Ansor. Hendrikus Ansor, commissaire de son état. Imaginé par le dessinateur Olivier Wozniak et le scénariste Patrick Weber, le fin limier ostendais revient dans une deuxième enquête qui prend corps dans la prestigieuse station thermale de Spa, en Belgique wallonne. Le lieu, le genre, le style, tout concourt à faire des enquêtes d’Ansor un futur classique.
Lire la suite...« Professeur Infini » par Marc Lataste
Quand un album jeunesse peut être lu avec autant de plaisir par un lectorat de 7 jusqu’à 77 ans, c’est qu’il est réussi. C’est le cas de « Professeur Infini », un récit de science-fiction qui mêle astucieusement influences du manga, du comics de super-héros, du meilleur du jeu vidéo et de l’animation et bien sûr de la bande dessinée franco-belge.
Scientifique éminent, reconnu internationalement, le professeur Infini se doit de réparer les conséquences d’une expérience qui a mal tourné. L’explosion de sa machine interdimensionnelle a provoqué une brèche entre deux univers parallèles et une mutation moléculaire de son organisme. Depuis l’explosion de son laboratoire, le chercheur a l’apparence d’un petit homme à la peau bleue, aux cheveux blancs, avec une étrange plaque de métal devant l’œil gauche. Plus grave encore, la frontière fragilisée entre notre monde et d’autres dimensions inconnues laisse passer d’effroyables créatures qui provoquent des catastrophes dans les campagnes et les villes.
Le professeur infini s’engage alors à réparer les conséquences de ses actes. Il est aidé par une équipe de scientifiques surprenante : Miss Ward, une belle brune au caractère affirmé, Iva, une rousse enthousiaste, Miles, un petit ours-chauffeur impassible, Olrik, un être étrange proche de forces cosmiques et de la nature. L’arrivée intempestive de la belle Kimoe, aussi bleue que le professeur, entraîne la suspicion ou tout au moins la jalousie des certains membres du staff.
L’univers de Kimoe peut disparaître à tout moment, le professeur intensifie ses recherches pour le sauver malgré les attaques de plus en plus ciblées de monstres d’autres univers. Pour les repousser, les amis du savant sentimental font preuve de pouvoirs supranaturels étonnants. À l’issue d’une bataille intense, la Terre est sauvée : chaque combattant s’est révélé vis-à-vis des autres, mais l’armistice peut être de courte durée, le terrible Korgal-Tar possède désormais les plans d’une machine plus puissante pour passer d’un univers à l’autre !
La première bande dessinée de Marc Lataste offre un véritable plaisir de lecture pour les jeunes d’une dizaine d’années, mais aussi pour des adultes qui s’amuseront des différents niveaux de lecture. Le jeune auteur a construit un récit de science-fiction astucieux, avec moult rebondissements, des combats, mais aussi des sentiments sincères, en combinant des influences multiples, mais parfaitement réinvesties.
Les supers pouvoirs des héros des comics états-uniens croisent ici des créatures semblables à celles dessinées par Akira Toriyama dans la saga « Dragon Ball ». Entre le classicisme de la ligne claire et le dynamisme coloré des dessins de l’animation japonaise, son graphisme fluidifie un récit dense, mais original et toujours rythmé.
Marc Lataste réussit la gageure de glisser de nombreux clins d’œil à des jeux vidéo, des comics, des mangas ou des films à succès des années 1980 à nos jours, dans un riche récit de science-fiction qui se lit d’une traite et que l’on quitte avec regret, car on s’est attaché à des personnages à la psychologie élaborée qui n’ont pas encore réalisé tout leur destin.
Une bande dessinée dont on attend la suite, qui devrait confirmer toutes les qualités de la première œuvre d’un auteur découvert et encouragé par Joann Sfar, le directeur de la collection Bayou des éditions Gallimard.
Très cordialement, Marc Lataste a répondu à quelques questions à l’occasion de la publication de sa première bande dessinée. Nous le remercions de sa disponibilité.
BDzoom.com : Pouvez-vous présenter votre parcours avant la publication de votre bande dessinée ?
Comme tous les dessinateurs de BD, j’ai lu, enfant, beaucoup de BD (« Astérix », « Tintin », « Mickey », « Spirou », « Dragon Ball »…) J’ai très vite voulu moi aussi raconter des histoires et les dessiner, d’où mon envie de devenir dessinateur de BD. Vers mes 18 ans, j’ai rejoint une association de dessinateurs, qui m’a permis de me frotter au monde de la presse. Puis j’ai commencé à proposer des projets de BD aux éditeurs. Cela a pris plusieurs années. J’en ai profité pour créer mes univers, les peaufiner.
À la suite d’un échange sur Twitter avec Joann Sfar, ce dernier m’a proposé de faire un album chez Bayou. J’avais « Le Professeur Infini » dans mes cartons, je l’ai proposé, et j’ai eu son feu vert.
