« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...INDISCRÉTIONS TRÈS ÉROTIQUES

Décidément, la BD érotique semble définitivement sortie du ghetto de l’underground, aussi bien que de la médiocrité, où l’on a cru longtemps la confiner. L’album « Indiscrétions : dis-moi comment tu baises ? » publié aux éditions Tabou le confirme.
En effet, le sujet se révèle d’emblée plus original qu’un simple travail érotique, aussi réussi soit-il. L’auteur, Axterdam, cherche à percer le sens des psychologies en regardant des gens faire l’amour. En couple, en trio ou plus, il retranscrit visuellement le spectacle qui lui est offert, commente en marge et s’interroge. On soulignera de ce fait l’originalité du projet et du produit plus que du propos : un dessin d’une grande souplesse, évoquant les conditions de sa production, nerveux, tendu, vibrant. Présentée comme un reportage érotique, le concept se rapproche également d’une mise en condition de la création, évoquant un happening artistique.
Subsiste une interrogation sur la création de l’œuvre et les conditions de sa réalisation : qui sont ces femmes offertes au regard et au trait du dessinateur ? Peut-on suivre l’auteur qui croit dessiner des « femmes nues, libres, ivres de plaire et d’exprimer leur désir » ? L’ambigüité subsiste : femmes mariées, sensuelles, partenaires accomplies qui revendiquent leur lubricité libérée, ou prostituées dument stipendiées attendant l’achèvement de leur contrat ? La part de l’improvisation demeure elle aussi sujette au doute : le dessinateur ne s’est-il pas fait également scénariste, guidant les ébats des couples plus qu’il ne les découvre ?
Derrière ce jeu de l’incertitude parfaitement orchestré par l’auteur, se profile une petite mise en abîme des affres de la création narrative, très classique somme toute, et qui permet de jeter des ponts vers d’autres œuvres, dans d’autres registres ou d’autres genres.
« Indiscrétions : dis-moi comment tu baises… » par Axterdam
Éditions Tabou, 19 euros