Même quand on est adulte, on aime lire les albums jeunesse scénarisés par Loïc Clément. Le récit est toujours surprenant, avec de l’action ou des thématiques traitées toujours profondes et intéressantes… Et pour agréger actions, personnages attachants et émotions, le scénariste n’oublie jamais d’ajouter une bonne dose d’humour. On retrouve tous ces ingrédients dans « Les Larmes du yôkaï » : une enquête policière amusée et amusante dans un Japon médiéval revisité.
Lire la suite...L’art des super-héros Marvel à Art Ludique — Le Musée
Si vous êtes bédéphile parisien ou de passage dans la capitale, vous êtes déjà certainement au courant… sinon un détour s’impose ABSOLUMENT pour aller admirer l’extraordinaire exposition présentée jusqu’au 31 août prochain à Art Ludique — Le Musée, quai d’Austerlitz. Dernière minute, nous venons d’apprendre que cette formidable exposition est exceptionnellement prolongée jusqu’au dimanche 7 septembre inclus !
Sous l’égide de Jean-Jacques Launier, fondateur d’Art Ludique — le Musée et commissaire de l’exposition, l’événement présente pas moins de 300 planches de légende de l’éditeur Marvel depuis 1939 à nos jours, couplées à 200 Å“uvres modernes adaptant les super-héros au cinéma. Un spectacle incroyable et intergénérationnel, puisque les fans de Strange de la première heure reconnaîtront l’œil ému telle ou telle page originale, splash, couverture de numéros clé de leur série préférée (chaque salle étant consacrée à un personnage, présenté en vidéo par Stan « The Man » Lee himself),
et les plus jeunes s’extasieront devant les dessins d’étude, story-boards, maquettes de préproduction des films, voire même les véritables accessoires et véhicules (le casque d’Iron Man, le marteau de Thor, le bouclier de Captain America, la moto de l’Hydre…).
Mais, outre ces jolis artefacts (déjà visibles aux Comic Con de San Diego), c’est naturellement sur les planches légendaires qu’il convient de s’attarder. Ne serait-ce que pour enfoncer un peu plus le clou auprès du grand public parfois ignorant ; oui, Kirby et ses successeurs sont de véritables génies du XXe siècle !
Réunies grâce à l’aide précieuse de Frédéric Manzano de la Librairie Déesse, ces planches issues des plus importantes collections privées « officielles » (1) constituaient déjà un tour de force par leur seule présence en un même lieu, mais que dire du choc des sens qu’elles procurent ? De quoi faire monter la tension du plus blasé des fans. Suivez le guide et jugez du peu !
Après quelques remarquables dessins de John Buscema (ceux de Marvel Calendars ou des commandes de fans) pour se mettre en bouche, on attaque les hostilités avec la section Captain America : des formidables pages de Kirby/Giacoia des années 1960, puis celles non moins réussies de Romita et Colan, sans oublier une extraordinaire planche de Kirby encrée par Barry Smith pour le Captain America’s Bicentennial Battles de 1976, le dynamisme du premier s’y synergisant avec le stylisme préraphaélite du second.
On enchaîne sur Sub-Mariner… et une surprise de taille : l’une des pages du tout premier épisode réalisées par Bill Everett pour Marvel Comics n° 1 en 1939 ! Et pas une planche banale au seul intérêt historique… Non, une magnifique page où l’on voit le Prince des mers sauter d’un avion en vol, dans un débordement d’action et de trames… Suivent des planches plus tardives de la série dues à Gene Colan, John Buscema, Everett encore.
Un festival Jack Kirby attend ensuite le visiteur déjà groggy à la section Fantastic Four. La profusion et la qualité laissent sans voix : des planches « large size » encrées par Sinnott (la splash de Fantastic Four 5 avec Dr. Doom !), Ditko, Colletta, Stone et encore Sinnott (les plus beaux épisodes de la série, avec les Inhumains, l’Androïde, le Super-Skull…), des pin-up pages, des couvertures à tomber, des « Commission Pieces » inédits… Incroyable ! L’occasion de s’attarder sur les détails (les crayonnés mal effacés sous l’encrage, les bricolages…), de lire et de comparer les fameuses notes de marges écrites par Kirby, coscénariste des aventures du quatuor, aux dialogues finaux de Lee.
Idem pour Avengers avec des planches de Kirby (la fameuse publicité d’Avengers n° 2 annonçant le numéro suivant), Heck, Buscema, Neal Adams (la guerre Skrull/Kree)…, pour X-Men (Kirby, Werner Roth, Steranko, Adams…), Thor (Kirby, Adams, Buscema…), Silver Surfer (les mythiques pages de Buscema !), Human Torch (une couverture de Young Men datant de 1954 par Carl Burgos, des dessins de Kirby…).
Iron Man n’est pas en reste avec des planches de Don Heck et George Tuska…, tout comme Hulk (une splash de Steve Ditko, des pages de Kirby/Esposito, Kirby/Everett, Marie Severin/Herb Trimpe…).
