« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
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Ce sont souvent des histoires de famille qui poussent certains à tout quitter. Il suffit d’une mésentente, d’un sentiment d’injustice et un fils décide d’aller faire sa vie ailleurs, pour tenter de se reconstruire. Dans le cas de Richard de la Ruquerie, c’est pire que ça : son père a décidé que la femme qu’il convoitait épouserait son frère ; il ne lui reste qu’à partir…
On est, il est vrai, à une époque où les mariages sont arrangés par les parents, notamment dans cette petite noblesse campagnarde et normande où l’on entend bien faire fructifier le patrimoine. Quand il revient d’Amérique, en 1875, Richard de la Ruquerie doit reprendre en main la destinée de son domaine qu’il a dû abandonner au profit de son frère. Il se remémore alors ce moment douloureux où son père lui a proposé de s’expatrier Outre-Manche pour ne pas troubler le futur mariage. Il choisit alors d’attraper la planche de salut tendue par son cousin Edward : l’Amérique ! Dès lors Richard s’investir dans les affaires, se découvre très bon négociant et excellent négociateur. Au printemps 1967, il est en Californie. L’aventure ne fait que commencer. En 1868, il est au Nevada à gérer le tracé du futur chemin de fer transcontinental de la Pacific Railroads. Richard apprend, s’aguerrit et accepte d’aller bâtir avec Gareth, son patron, un autre chemin de fer du côté de Bogota (ce sera l’objet du second volume, prévu pour fin avril).
Le souffle de l’aventure est certes un peu conventionnel mais il souffle, car on a très vite de l’empathie pour ce personnage rejeté, déchu et qui doit faire ses preuves loin des siens et loin de l’Amélie aimée qui ne s’est même pas battue pour le conserver. Le tome 2 situé en Amérique du Sud sera forcément plus innovant en matière de décors que ceux des grandes plaines de l’Ouest américain. Justement, c’est là le point fort de cette histoire : les décors, car Elvire De Cock sait animer son trait réaliste de couleurs joliment travaillées.
L’autre point intéressant, c’est qu’il s’agit d’un récit inspiré d’un aïeul qui rapporta de son séjour un bijou exceptionnel, un pendentif précolombien représentatif d’une civilisation disparue, les Taironas, dont les tombes révèleront un art consommé en matière de bijoux. Authentifié et expertisé récemment, il trône depuis peu au Louvre. De ce peuple, plusieurs sites préhispaniques existent encore, notamment Ciudad Perdida, découvert en 1975, et qui a donné prétexte à « Au nom du fils » de Belin et Perrotin (voir nos chroniques : tome 1/ et tome 2 ).
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/
« L’Héritage des Taironas T1 : Monde nouveau » par Elvire De Cock, Stéphane Beauverger et François de La Ruquerie
Éditions Dupuis (14, 50 €) – ISBN : 978-2-8001-4955-4