BDzoom.com : Le rôle de Joann Sfar et de l’équipe de Bayou ont-ils été importants dans la finalisation de la bande dessinée ?
J’avais déjà la trame, l’histoire de l’album. Les personnages étaient tous là également.
Joann et l’équipe de Bayou m’ont aidé à améliorer la narration, aérer mon récit, diversifier certains passages, afin d’apporter un peu de « respiration ».
BDzoom.com : Pourquoi une œuvre de science-fiction ? Y a-t-il d’autres genres qui te tentent en BD ?
C’est le genre que j’apprécie et vers lequel je vais en tant que lecteur/spectateur. C’est celui qui me fait rêver, qui m’a marqué le plus dès que, très jeune, je regardais des films comme « Star Wars » ou autre. J’ai lu beaucoup de comics et de mangas, je suis très friand de films de SF.
Je pense que si je m’aventure en dehors de la SF, je serai tenté par l’humour, la fantasy, ou un mix aventure/humour.
BDzoom.com : Pouvez-vous nous présenter l’intrigue et les principaux personnages de « Professeur Infini » ?
Le professeur Infini est un génie scientifique. Sa passion est la recherche d’univers parallèles.
Lors du test inaugural de sa machine à voyager entre les dimensions, un accident se produit. Il en ressort avec un nouveau corps, petit et bleu, échangé avec une créature de l’autre côté.
La machine ayant été détruite, il ne peut retrouver la trace de la dimension en question et cherche à l’atteindre à nouveau. Un jour, des brèches s’ouvrent et libèrent des créatures extra-terrestres, puis une jeune fille. Tout comme le Professeur, elle a la peau bleue. Elle cherche de l’aide, car son monde va mourir.
Le professeur va l’aider, secondé par son assistante Miss Ward, une sorcière, Iva, une jeune fille robot, Miles, son « homme de main »/chauffeur koala, et Olrik, un prince nain bougon.
BDzoom.com : Quelles sont les influences respectives du manga, du comics et de la BD franco-belge dans cette intrigue ?
Les influences sont diverses… Pour ce qui est de mon trait, le manga ressort un peu plus, je pense. L’esprit de groupe est aussi une influence du manga (« Dragon Ball », « One Piece »…)
L’équipe du Professeur peut faire penser à celle du Professeur X des « X-Men », ou aux « 4 Fantastiques ». On peut aussi penser aux expériences de Champignac (« Spirou »), voire à « Tintin » pour le souffle d’aventure.
J’ai aussi une grosse influence des BD Disney, que je lisais enfant (« Mickey », « Picsou »…) qui, j’espère, ressort sur le rythme dynamique et enjoué de la BD.
BDzoom.com : Et celles du cinéma, de l’animation et des jeux vidéo ?
Le cinéma, notamment via des films comme « Indiana Jones », pour le côté aventure.
Des films comme « Star Wars », les films Marvel (« Avengers », « Les Gardiens de la Galaxie »…) dont je suis très friand pour l’aspect action/aventure.
En ce qui concerne l’animation, je peux citer les films Pixar, Disney et Dreamworks, et pas mal de séries d’animation comme « Adventure Time », « Dragon Ball », etc. Leur influence se porte sur l’ambiance, l’univers coloré, le rythme, les personnages « bigarrés ».
Pareil pour les jeux vidéo (« Final Fantasy », « Secret of Mana », « Zelda »…), avec la volonté de créer un univers diversifié, et si possible riche, dans lequel on est tenté de se plonger. Suivre des personnages dont on a envie de lire les histoires.
BDzoom.com : La fin de « Professeur Infini » est ouverte, y aura-t-il une suite ?
Dans mon esprit, j’ai suffisamment de matériel pour faire au moins deux cycles de 3 tomes chacun, et aussi pour raconter les origines des acolytes du professeur. L’univers que j’ai mis en place est assez vaste pour que je m’y amuse un moment.
Mais je ne suis pas le seul à décider, tout dépendra de l’accueil réservé à cette première aventure. Nous devons en parler bientôt avec l’équipe de Gallimard.
BDzoom.com : Quels sont tes projets aujourd’hui ?
Je viens de terminer les découpages des tomes 2 et 3 du « Professeur Infini », au cas où… Ça reste mon principal objectif : continuer à raconter des histoires dans cet univers que j’ai à peine effleuré.
J’ai également plusieurs projets de séries animées à différents stades (développement, préproduction). Deux sont de ma création, je suis character designer sur la 3ème.
Quelques collaborations sur des projets BD, en cours, j’aimerais faire une série au format manga : petit format, noir et blanc, action/aventure/humour, à la Dragon Ball, une de mes plus grandes influences.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Professeur Infini » par Marc Lataste
Éditions Gallimard, collection Bayou (16 €) – ISBN: 978-2-07-065501-4