« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
Lire la suite...« Berlin 2.0 » par Alberto Madrigal et Mathilde Ramadier

Berlin inspire les jeunes, les passionne, les attire. La ville semble porter en elle toutes les promesses, intellectuelles, artistiques, culturelles, professionnelles, politiques et morales. À bien y regarder pourtant, les conditions de vie y sont-elles exemplaires, voire idylliques ? Rien n’est moins sûr comme le souligne cette chronique en demi-teintes aussi chaleureuse que réticente…
La scénariste met en scène son propre séjour berlinois, l’expérience d’une jeune fille, Margaux, partie la fleur au fusil trouver du travail dans cette ville à la réputation flatteuse. Berlin serait-elle aussi malade que le reste de l’Europe ? Bien sûr que non ! Tous les gens qu’elle rencontre s’accordent sur ce point : on y est libres, insouciant, tolérants, aimables, heureux en un mot. Et c’est vrai que pour faire des études ou faire la fête, la ville a du répondant. On s’y sent bien, porté par un optimisme qui tient de l’acte de foi, car, côté emplois, c’est très vite plutôt galère !
Trouver une activité rémunérée à sa juste valeur est carrément compliqué et, à moins d’accepter des stages sous-payés, la réalité révèle très vite ses failles : la précarité, l’exploitation, l’abus sous toutes les formes. Il n’y a pas de taux horaire minimum, pas de couverture sociale, se soigner coûte un bras et la cohabitation est plus que nécessaire pour payer un loyer. Alors Margaux déchante : Berlin n’est pas l’Eldorado, surtout quand elle s’y trouve, en 2013. Depuis, pourtant, les choses ont un peu changé, ce que précise le dossier final qui rappelle que le salaire minimum est finalement entré en vigueur au 1er janvier 2015, comme il rappelle les chiffres du chômage local ou le poids des minijobs.
Margaux révise ses jugements, réajuste ses ambitions mais n’en reste pas moins amoureuse de la ville et, à la lecture de l’album, grâce aux dessins tout en finesse d’Alberto Madrigal, grâce à ses couleurs d’une grande douceur, le charme de la ville opère aussi sur nous… On la trouve aussi séduisante que trompeuse, aussi passionnante que menteuse. On sent bien qu’elle mérite le voyage !
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Berlin 2.0 » par Alberto Madrigal et Mathilde Ramadier
Éditions Futuropolis (18€) – ISBN : 978-2-7548-1146-0