Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Vazahabe ! » par Denis Vierge

On peut découvrir Madagascar en touriste ou venir y rechercher l’épouse malgache Marie-Belle qui? s’est fait la belle ! C’est ce qui arrive à Guy Camier qui l’a connue par agence, l’a fait venir en France, lui a payé des études et l’a vue disparaître du jour au lendemain. Il va ainsi quadriller l’île de l’Océan Indien à sa recherche?
L’Ile Rouge est immense mais du port de Tuléar à celui de Morondava, des hauts plateaux d’Antsirabe aux villages du nord, Camier ne baisse pas les bras. Le problème c’est que Camier est le type parfait du blanc, du « vaza » comme on dit là-bas, le genre qui attire les convoitises des filles prêtes à tout pour améliorer le quotidien et des types un peu filous. Le périple de ce quasi retraité permet de découvrir la vie quotidienne et traditionnelle de « Mada », des intérieurs asiatiques aux côtes africaines, de la cérémonie du retournement des morts à l’omniprésence des ONG, le lecteur ressentant parfaitement combien la vie y est difficile et à quel point un « vaza » y est souvent en porte à faux. Comme dit l’auteur à propos de son personnage, dans une interview (cf. bdbdx.blogspot), « C’est le français plein de bons sentiments. Aimant en théorie l’ailleurs, les autres et leur culture, au point de ne pas toujours voir que c’est difficile et parfois cruel… mais il ne s’agit pas pour moi de critiquer l’ouverture et l’universalisme, attention ! – juste rappeler que ce n’est pas naturel à l’homme. Ce qui est naturel, c’est l’agressivité, la peur, la haine. C’est la barbarie et la bêtise. Et qu’être civilisé c’est un effort incessant ». Si on veut en savoir plus sur ce qu’est un vaza (diminutif de vazahabe), le site « Les vazas à tana »http://les-vazahas-a-tana.blogspot.com/2009/05/definitions.html l’expliquent longuement et sans complaisance.
Ce road-movie attachant, jamais misérabiliste, est utilement complété d’un glossaire, de notes de lecture, d’une carte et d’un carnet de dessins commentés, tous faits sur place lors des voyages de l’auteur.
Les amoureux de Madagascar ne pourront donc ignorer cet album réaliste qui tient quelquefois du reportage ou du carnet de voyage d’autant que l’île est rarement au cœur des fictions BD. Frank Giroud y a cependant mené son » Louis Ferchot » (cf. notice L@BD « L’île rouge » ), en 1913. Mais il a également cosigné « Madagascar, ma terre oubliée » avec Yvon Le Corre et Laurent Vicomte (Glénat, 2004). Signalons également le carnet de voyage un peu plus ancien d’un autre auteur de BD, celui de Troub’s : « Manao sary – Carnet de route à Madagascar » (Alain Beaulet, 2002).
Pour en savoir un peu plus sur la BD malgache, voir l’article Christophe Cassiau-Haurie, ici-même sur BDZoom.
Et sur l’auteur de » Vazahabe ! « , Denis Vierge, son blog.
Bons voyages !
Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)
« Vazahabe ! » par Denis Vierge
Éditions Paquet (19,95€)