Il semblerait que l’éditeur Altercomics, ait tenu ses promesses de faire un effort conséquent sur la traduction en langue française et l’orthographe des textes de certains fumetti du célèbre catalogue de Sergio Bonelli, qu’ils ont commencé à publier depuis le mois d’août (1) : preuve en est la parution des n° 2 disponibles depuis le 8 novembre… Nous en sommes vraiment heureux, notamment pour l’excellente série policière « Julia », scénarisée par Giancarlo Berardi et illustrée pour cet épisode par le virtuose Corrado Roi : voilà qui devrait ravir les amateurs de bandes dessinées populaires italiennes en noir et blanc !
Lire la suite...Coffret « Bakuman » T20 : kit mangaka
N’est-il pas meilleur moyen de terminer une histoire mettant en scène des apprentis dessinateurs de mangas qu’en proposant un coffret rassemblant tout ce qu’il faut pour que le lecteur devienne, à son tour, auteur de manga ? Voilà une excellente idée de cadeau que proposent les éditions Kana pour ces fêtes de fin d’année.
L’ultime tome de la série « Bakuman», le numéro 20, est proposé sous deux formes. À côté de l’habituel manga trône un coffret rassemblant ce dernier opus dans un volume en tout point identique (sans le sticker annonçant la fin de la série), accompagné de la panoplie du parfait mangaka. Celui-ci comprend bien évidemment un lot de plume (la mythique et robuste plume G, l’élégante plume Saji et la fine plume Maru), un porte-plume sobre et fonctionnel, un encrier étonnement décoré du portrait de Akito Takagi, le scénariste dans la série «Bakuman», un pistolet pour aider à tracer des formes arrondies, un lot de trames variées et trois feuilles de papier. S’il est un peu mesquin de n’offrir que trois malheureux bouts de papier blanc au format carte postale, les cinq feuilles de trames à coller, même si elles sont de petites tailles, permettent une bonne approche de cette technique qui n’est pas toujours simple à appréhender et surtout à maîtriser. En revanche, il est agréable d’avoir trois vraies plumes pour tester la différence de souplesse de cet instrument qui peut se montrer capricieux. Il n’y a pas de manuel d’explication pour ces accessoires, mais est-ce nécessaire ? Toutes les interrogations peuvent trouver réponse dans les vingt tomes de la série. Ce qui est une bonne occasion pour tout relire d’un coup.
Concernant la conclusion de l’histoire, elle est conforme à ce que la plupart des lecteurs pouvaient attendre. Et là, pas de réel suspens, la conclusion est connue depuis le premier volume : l’héroïne et le héros s’étant jurés de se marier lorsque leur rêve se réaliserait. De toute façon, en ouvrant ce tome, on tombe immédiatement sur un mini poster en couleurs montrant le mariage de Miho et Mashiro entourés de la plupart des protagonistes de la série. Ce dernier tome montre donc la concrétisation de ce rêve. Le duo Muto Ashirogi a enfin une série prometteuse qui peut « éclater » tous les scores de vente du mythique Jump. Un dessin animé est annoncé et la petite amie de Mashiro doit prêter sa voix à l’héroïne de cette série d’animation. Et c’est là que l’on entraperçoit encore une fois tout le talent scénaristique de Tsugumi Ohba. Il arrive à tordre les événements afin de faire durer le suspens tout en restant captivant. Rappelez-vous, dans le précédent tome, on avait quitté Miho à la suite de l’annonce fracassante, en direct à la radio, de la relation platonique qu’elle entretenait.
Le duo Ohba/Obata a réussi à maintenir cette série à un haut niveau durant ces vingt numéros. Il n’y avait pourtant pas de suspens insoutenable comme dans le thriller « Death Note », autre manga à succès des mêmes auteurs. La vie de ces deux jeunes apprentis mangakas étant, somme toute, assez banale. Pourtant, il a permis à toute une génération de lecteurs de comprendre les coulisses de cette industrie qui peut être impitoyable. Dés le départ, on voit que ce métier peut tuer à la tache lorsque Mashiro investi l’atelier de son oncle, lequel n’a malheureusement jamais réussi à percer dans ce milieu, malgré une somme de travail considérable. Il y a bien quelques longueurs et passages qui peuvent sembler inutiles (à part pour rallonger l’histoire), mais même ces parties sont pleinement justifiées et nous éclairent sur le processus créatif et commercial du manga : un mode de production qui impose un rythme effréné aux auteurs et surtout des droits quasi inexistants sur leurs créations.
Tableau sans concession sur le monde du manga, voilà une conclusion en apothéose pour « Bakuman ». Il serait évidement possible de raconter cette histoire pendant encore de nombreuses années, mais voilà, le rêve qui a été le point de démarrage de cette aventure vient de se concrétiser pour le meilleur, comme pour le pire. Si vous êtes dessinateur dans l’âme, ce coffret est une opportunité pour vous approprier les vrais outils du mangaka et non les pseudo feutres souvent livrés avec des guides bas de gamme surfant sur la mode de la bande dessinée asiatique. Ensuite, tout est question de talent : une bonne histoire, une bonne narration et un bon dessin, vous êtes fin prêt pour devenir le mangaka de demain. Une chose est certaine, vous aurez au moins les bons instruments en main.
Gwenaël JACQUET
Coffret « Bakuman » T20 : kit mangaka par Tsugumi Ohba et Takeshi Obata
Éditions Kana (14, 95 €) – ISBN : 978-2505061922