu que « le Ranch de la malchance » avait été interdit d’importation en France, en 1958 ? Et cela à la demande d’un curé (l’abbé Jannot qui siégeait à la Commission de surveillance) ! En voilà un qui, c’est sûr, devait préférer que Jijé en revienne à la vie des saints.
Il y a même eu un autre curé de la Commission, l’abbé Giraudeau, pour s’en prendre au « Maître de la Sierra », en 1961, « motif pris de son atmosphère de violence et des expressions d¹horreur peintes sur des visages reproduits en gros plan », mais sans que ça aille jusqu’à l’interdiction. »
(Bernard Joubert)
« Parmi les auteurs influencés par Jijé, j’aurais peut-être ajouté Franz qui a d’ailleurs dessiné un ultime épisode du beau Jerry (sur un scénario de Festin, alias José-Louis Bocquet); D’un autre côté, l’article est sur le Jerry Spring de Jijé, alors ce que j’en dis. Beau travail en tout cas. »
(Patrick Gaumer)
« Néanmoins, si je peux me permettre, dans la rubrique hommage des disciples, il manque Goscinny : dans « Les Dalton se rachètent » Rantanplan cherche pendant toute l’aventure qui est le cowboy qui l’accompagne, pour « trouver » en avant dernière case qu’il s’agit de Jerry Spring.
J’imagine que le silence sur la reprise de Jerry Spring par Franz et Festin chez Alpen est volontaire »
(Alain Levy)
« Qui plus est j’ai fait une confusion par rapport à votre demande. J’ai cru que l’anecdote concernait uniquement la réplique de Goscinny « c’est normal tu lui as fait 5 gosses ». En relisant votre mail j’ai pigé que votre question était plus largement sur les initiatives de Jijé. Toutefois, distinguer les deux n’est pas sans intérêt.
Votre questionnement est bienvenu, on ne sait que trop ce que valent les propos rapportés et déformés et, plus spécifiquement pour Morris, il y aurait un travail intéressant à faire sur ses rapports sado-maso avec Goscinny.
Mais sur cette double anecdote, Marie-Ange Guillaume et Bocquet ne s’en sortent pas si mal. Si le petit bouquin Seghers sautait à pieds joints dans l’anecdote reprise les yeux fermés, il n’en est plus de même dans la bio d’Actes Sud. Distinguant « la légende » (autrement dit Morris, mais il n’est pas cité) qui dit que Jijé n’hésite pas à zigouiller des personnages dont Goscinny pense se reservir et « la réalité » qui est « plus subtile », ils décortiquent le ressort de l’intrigue du vieux Lender de façon plutôt convaincante, même si on ne sait pas très bien s’ils ont eu accès ou non au scénario original comme ils le laissent entendre. C’est évidemment ce document qui serait nécessaire.
Sur la seconde partie de l’anecdote, c’est moins brillant. Comme si nos biographes s’étaient contenté de compter les enfants de Gillain – ils n’en évoquent plus que 4 – et toujours en oubliant de sourcer la citation.
Contrairement à d’autres cas plus flous, la source de l’anecdote est parfaitement connue et identifiée : l’interview de Morris dans les Cahiers n°22. Ses propres termes évoquent l’approximation : « quand Goscinny arrivait avec, disons, la planche n°5… » Les Cahiers ont été publiés du vivant de Jijé et de Goscinny et, à ma connaissance, aucun n’a jugé utile de rectifier.
Il est donc très probable que la barbe du vieux Lender ait contribué à interrompre la collaboration Goscinny-Jijé. L’anecdote du personnage tué prématurément pouvant être une simple exagération de Morris. En attendant de retrouver l’hypothétique interview de Goscinny allant dans le même sens (dans mon lointain souvenir c’était bien Goscinny qui rapportait l’anecdote, mais c’est probablement dû à la lecture quasi simultanée des deux interviews du 22 dans mon jeune âge).
Concernant la répartie sur les enfants de Jijé, il sera difficile d’en trouver confirmation dans une interview de Goscinny (on le voit mal dire à son interlocuteur « savez-vous ce que j’ai répondu de très drôle, un jour, à Jijé… ») mais on est tenté de croire Morris. D’abord parce que cette répartie est drôle, donc parfaitement digne de Goscinny, et les témoignages concordent sur le fait qu’il était très drôle aussi dans la vie sociale. Ensuite parce qu’on voit mal Morris inventer une répartie drôle et en attribuer la paternité à Goscinny…
Concernant votre question sur la première apparition de Goscinny scénariste, il est difficile de répondre sans avoir accès aux fascicules d’origine. Mais il est explicitement mentionné par Uderzo (dans la planche elle-même) dans « Junior », donc dès 1954. Pour Lucky Luke, Des rails sur la prairie, Morris a simplement ajouté « et R.G. » sur chaque page (je crois que Hergé n’a pas trop apprécié). Le « nom de Goscinny » n’apparaît donc pas. Enfin, pour les histoires de l’Oncle Paul, la bibliographie du 22 indique en effet que les récits, publiés en 1952, ne sont pas signés. Il faudrait vérifier mais je n’ai pas accès aux Spirou de 1952…
En revanche la mention est parfaitement explicite dans la parution en album de l’Oncle Paul sur de Lattre. Soit également en 1954.