Une autre surprise attend le visiteur sur le panneau Daredevil : deux planches du premier numéro réalisé par Everett ! Ces pages à la production difficile (2) s’avèrent extrêmement fouillées lorsqu’il s’agit des personnages : on est saisi par la finesse du pinceau d’Everett s’attardant sur les détails, les textures, les expressions, surtout que tout ceci n’apparaît absolument pas sur le comic book imprimé et encore moins dans les rééditions Marvel Masterworks redessinées à la table lumineuse (3). Mais ce qui surprend le plus, c’est de voir les notes de marges du père de Sub-Mariner, prouvant bien son implication dans la création du personnage (aux côtés de Kirby, concepteur du costume et du contexte, et de Stan Lee). Début 1963, la Marvel Method, inventée par Kirby et Lee, imposait son taylorisme parfois contraignant aux autres dessinateurs Marvel (d’où le retard d’Everett)…
Spider-Man n’est pas en reste et une dizaine de planches témoignent du génie de Steve Ditko. Romita, Gil Kane suivent immédiatement. Tout comme les auteurs du Bronze Age : Jim Starlin (Warlock, Captain Marvel), Frank Miller (Daredevil), Mike Golden (la couverture de Marvel Fanfare n° 2), Mike Zeck (Captain America), George Pérez (Avengers), Tim Sale, Olivier Coipel (Thor)…
Sans oublier l’extraordinaire couverture daliesque de S.H.I.E.L.D. n° 7 par Steranko !
Un spectacle grandiose, duquel l’amateur d’Art ressort épuisé, victime du syndrome de Stendhal, ébloui par tous ces trésors réunis. Seul bémol : le catalogue de l’exposition dont la maquette s’avère hideuse (comment est-ce possible avec un tel matériel ?).
Mais ne boudons pas notre extrême plaisir ! À l’instar de votre super-héros préféré, courez, volez à Art Ludique — le Musée ; l’occasion est vraiment unique.
(1) À ce jour, la plus grosse collection d’originaux Marvel est américaine. Elle est constituée de planches volées aux archives de l’éditeur dans les années 1980. Pour cette raison, certaines pages mythiques n’ont toujours pas ressurgi.
(2) Au printemps 1963, à cause du retard d’Everett, les décors des planches de Daredevil n° 1 ont été confiés à Sol Brodsky et Steve Ditko. La revue paraîtra avec plusieurs mois de retard, en fin d’année.
(3) Les planches des années 60 et leurs photostats (films photographiques nécessaires à l’impression) ayant depuis longtemps disparu, Marvel a dû faire redessiner la grande majorité de ses épisodes du Silver Age par son atelier (notamment par Phil Lord) à partir de 1987 pour les rééditions Masterworks.
Merci pour cet article.
N’ayant pas la chance de pouvoir visiter cette exposition, je comptais me rabattre sur le catalogue mais un ami me l’a déconseillé en raison de sa piètre qualité. La fin de votre article va dans le même sens. Quel dommage !
Effectivement, la maquette du catalogue est décevante par rapport à l’extrême qualité de l’expo.
Sur le catalogue, les planches sont réduites à la limite du lisible et sont placées en vis à vis des objets de productions ciné. Sur papier glacé, la magie n’opère plus. C’est décevant car on aimerait bien repartir avec un livre souvenir de cet événement unique et formidable.
Au fait, Jean, est-il vrai qu’une exposition Kirby sera présentée au festival d’Angoulême l’année prochaine et qu’une plus grande verra le jour en 2016 ?
PS
J’attends le volume 2 de votre monumentale et très réussie étude sur le King avec impatience. Quand sa publication est-elle prévue ?
Bonsoir,
Merci pour vos gentils commentaires sur ma biographie, Jack Kirby, le super-héros de la bande dessinée parue chez Neofelis.
Effectivement, deux expositions Kirby sont en préparation. Après près de 12 ans d’insistance de ma part, le musée d’abord puis le festival ensuite s’y sont enfin collés. L’expo du Festival aura lieu en janvier prochain. Elle est organisée par Frédéric Manzano et moi pour le compte d’Urban Comics. Celle du musée aura lieu à l’été 2016, organisée avec Anabelle Araujo et moi. J’en dirai plus lorsque tout sera possible. Le deuxième tome de ma biographie de Kirby, la plus complète à ce jour y compris aux USA, sortira fin d’année et sera bien entendu dispo pour le festival.
Enfin, le King of Comics va être célébré à la hauteur de son talent dans notre pays.
Amicalement.
Que des bonnes nouvelles !
Merci à vous de nous en faire profiter.
Je vais avoir une bonne excuse pour venir en France en 2016.
J’espère qu’un catalogue des expos sera édité. Ceux d’Angoulême sont en général très beaux.
Vive le Roi, pardon, le King !
bonjour j’ai un catalogue à vendre
Salut !
Je voulais savoir si ton album était toujours en vente et, si oui, à combien tu souhaitais le vendre. Selon ton prix et son état, je pourrais être intéressant.
Merci !