Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...« L’Orfèvre » par Warnauts et Raives

Il y a des auteurs plus voyageurs que d’autres, certains pratiquant systématiquement la délocalisation de leurs personnages. C’est le cas du duo Warnauts et Raives, ce que la réédition de leur série » L’Orfèvre » rappelle aisément. Les cinq épisodes publiés entre 2000 et 2004 sont en effet réunis en petit format (et pour seulement 15 € !), une très bonne occasion de redécouvrir ces épisodes situés dans les années 30 et chaudement colorés?
Dans » La Mort comme un piment » et » La Maison sur la plage « , Charles-Albert Lafleur, dit L’Orfèvre, enquêteur de son état, se retrouve à Puerto Cabello (Vénézuela) où la femme de l’ambassadeur français vient d’être assassinée, dans une de ces républiques parfaitement bananières avec son cortège de corruption, trafic, traite des blanches, prostitution, passion, rébellion… L’ambiance est plus jazzy, à New York, dans » K.O. sur ordonnance « , et l’assassinat d’un jeune champion de boxe ! Les avenues humides et neigeuses y sont particulièrement bien rendues. Dans » Le Sourire de Bouddha « , c’est un cocktail qu’on nous offre avec petit port de pèche breton, Grand Palais parisien et temples cambodgiens. » Les Larmes de la courtisane « , cinquième tome, s’achève d’ailleurs du côté d’Angkor.
Quand on a le goût des nuits tropicales, des saveurs érotiques, des parfums exotiques teintés de morts embarrassantes et de relations sulfureuses, on peut donc compter sur Warnauts et Raives. Et même revenir à leurs précédentes productions : de » Fleurs d’ébène « , chronique policière et coloniale dans le Congo belge de la fin des années Cinquante, à » Lettres d’outremer « , passions troublantes et antillaises, sans oublier » Les Suites Vénitiennes » ou » Un diamant sous la Lune » qui, d’Anvers à Dakar, de Johannesburg à Venise, promène pour le moins son lecteur.
Rappelons qu’ils viennent de publier le premier tome d’une nouvelle série, » Les Temps nouveaux » T1 (cf. notice L@BD) et qu’ils y retrouvent leurs terres d’origine, les Ardennes belges, mais, cette fois, pour un voyage dans le temps, celui de la fin des années Trente et des tensions et dérives politiques d’un pays qui va entrer dans la Seconde Guerre mondiale.
Un détour s’impose enfin sur le site, » Ebauches « , de ce duo qui travaille de façon atypique : Warnauts écrit le scénario, ils dessinent à quatre mains et Raives réalise la mise en couleurs.
Bons voyages !
Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)
» L’Orfèvre » par Éric Warnauts et Raives
Éditions Glénat (15 €)