Conclusion provisoire : le scénariste aurait donc été reconnu par l’album Dupuis avant de l’être par le journal Spirou ! »
(Michel Lebailly)
« Quant à avoir pensé à montrer les bandeaux-titres du journal, c’est purement génial. Ils étaient tous très intéressants et certains carrément génial. Et jusqu’ici joyeusement, iconoclastiquement et tristement ignorés. (Celui de Pancho Hors-la-loi est même tellement bien fait, qu’il est pratiquement animable tel quel!)
En plus c’est très beau à regarder. »
(Yves Ker Ambrun)
Pfft, impressionnant ! Encore mille fois merci, messieurs, il ne reste plus qu’à attendre les éditions des BD (d’excellent) humour de Jijé parues dans Pilote et un « Tout Valhardi » indispensable.
Correction cher François! Jijé a réalisé les planches 28 (et non 29) à 36, soit bien neuf planches de « Tonnerre à l’Ouest », comme je l’affirmais. Vérifie! A correcteur emballé, correcteur et demi!
Bonjour
Impressionant ce travail d’archiviste, mais je pense que l’on peut rendre hommage à ce grand artiste d’une autre façon.
J’adore Jijé et je voudrai rendre hommage à son oeuvre.
Deux maître pour une oeuvre
C’était en février 1961, j’avais 12 ans.
Il faisait froid dans les rues de ma ville et c’était bien triste.
Pourtant un rayon de soleil allait illuminer ma journée.
ma mère venait de m’abonner au journal de Spirou.
Il y avait déjà longtemps que je connaissait ce journal, mes séries préférés étaient « Timour, Johan et Pirlouit, Lucky Luke, Marc Dacier.
C’était le numéro 1192 et la bande annonce de Franquin présentait les deux nouvelles aventures de la semaine : Simba Lee et Jerry Spring.
Jerry Spring était de loin ma série préféré.
J’ouvrais avec fébrilité le journal et aux pages 12 et 13 je découvrais les deux premières planches de « La route de Coronado »
Ce fut un choc pour moi.
Sur un fond de couleurs ocres et jaunes, comme pour souligner la chaleur du désert et la souffrance des hommes et des chevaux, un groupe de conquistadors Espagnols avançaient vers son tragique destin.
A la dernière case de la première page, l’attaque des indiens Yaquis avait lieu, aussi rapide que violente.
En seulement cinq cases sur la deuxième page, le drame était consommé et la dernière case nous propulsait deux siècles plus tard.
J’ai aujourd’hui 60 ans et il m’arrive encore de les admirer.
C’est du grand art, Jijé est alors au sommet de son art.
La derniére case de la première page est géniale et reflête bien toute la maîtrise de Jijé .
Un guerrier Yaquis, volontairement en ombre et qui semble venir de l’extérieur de la page se précipite en hurlant vers les conquistadors, lesquels sont représenté en minuscule comme pour accentuer leur faiblesse et leur desarois face à cet assaut.
Cette technique de dessin : Un personnage en premier plan qui fonce vers un but au loin sera souvent utilisé par Jijé: il suffit de voir les couvertures des albums « fort red stone » ou « la passe des indiens »
Outre ces deux planches cet album est en tous points remarquable comme d’ailleur les autres de cette série.
Je découvrirai un jour que Jijé avait réalisé cet albul avec un jeune éléve du nom de Giraud. Quelques années plus tard l’éléve égalera le maître et deviendra un des plus grand nom de la BD.
Comment pouvait-il en étre autrement !
Je n’ai jamais pu savoir quel fut le rôle de chacun dans cet album ?
Mais que ces deux planches sont belles tant par la pureté du dessin que par la force émotionnelle qui s’en dégage.
A bientôt peut-etre car je n’ai pas tout dit sur ce grand monsieur Joseph Gillain
Jacques guillerm 2010
jacques.guillerm@neuf.fr
Je suis retraité et passioné par la BD
D’après des interviews de Joseph Gillain et de Jean Giraud, il semble que les deux premières planches aient été réalisées par Giraud seul (crayon et encrage), avec quelques retouches du Maître. Par la suite Jijé fournissait le crayonné, Gir encrait sous sa direction, en gros. Mais quelques cases ont du être réalisées par Gir seul, si l’on en croit Gillain.
