Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
Lire la suite...« Drawings »: l’art de Miles Hyman
Publié par les éditions Glénat à l’occasion de l’exposition de ses œuvres à la galerie parisienne Champaka, « Drawings » (album cartonné de 208 pages en couleurs, 39 €) est une quasi-monographie des travaux de Miles Hyman, accompagné de textes de ceux qui ont partagé un jour son aventure graphique : Michel Rime, Jean-Luc Fromental, Marc Villard, Étienne Robial, François Guérif, Jean-Bernard Pouy et Jérôme Charyn. On y découvre, à travers des documents d’archives, sa passion pour Paris, son amour des livres, les moments clés de sa vie… Ceux qui ont, ne serait-ce qu’un jour, apprécié son trait élégant, ses cadrages cinématographiques, ses pastels aux couleurs vives, seront comblés par ce très bel ouvrage tout entier dédié à un maître de l’illustration comme il y en existe peu.
Venu du Nouveau Monde, vivant aujourd’hui dans l’ancien, Miles Hyman, Américain à Paris né dans le Vermont en 1962, est omniprésent dans les plus grands journaux français, comme américains. Ses dessins aux décors tracés au cordeau, aux personnages à la raideur inquiétante, aux cadrages cinématographiques, fleurissent dans Le Monde, Télérama, The International Herald Tribune, The Boston Globe, Libération, XXI, The New Yorker Magazine, Muze…, ornent les couvertures de centaines d’ouvrages, apportent un souffle nouveau à la bande dessinée noire (« Le Dahlia noir », « Nuit de fureur » chez Casterman…).
Illustrateur chez Gallimard/Futuropolis de « Manhattan Transfer » de John Dos Passos, de « L’Agent secret » de John Conrad, de « Lorsque Lou » de Philippe Djian, de « Chroniques ferroviaires » de Marc Villard…, il expose ses oeuvres dans les galeries américaines et européennes avec un succès qui ne se dément pas.
Au temps de feu Radar, son oeil incisif à saisir le fait divers aurait fait merveille à la Une, avec le même talent que Di Marco ou Ferrari. Défenseur acharné du dessin à l’heure où la photographie règne sans partage, Miles Hyman prouve qu’un bon dessin n’a pas de rival, que l’instantané du trait dessiné n’a pas d’équivalent.
Exposition à la Galerie Champaka Paris, 67 rue Quicampoix, 75003 Paris, beaubourg@galeriechampaka.com, www.galeriechampaka.com, du mardi au samedi, de 12 heures à 19 heures, jusqu’au 14 novembre 2015.
Voir aussi : http://www.mileshyman.com.