« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...« Arte » T1 par Kei Ohkubo

Non, « Arte » n’a rien à voir avec la chaîne de télévision franco-allemande du même non. Arte signifie tout simplement art en italien. Un titre logique, car ce manga se passe dans le milieu des artistes de la Renaissance à Florence.
Arte c’est aussi et surtout le prénom de l’héroïne, une jeune fille de bonne famille avec une passion dévorante pour le dessin. Passion, approuvée par son père, mais, remise en question par sa mère lorsque celui-ci décède. Arte est désespérée lorsque celle-ci brûle toutes ses œuvres en pensant que sa fille remettra rapidement les pieds sur terre et abandonnera sa lubie. La seule inquiétude de cette femme étant que sa fille fasse un bon mariage. À Florence, pour trouver un homme de bonne famille, il est nécessaire d’apporter une dote conséquente : ce que la mort de son père compromet. Et qui voudrait, au 16e siècle, d’une femme indépendante ne pensant qu’à dessiner ?
Bien décidée à prendre son destin en main et contrecarrer les plans de sa mère, elle va proposer ses services comme apprentis aux nombreux ateliers de dessin de la ville. 18 ateliers exactement et 18 refus sous prétexte que l’on n’a jamais vu une femme peintre. Pourtant, lors de sa dernière tentative, elle fait la connaissance de Léo, un jeune artiste ayant ouvert, depuis peu, son propre atelier. Il est d’accord pour lui donner sa chance, mais avant tout, il faudra passer un test : préparer des panneaux pour de la peinture aux temperas. Un travail ingrat, mais nécessaire. Arte va-t-elle réussir à relever ce défi et changer le cours de sa vie ?
Après « Thermae Romae » et « Cesar », voilà un nouveau manga qui nous fait découvrir l’Italie. La renaissance est une période faste pour cette partie de l’Europe. L’art pictural y est une discipline majeure, mais exclusivement pratiquée par les hommes. Tout comme la plupart des travaux de l’époque. Ce manga nous rappelle que la condition des femmes n’était pas forcément des plus enviables en ces temps-là. En Europe au seizième siècle, les personnes que l’on dit du sexe faible étaient cantonnées aux tâches ménagères et à l’épanouissement des hommes. Les mariages n’étaient pas forcément d’amour, mais guidées par des intérêts économiques ou de pouvoir, l’un n’allant pas sans l’autre en général.
Magnifiquement mis en image par Kei Ohkubo, le difficile parcours d’Arte à tout pour faire un best-seller. Une intrigue offrant un point de vue intéressant sur la position de l’humain dans la société ; son rapport avec l’art et les messages que celui-ci véhicule, notamment vis-à-vis de l’Église. Tout en douceur, le trait de l’auteur sait mettre en valeur la ville de Florence et ses habitants. Foisonnant de détails et avec un cadrage dynamique, ce manga se dévore, tellement sa lecture est reposante. Une bonne manière de prolonger les vacances en ayant le soleil de l’Italie à bout de bras.
GWENAËL JACQUET
« Arte » T1 par Kei Ohkubo
Éditions Komikku (7,90 €) – ISBN : 978-2372870436
Copyright : © 2013 by KEI OHKUBO / NSP Approved Number ZCW-41F