Bonsoir
Merci pour cet information. Elle ne me surprend pas. je pense que la mise est de Jijé et les dessins des personnages de Gir.
On retrouve les mêmes visages d’indiens dans les premiers albums de Blueberry.
Je ne peut dissocier ses deux grands artistes.
A bientôt
jacques
« Les Trois barbus de Sonoyta, signé Jijé, scénario de Jean Aquaviva » : ce nom s’écrit Acquaviva (voir planche 1 de l’album).
« En 1984, il dessine le verso de la pochette du fan album d’Eddy Mitchell (RCA PL 70408) et la couverture du programme de la tournée Tour Eddy 84 » : Jijé étant mort en 1980, il faudrait plutôt dire qu’Eddy Mitchell rend hommage à Jijé en faisant reproduire un de ses dessins au verso de la pochette d’un disque intitulé « Fan album » (RCA PL 70408) et un autre en tant que couverture du programme de la tournée Tour Eddy 84.
Comment faites-vous pour savoir que Daniel Dubois a fait le scénario du « Loup solitaire » et que Philip a écrit celui d’« El Zopilote », alors que rien ne l’indique ni dans les pages de Spirou ni dans les albums (ni, à ma connaissance, dans les textes introductifs de la récente Intégrale noir & blanc) ? Pourriez-vous confirmer ces informations en les sourçant ?
Merci pour ce bel article.
Bonjour Jean-Michel et merci pour vos précisions.
Hélas, l’auteur de l’article, Jacques Dutrey, est décédé en 2013 (voir http://bdzoom.com/66570/actualites/notre-ami-jacques-dutrey-est-parti/), il ne pourra donc plus sourcer ses informations, mais sachez que c’était l’un des meilleurs spécialistes de Jijé en France (il l’avait rencontré plusieurs fois et était l’auteur d’une bibliographie très précise dans le n° 40 de la revue spécialisée Hop !) : on supposera donc qu’il n’a pas écrit ça sans être sûr de ses sources.
Pour Acquaviva (Antoine Graziani de son vrai nom, voir http://bdzoom.com/85088/actualites/jean-acquaviva-n’est-plus…/), c’est évidemment une coquille que nous allons corriger derechef.
Enfin, tout à fait d’accord avec vous pour le passage sur Eddy Mitchell, on va changer la formulation suivant vos recommandations.
Merci encore pour tout…
Bien cordialement et respectueusement
La rédaction
Je suis grand admirateur d’« El Zopilote », dont je trouve le scénario particulièrement original, dense, bien construit – et dont j’admire le dénouement.
Mais je me demande pourquoi Jijé omet parfois de mentionner son scénariste. Serait-ce parce que les scénarios d’« El Zopilote », du « Loup solitaire » ou de « Mon ami Red » sont le fruit d’une collaboration et que Jijé considérait y avoir mis la dernière main ? Du coup, on peut se demander si Jijé est bien le scénariste de « Pancho hors-la-loi » ou des « Broncos du Montana ».
Je vous remercie pour votre réponse. Je m’aperçois que j’aime beaucoup les articles de Jacques Dutrey ; je vais de ce pas en lire (ou en relire) quelques autres.
Bien à vous.
Jean-Michel
Bonjour à toutes et tous, amateurs et fans de Jerry Spring et Jijé ! et bonjour Jean-Michel !
El zopilote m’a aussi marqué, pour une raison que j’ai exprimée il y a quelques temps sur l’un de mes blogs : 1caseenmoins :
Je me permets donc de vous proposer le lien, pour continuer ce jeu de références
http://1caseenmoins.canalblog.com/archives/2009/05/09/13670357.html
Bien cordialement,
Merci, Franck, votre étude est très stimulante.
Pour ce qui est de Jerry Spring, et notamment d’« El Zopilote » (mais cette observation s’applique aussi à « Mon ami Red »), mon seul regret est que Jijé n’ait pas utilisé la plume pour les arrière-plans, en réservant le trait de pinceau aux premiers plans. Le dessin a beau être toujours admirablement bâti, structuré, dynamique, il peut apparaître étouffant à cause de ce trait épais qui est adopté pour toute la surface des planches, et que les techniques actuelles d’impression rendent parfois baveux. Jijé a toujours rechigné à allier le pinceau et la plume. Il me semble que chez lui (comme chez un Derib), c’est tout l’un ou tout l’autre.