C’est en 1952 que le marsupilami apparait pour le première fois sous la plume d’André Franquin, dans « Spirou et les Héritiers ». Son nom est un amalgame de trois mots : marsupial – pilou-pilou (ou Jeep, un animal qui vient de la quatrième dimension dans les albums de « Popeye ») – ami. Il a vécu depuis de nombreuses aventures que ce soit avec Spirou et Fantasio ou dans sa propre série. Après Zidrou et Franck Pé, ainsi que l’auteur allemand Flix, c’est au tour de Lewis Trondheim et Alexis Nesme de partir à la recherche des aïeuls de l’animal créé par Franquin. Dans « El Diablo », les conquistadors découvrent, à leur dépens, ce remarquable grimpeur dans la forêt de Palombie
Lire la suite...« Etenesh : l’odyssée d’une migrante » par Paolo Castaldi
Etenesh est le nom d’une jeune fille qui quitte son Ethiopie natale pour rejoindre l’Europe. Pour des raisons économiques ? En partie, oui, mais surtout pour fuir l’esclavage dont elle est victime. Mais la route vers la Libye est en soi plus qu’une épreuve, une véritable torture !
Quitter sa famille est une chose. Quitter son employeur en est une autre, bien plus difficile. Menacée de mort, Etenesh trouve pourtant la force de braver l’interdit d’autant qu’il lui faut aussi payer son voyage pour atteindre Tripoli et qu’elle trouvera sur sa route des profiteurs sans scrupules et des tortionnaires sans état d’âme. L’expression « traversée du désert » prend ici tout son sens et toute sa malédiction. Le calvaire est inconcevable. Des jours de torture sous le soleil, les candidats à l’exil sont assoiffés, maltraités et finalement retenus dans une prison, à Sabha, au sud de la Libye. « Et ce voyage, dit le narrateur, ne peut même pas être comparé à la prison dans mon pays. Si je confronte ce voyage à la prison, je pense que si tu survis à la prison au moins tu seras un témoin de l’histoire de ton pays, aux yeux de tous, mais si tu survis au voyage tu n’es rien, sauf pour toi-même : tu es seulement quelqu’un qui est parti ». Seulement… Et la Méditerranée n’est ni atteinte, ni traversée ! Le voyage depuis Addis Abeba jusqu’à Lampedusa va durer presque deux ans (2004-22!!
Ce n’est évidemment pas le premier récit en BD à évoquer les exilés, migrants et immigrés, mais c’est un des plus étonnants graphiquement. Le trait adopté par l’auteur est d’une incroyable efficacité. Esquissé, crayonné, caricatural pour les visages, il se fait pleinement visuel et n’en finit pas d’étonner le lecteur-spectateur par sa force, notamment dans l’expression des sentiments. Cette jeune femme aux traits saillants, perdue, agressée, humiliée, terrorisée, frappée, inspire la compassion et le respect. Que de courage et de détermination pour tenter le passage vers l’Italie rêvée ! Le traitement globalement bicolore est aussi d’une belle virtuosité : alors que la robe rouge de l’héroïne ponctue les images avec ici et là d’autres éléments plus ou moins rougeâtres, ce sont les tons jaunâtres qui dominent et donnent à ces villes et ces déserts une dimension maladive et inquiétante.
À noter qu’en plus de l’interview de Dagmawi Yimer, qui a manifestement inspiré ce récit, Amnesty International apporte en fin d’ouvrage un point de vue distancié et utile sur les périls rencontrés par les migrants.
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT : L@BD->http://9990045v.esidoc.fr/ et sur Facebook.
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« Etenesh : l’odyssée d’une migrante » par Paolo Castaldi
Éditions Des ronds dans l’O (22 €) – ISBN : 978-2-9172-3791-5